Les sprinteurs ne conserveront pas un souvenir impérissable de la Galice, région d’accueil du Grand Départ du Tour d’Espagne. Et pour cause, ceux qui concoctent le tracé explosif de la Vuelta les ont écartés des débats. Au moins jusqu’à demain. Mais à ce moment-là l’ancre sera levée pour de bon et le tour de la péninsule hispanique commencera véritablement. Aux deux arrivées en bosse des jours derniers, qui ont servi les intérêts de Nicolas Roche (Team Saxo-Tinkoff) dimanche à l’Alto do Monte da Groba puis de Christopher Horner (RadioShack-Leopard) hier au Mirador de Lobeira, s’en ajoute une troisième aujourd’hui entre Lalin et Fisterra (189 km), nettement moins sélective, mais tout aussi pesante pour des purs sprinteurs devenus une espèce rare et plus tellement protégée sur les éditions modernes de la Vuelta.
La parole, une fois encore, sera donnée à l’audace. Une qualité qui sied bien à Nicolas Edet (Cofidis). Comme l’avait été son coéquipier Cyril Bessy hier, le Sarthois est de la bonne échappée, celle qui prend forme après 9 kilomètres et que composent le Danois Alex Rasmussen (Garmin-Sharp), le Belge Dennis Vanendert (Lotto-Belisol), le Finlandais Jussi Veikkanen (FDJ.fr) et le Suisse Danilo Wyss (BMC Racing Team). On a baptisé cette quatrième journée de course l’étape de la fin du monde. Il ne s’agit en aucun cas d’un funeste augure. Ici la course met le cap sur l’extrémité occidentale de l’Espagne, Fisterra en galicien, Finisterre en castillan, un promontoire de granite coiffé d’un phare qui servira de guide cet après-midi aux coureurs qui s’avanceront vers la ligne d’arrivée. Ce que font nos cinq de tête.
La route est encore longue et casse-pattes en direction de la côte atlantique, alors le peloton accepte de donner un peu de marge aux échappés, qui profiteront d’une avance maximale de 7’20 ». Mais elle est surtout compliquée par le franchissement à 35 kilomètres du but du Mirador de Ezaro, un mur abrupt de 1900 mètres de long pour 13,1 % de dénivellation dont la pente atteint les 30 % à l’endroit le plus brutal. Le Tour d’Espagne avait découvert cette abomination topographique il y a un an, y plantant sa ligne d’arrivée, ce qui avait fait les affaires de Joaquim Rodriguez (Team Katusha). Cette fois la course se « contentera » de franchir l’obstacle sans s’y attarder, invitant les favoris à la prudence plus qu’à l’offensive, un mot d’ordre passé en revanche aux mercenaires visant la victoire d’étape sur ce parcours ouvert à bien du monde.
Une micro-cassure permet à Vincenzo Nibali de reprendre le maillot rouge.
Les rampes du Mirador de Ezaro disloquent le groupe de tête. Rasmussen, Vanendert, Veikkanen et Wyss lâchent prise tandis que Nicolas Edet insiste seul pour succéder à Joaquim Rodriguez au palmarès des coureurs ayant franchi le sommet en tête. Mais pour gagner l’étape comme l’avait fait le Catalan, il faudra faire 35 kilomètres de plus. Du peloton qui s’est grandement rapproché dans l’ascension, de nouveaux coureurs sont sortis pour venir s’associer à l’échappé matinal : José Herrada (Movistar Team), Dominik Nerz (BMC Racing Team), Luis-Leon Sanchez (Belkin), Amets Txurruka (Caja Rural) et Angel Vicioso (Team Katusha). De gros clients que le peloton n’est pas enclin à laisser filer comme ça. Les cinq coureurs rentrés se relèvent, Nicolas Edet insistera seul jusqu’à 15 kilomètres de l’arrivée.
Si le Mirador de Ezaro n’a pas suffi à écrémer suffisamment le peloton, bien malin qui peut avancer le nom du vainqueur de la quatrième étape du Tour d’Espagne quand la course, après avoir rejoint le rivage atlantique, s’engage à l’assaut du Cap Finisterre. La montée finale n’est pas bien dure, 2,5 kilomètres à 3,6 % tout au plus, mais elle suffira à écarter nombre de finisseurs. Il y a un coup à tenter. En solitaire comme le fait une fois encore Juan-Antonio Flecha (Vacansoleil-DCM), déjà à l’attaque dans la côte d’arrivée hier, ou en costaud comme l’applique Daniel Moreno (Team Katusha), sans doute plus disposé à tirer son épingle du jeu que son leader Joaquim Rodriguez sur ce type de profil. Quand le vainqueur de la Flèche Wallonne démarre à 400 mètres de la ligne d’arrivée, la décision est faite. Personne ne lui repassera devant avant la ligne.
A Fisterra, à l’heure où le soleil décline vers l’océan, Daniel Moreno devance Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard) et Michael Matthews (Orica-GreenEdge), qui précèdent un peloton encore bien garni mais dont le manque de vigilance d’un coureur entraîne l’enregistrement d’un écart après la 21ème position. Le petit trou laissé n’est pas tout à fait sans conséquence puisqu’il donne lieu à une différence de 6 secondes. Le porteur du maillot rouge Christopher Horner ayant pris la cassure, il cède cette mince différence à Vincenzo Nibali (Astana), que revoilà en rouge sans l’avoir encore cherché. Décidément ce maillot de leader semble déjà se plaire sur les épaules du Sicilien. On est pourtant encore loin des étapes décisives de cette édition, la première étape de montagne n’intervenant que samedi.
Demain mercredi, la cinquième étape sera dessinée entre Sober et Lago de Sanabria (174,3 km).
Classement 4ème étape :
1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) les 189 km en 4h37’47 » (40,8 km/h)
2. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) m.t.
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.
6. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
7. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Warren Barguil (FRA, Argos-Shimano) m.t.
9. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) m.t.
10. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 14h15’30 »
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 3 sec.
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 8 sec.
4. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 16 sec.
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 21 sec.
6. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) à 26 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 28 sec.
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 31 sec.
9. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 42 sec.
10. Bartosz Huzarski (POL, Team NetApp-Endura) à 45 sec.
Classement par points :
1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 48 pt
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 38 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 37 pt
4. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 29 pt
5. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 28 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 26 pt
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 20 pt
8. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) 20 pt
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 17 pt
10. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 17 pt
Classement de la montagne :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 11 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 6 pt
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 4 pt
4. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 3 pt
5. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 3 pt
6. Javier-Francisco Aramendia (ESP, Caja Rural) 3 pt
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 3 pt
8. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 2 pt
9. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 2 pt
10. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 2 pt
Classement du combiné :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 6 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 11 pt
3. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 11 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 15 pt
5. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 32 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 32 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 39 pt
8. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 128 pt
Classement par équipes :
1. RadioShack-Leopard (LUX) en 41h47’01 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 5 sec.
3. Belkin (PBS) à 1’10 »
4. Team NetApp-Endura (ALL) à 1’25 »
5. Movistar Team (ESP) à 1’28 »
6. Astana (KAZ) à 2’10 »
7. Team Katusha (RUS) à 2’39 »
8. BMC Racing Team (USA) à 3’01 »
9. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 6’43 »
10. Caja Rural (ESP) à 6’59 »