Aia, Aia, Aia. Il ne s’agit pas là de l’onomatopée espagnole exprimant la douleur, mais du nom de cette cruauté du paysage basque, une route à la verticale comme née de l’écoulement d’un baril de goudron du haut vers le bas de cette verdoyante colline. Il faut avoir voulu aller au plus court pour tracer un chemin aussi raide : moins de 2 kilomètres d’ascension pour une pente moyenne à 14 % et un passage maximal à 28 %. Le Tour du Pays Basque a vu cette année en l’Alto de Aia son juge de paix. Il en est tellement tombé sous le charme qu’il en proposera cinq ascensions en deux jours, trois pour la seule étape du jour (155 km au départ d’Eibar) dans les 20 derniers kilomètres, alors qu’un contre-la-montre en côte s’y disputera demain en conclusion d’une semaine qui ne livrera son verdict qu’au tout dernier moment.
Les rampes spectaculaires de l’Alto de Aia ont de quoi faire pâlir les meilleurs grimpeurs. Ceux qui n’ont d’ores et déjà plus rien à attendre du classement général, comme Mikel Landa (Astana), distancé hier, ont tout intérêt à anticiper en partant de loin. C’est précisément ce que tente le Basque, qui n’est toutefois pas seul sur le coup. Trente coureurs partagent son plan, et il y a des costauds : Agnoli, Anton, Arredondo, Bagot, Betancur, Bono, Chérel, Conti, Danielson, De La Cruz, Dennis, Didier, Fraile, Gallopin, Hardy, Impey, Martin, Molard, Molina, Montaguti, Pires, Reichenbach, Slagter, Sörensen, Taaramae, Txurruka, Van Der Lijke, Vervaeke, Visconti et Wellens.
Autant dire que même avec un avantage passé sous la barre des deux minutes au moment de venir buter une première fois sur les pentes abruptes de l’Alto de Aia à 18 kilomètres de l’arrivée, l’échappée aura de bonnes chances d’aller au bout. De cette montée ingrate dans laquelle les coureurs se déhanchent comme des pantins désarticulés subsistent en tête Mikel Landa et Rein Taaramae (Astana), Tony Gallopin et Tim Wellens (Lotto-Soudal) et Tom Danielson (Cannondale-Garmin) après le premier passage. Si le second aura la peau de Tony Gallopin, le tout dernier permettra à Mikel Landa de gicler sous les yeux des supporters basques enthousiastes pour aller chercher l’étape-reine du Tour du Pays Basque.
Une petite minute après lui, ce sont les favoris qui s’expliquent. On aura à vrai dire surtout assisté à un marquage en règle entre les trois coureurs classés dans la même seconde ce matin, Sergio-Luis Henao (Team Sky), Joaquim Rodriguez (Team Katusha) et Nairo Quintana (Movistar Team). C’est tout juste si ces trois-là auront prêté attention à l’action menée par le champion du monde Michal Kwiakowski (Etixx-Quick Step) dès la première ascension d’Aia. Le Polonais, qui accuse un retard plus important que les autres favoris dans la perspective d’un contre-la-montre final qui pourrait pourtant faire son jeu, saute sur les lâchés de l’échappée matinale, y retrouve le soutien de Tony Martin, mais ne parvient pas à creuser l’écart et est repris par le peloton au pied de l’ultime ascension vers l’Alto de Aia.
Simon Yates (Orica-GreenEdge), lui, aura plus de réussite. Le Britannique de 22 ans se dégage dans les rampes les plus abominables pour réaliser une bonne petite opération. En reprenant 3 secondes aux leaders du classement général, il remonte au 3ème rang du classement général à 7 secondes du Maillot Jaune, chassant d’un podium provisoire le Colombien Nairo Quintana, incapable de suivre l’accélération de son compatriote Sergio-Luis Henao dans les hectomètres finaux, et débiteur de 12 secondes au sommet. Henao force autant l’allure que son destin en se dégageant avec Joaquim Rodriguez, qui reste ce soir le seul coureur à sa hauteur avant l’explication à distance sur la même ascension demain, chronomètre en main.
Demain samedi, le Tour du Pays Basque se conclura par un contre-la-montre en côte dans l’Alto de Aia (18,3 km).
Classement 5ème étape :
1. Mikel Landa (ESP, Astana) les 155 km en 4h06’01 » (37,8 km/h)
2. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 3 sec.
3. Tom Danielson (USA, Cannondale-Garmin) à 16 sec.
4. Rein Taaramae (EST, Astana) à 28 sec.
5. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 38 sec.
6. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 53 sec.
7. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 56 sec.
8. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
9. Tom-Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) à 1’05 »
10. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’06 »
Classement général :
1. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) en 21h20’48 »
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
3. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 7 sec.
4. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 12 sec.
5. Michele Scarponi (ITA, Astana) à 22 sec.
6. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) m.t.
7. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 28 sec.
8. Jon Izaguirre (ESP, Movistar Team) m.t.
9. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 36 sec.
10. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.