Daniel Verbrackel Natura4ever Roubaix Lille Metropole | © France Bleu
Nous sommes à l’orée de la saison 2019. Une intersaison quelque peu chaotique. Que pouvez-vous nous en dire ?
Un peu chaotique, en effet. Nous avions formalisé assez rapidement un partenariat avec une entreprise des Hauts-de-France. Malheureusement, le partenaire s’est désengagé. Il a fallu réagir très rapidement pour pouvoir monter notre dossier DNCG. On sera épaulé de Natura 4Ever, dirigé par un ancien coureur des Hauts-de-France, qui est venu à notre secours. On le remercie, car cela nous permet de repartir sur une treizième saison à l’échelon continental.
Vous avez eu des doutes, des craintes, de ne pas pouvoir continuer ?
On a eu des moments de doutes, mais on a reçu des soutiens. Nos voisins de la Cofidis se sont intéressés à nous. Ils ont été très contents de cette formalisation avec Natura 4Ever. On s’est penché sur notre cas, on interpèlle un petit peu. On fait de la bonne formation. On a réussi à monter des coureurs au niveau Continental, voire Conti Pro ou World Tour avec Rudy Barbier. C’est du bon travail.
Justement, dans ce cas là, comment réagissent les coureurs ?
Il y a de la solidarité, mais bon, la solidarité n’amène pas l’argent. On a eu énormément de messages de soutien. Ca a certainement pesé dans la balance. Une belle solidarité s’est manifestée pour ne pas voir le Lille-Roubaix Métropole disparaître.
A l’image de votre voisin du LOSC en football, vous allez peut-être flamber cette saison après un exercice 2018 difficile..
C’est toujours le but. Nous sommes actuellement en stage. On va enchaîner dans la foulée avec le Grand Prix La Marseillaise le 3 février. Les coureurs se préparent correctement avec un effectif pas tellement renouvelé. Seulement quatre coureurs sont venus nous rejoindre. Il y a notamment Thibault Ferasse, Thomas Vaubourzeix et Christophe Masson. Ca va le faire cette saison, avec nos dix coureurs. Comme nos homologues de St Michel Auber 93, on part avec dix éléments.
Quelles sont vos ambitions pour 2019 ?
Il y a toujours l’objectif de la formation, pour que nos coureurs puissent intégrer d’autres structures supérieures. Le principal objectif est de briller sur notre Tour de France à nous, les 4 Jours de Dunkerque. Et puis sur le Championnat de France avec Julien Antomarchi. En tout cas, l’objectif est de faire aussi bien voire mieux que l’année passée.
Effectif de Roubaix Lille Metropole pour 2019 | © Laurent Sanson
Comment vivez-vous cette réforme de l’UCI ?
C’est un nouveau challenge pour nous. Une équipe comme la nôtre peut intéresser une équipe de niveau supérieur dans le cadre de la réforme du cyclisme. Je ne vous cache pas que des contacts ont été pris avec une équipe voisine, Cofidis. La balle est désormais dans leur camp. Tout dépend de leur projet. Nous avons eu une première réunion, nous sommes à leur écoute et prêts à répondre à leurs attentes. On verra bien ce que ça donnera. L’idéal serait que cette collaboration se formalise.
On a vu des organisateurs qui s’inquiétaient pour l’avenir à l’image de celui du Tro Bro Léon, du côté des équipes, êtes-vous également inquiet ?
C’est vrai qu’il y a une inquiétude à avoir car toutes les équipes World Tour devront avoir au minimum une équipe Continentale. Pour les organisateurs, ce n’est pas forcément facile non plus. Je le vois avec le Paris-Roubaix espoir. Il y aura 18 équipes World Tour et leur équipe continentale affiliée. Ca laissera très peu de place pour les autres équipes françaises. Cette réforme est encore assez confuse, donc les organisateurs peuvent être inquiets.
Vous êtes une équipe aux multiples facettes. Il se murmure qu’il pourrait y avoir la création d’un Paris-Roubaix féminin, quel est votre ressenti par rapport à cela ?
C’est dans l’ère du temps. C’est ce que souhaite l’UCI également. J’ai eu des dirigeants d’ASO au téléphone dans le cadre de l’organisation de Paris-Roubaix, c’est aussi un budget à rassembler. C’est pratiquement un demi million d’euros pour organiser une épreuve pareille. De notre côté, nous avons le Paris-Roubaix juniors qui fonctionne bien et qui colle à l’esprit formateur que l’on développe. Nous sommes prêts à aider ASO sur un Paris-Roubaix féminin qui est très tendance, pourquoi pas. Il faut tout de même voir les retombées médiatiques que la course engendrerait. Le cyclisme féminin est en plein développement.
Pour vous, quel serait le calendrier idéal pour le lancement de cette épreuve ?
C’est ASO qui décidera. Mais il y a une année de travail. 2020, si financièrement c’est intéressant pour tout le monde. Ils devront s’investir plus pour le cyclisme féminin.
Nous sommes ici à VéloFollies. L’occasion de faire un petit clin-d’oeil à vos partenaires. Quels sont les changements pour 2019 ?
Nous continuons avec Lapierre et Shimano France, avec Continental également. Pour les casques, Abus nous a rejoint. Ca nous fait extrêmement plaisir, puisque Abus est partenaire en World Tour avec Movistar. Et désormais avec Roubaix pour une équipe professionnelle française. Une bonne nouvelle pour nous. On a plus qu’à être Champion du Monde (rires). Mais on peut tout de même être Champion de France. Les équipes Continentales peuvent y prétendre. Pour revenir sur les partenaires, Velox nous a rejoint, ils sont ici présents. D’ailleurs, nous sommes venus saluer dans cette Mecque du cyclisme à Courtrai, tous nos partenaires qui y sont acteurs.
Vélo Lapierre de Roubaix Lille Metropole | © Laurent Sanson
L’arrivée de Natura 4Ever vous permet-elle de passer un cap ? Comment vous situez-vous d’un point de vue budgétaire et ambitions ?
Nous avons signé pour une année avec une option de trois années supplémentaires. Pour l’instant, Natura 4Ever nous permet de repartir avec les mêmes budgets. Leur arrivée a permis de combler le déficit du partenaire précédent. Certes, on a des ambitions, mais l’ambition principale reste de devenir la réserve d’une équipe World Tour.
Quelle est la part du budget entre financement privé et public, grâce aux collectivités ?
L’équipe Continentale fonctionne avec un million d’euros, ce qui est le plus petit budget des équipes professionnelles françaises. Concernant la répartition des budgets, on doit être sur du 65-35 en faveur des collectivités territoriales. On essaye de diminuer ce ratio.
Comment réagit la région des Hauts-de-France vis-à-vis des réformes d’Etat ?
Il y a des barèmes qui sont pré-établis. Nous sommes une équipe Continentale, on sait quelle somme d’argent nous est allouée à l’avance. Par rapport à la métropole européenne et la ville de Roubaix, c’est pareil. On a des subventions constantes, qui ne progressent pas et qui sont ancrées. Mais c’est à nous, de notre côté, d’augmenter notre budget en cherchant des partenaires privés. Cela a un côté professionnalisant.