Eusebio, quel bilan tirez-vous de ce Tour de France pour l’équipe Movistar ?
Nous étions partis dans ce Tour avec l’idée de lutter pour le classement général. Comme tous les ans, quelqu’un qui a la malchance, des chutes, ne peut pas remplir cet objectif. Nairo Quintana et Mikel Landa sont tombés tous les deux et ils n’ont pas pu faire une performance sportive à la hauteur de ce qu’ils espéraient. Mais je suis très content du comportement général de l’équipe, nous avons essayé de mettre tous les jours les Sky en difficulté. Mais c’était impossible.
Vous diriez que vos leaders sont arrivés dans les Alpes déjà fatigués par le rythme de la première semaine ?
Non, je crois que non. Mais Landa est tombé le jour des pavés, et je crois que cela a été préjudiciable pour le reste de son Tour. Dans les Alpes, il a eu du mal et dans les Pyrénées il avait récupéré, il a fait deux grandes étapes mais dans les Alpes c’est vrai que ni Nairo ni Mikel n’étaient à leurs véritables niveaux. Les chutes, la chaleur durant trois semaines, c’est peut-être aussi à cause de cela. Mais ce n’est pas facile de trouver des explications.
Au départ, votre stratégie était d’avoir deux leaders, Nairo Quintana et Mikel Landa ?
Oui, nous sommes partis comme ça. La course a montré que c’était le cas pour d’autres. LottoNL-Jumbo avait aussi deux leaders qui luttaient pour le général, mais ils n’avaient pas la mentalité pour démonter la dictature des Sky. Nous avons été les seuls, avec Ag2r, à essayer d’attaquer. Mais ça roulait trop vite, Sky contrôlait trop la course.
On voit que les quatre premiers du général sont tous des gros rouleurs, est-ce que cela veut dire que Nairo Quintana ne va pas pouvoir gagner le Tour à l’avenir ?
C’est vrai, les quatre premiers sont des rouleurs, qui montent très bien, qui sont peut-être un peu trop statiques, qui ne privilégient pas l’attaque. Mais je comprends cette stratégie avec des coureurs performants au contre-la-montre.
Votre équipe, pour la Vuelta, tournera autour de quel leader ?
Normalement, ce sera Nairo ou Mikel, qui devraient faire le général. Nous verrons qui seront les coureurs qui formeront l’équipe et l’état de forme de chacun pour décider. La Vuelta, normalement, c’est le deuxième Grand Tour de la saison pour presque tous les favoris. J’espère qu’ils pourront récupérer suffisamment du Tour et que tous les deux feront une belle Vuelta.
Et qu’en sera-t-il d’Alejandro Valverde ?
Alejandro, comme toujours, sera sur la Vuelta mais l’idée ne sera pas de faire le général avec lui.
Selon vous, est-ce que le fait qu’il y ait eu huit coureurs par équipe a changé quelque chose ?
Vous avez vu que cela n’a pas changé. Sky a encore cadenassé la course, peut-être encore plus. Quand tu pars avec huit coureurs, et que tu as la malchance de perdre trois coureurs… Je crois que le cyclisme devrait essayer un nouveau système, moderne, une nouvelle idée, changer quelques concepts.
Vous pensez à quoi ?
Pourquoi ne pas avoir un remplaçant, pourquoi pas… Ce serait une possibilité pour tous de partir chaque jour avec les mêmes conditions que les autres équipes. Surtout pour maintenir un peu le spirit des équipes. Perdre un coureur, c’est perdre beaucoup. C’est difficile de voir la table avec une chaise vide.
Qu’avez-vous pensé de l’étape de 65 km avec l’arrivée au col du Portet ?
Je crois qu’il y a une obsession pour convertir chaque étape en gros spectacle. Dans cette nouvelle version télé, où toutes les étapes sont retransmises en intégralité et en direct… C’est bien pour voir le spectacle, mais les coureurs qui roulent à bloc pendant deux cents kilomètres n’ont pas la possibilité d’y arriver. Des étapes de 220 kilomètres, toutes plates, ne sont pas nécessaires dans le cyclisme moderne. Pour moi, c’était une bonne idée, dans le sens où c’est une nouveauté qui a été trouvée. Et je crois que nous avons eu un beau spectacle.
Et en plus vous avez gagné cette étape là…
Oui c’était pour nous une belle récompense, et du départ à l’arrivée, durant deux heures et demi il y a eu des attaques et je crois que c’est bien.