Ce qui ne devait être qu’un simple incident, sans véritable conséquence à long terme, prend des proportions inattendues. Les quatre points de suture posés à Nacer Bouhanni (Cofidis) à la suite d’une altercation avec quatre individus alcoolisés à la veille du Championnat de France ne devaient pas l’empêcher de voir le Mont-Saint-Michel et le Grand Départ du Tour. Du moins en théorie. Et pourtant… La nouvelle de son forfait est arrivée dans le courant de la matinée, bouleversant complètement les plans de la formation nordiste qui s’était largement bâtie autour de son sprinteur, vainqueur d’étape à Paris-Nice et au Critérium du Dauphiné.
Comment en est-on arrivé là alors qu’au lendemain de cette altercation, Nacer Bouhanni enfourchait son vélo pour disputer le Championnat de France sur le difficile circuit de Vesoul, allant même jusqu’à s’autoriser quelques apparitions en tête de peloton ? Le bandage sur la main droite ne semblait pas gêner outre-mesure le leader de l’équipe Cofidis qui abandonnait à trois tours du terme sur un circuit qui ne lui convenait guère. En l’espace de 48 heures, ce qui semblait saugrenu s’est imposé comme une évidence. L’état de Nacer Bouhanni s’est dégradé, l’obligeant à consulter au CHU de Nancy. Les médecins ont alors eu la mauvaise surprise de découvrir « que la plaie avait mal été prise en charge », selon la formule utilisée par son équipe. Par conséquent, l’opération était devenue nécessaire et est intervenue hier vers 18h.
Impossible dès lors de penser au Tour de France pour Nacer Bouhanni qui verra la Grande Boucle depuis son canapé. Un nouveau chapitre dans l’histoire mouvementée qu’il connaît avec le grand événement de juillet. Contraint à l’abandon sur le Tour 2013, son premier, en raison de problèmes gastriques, non-retenu dans l’équipe FDJ en 2014, il avait quitté la Grande Boucle sur une route humide du Nord entre Amiens et Arras l’an dernier.
Son sprinteur étant contraint de passer son Tour, l’équipe Cofidis doit revoir ses plans. La solution de rechange semble toute trouvée. C’est sur ses coureurs de classements généraux que la formation nordiste s’appuiera. Daniel Navarro et Arnold Jeannesson auront la lourde tâche d’emmener un collectif qui s’était construit autour de son sprinteur. Le remplacement de Nacer Bouhanni par un grimpeur, Nicolas Edet, vient renforcer le groupe de montagnards. Le moral de l’équipe est atteint, mais Cofidis prévient : « La volonté et la détermination de l’équipe restent intactes quant à l’objectif d’une victoire d’étape. » La formation nordiste n’a plus goûté à cette joie depuis 2008 quand elle s’était imposée sur les routes du Tour par deux fois, avec Samuel Dumoulin à Nantes et Sylvain Chavanel à Montluçon.