C’était il y a sept ans déjà. Du peloton qui se précipitait sur la ligne d’arrivée de Châteauroux se dégageait un jeune sprinteur fougeux de 23 ans pour s’en aller conquérir le premier d’une longue série de succès sur les routes du Tour de France. Mark Cavendish (Etixx-Quick Step), sous les couleurs de High Road à l’époque, venait d’ouvrir un nouveau chapitre de l’Histoire en laissant derrière lui Oscar Freire et Erik Zabel, sextuple Maillot Vert du Tour. Nul ne le prédisposait pourtant à devenir, au fil des ans, le meilleur sprinteur de tous les temps. Vingt-cinq victoires jusqu’en 2013, soit autant qu’André Leducq, et une bluffante constance dans la victoire (quatre en 2008, six en 2009, cinq en 2010, cinq en 2011, trois en 2012, deux en 2013) seulement interrompue par sa chute sur le pas de sa porte à Harrogate au départ du Tour 2014.
Chez Etixx-Quick Step, on a un sacré sens de la remobilisation. Vingt-quatre heures après la gamelle qui a stoppé le Maillot Jaune Tony Martin dans son élan tandis que Zdenek Stybar s’en allait triompher au Havre, la formation belge sait qu’elle a encore d’autres défis à relever. Certes, l’absence de Tony Martin, qui a déjà entamé sa convalescence à Hambourg, loin du Tour, sera préjudiciable dimanche dans le chrono par équipes, mais Rigoberto Uran (à 34 secondes de Chris Froome, Maillot Jaune par intérim) a un vrai coup à jouer en montagne et Mark Cavendish quelques trophées à ajouter à son époustouflant tableau de chasse. A commencer aujourd’hui entre Livarot (Calvados) et Fougères (Ille-et-Vilaine), une étape de 190,5 kilomètres qui offre un cadre idéal aux sprinteurs bien mal lottis au cours de cette séquence dite de plaine et privés ensuite de terrain d’expression jusqu’à Rodez dans… une semaine !
Les routes sinueuses qui rapprochent le peloton de la Bretagne, où il bouclera ce week-end sa première semaine de course, les coureurs de Bretagne-Séché Environnement les connaissent bien. La formation d’Emmanuel Hubert a fait le choix de ne pas aligner de sprinteur sur cette 102ème édition. Elle tentera donc de proposer une alternative à une arrivée massive en mettant à profit sa connaissance du terrain pour y envoyer deux hommes, Anthony Delaplace et Brice Feillu, dans l’échappée qui se dégage à la sortie de Livarot et que rejoignent Kristijan Durasek (Lampre-Merida), Luis-Angel Mate (Cofidis) et Daniel Teklehaimanot (MTN-Qhubeka), encore lui. L’Erythréen met un point d’honneur à défendre le maillot à pois conquis hier en accrochant le seul petit point mis en jeu en haut de la côte de Canapville, haut-lieu de Paris-Camembert.
La Grande-Bretagne conquiert la (petite) Bretagne.
Pas de quoi en faire tout un fromage, il en faudra plus à Daniel Teklehaimanot pour préserver son maillot à pois quand les choses se corseront dans les Pyrénées, voire tout aussi vraisemblablement demain à Mûr-de-Bretagne. En attendant chacun défend son territoire et le petit point chipé à André Greipel (Lotto-Soudal) par Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) au sprint intermédiaire d’Argentan ne permet pas encore au Slovaque de troquer le maillot blanc pour le maillot vert ramené à Paris ces trois dernières années. Pas plus que pour le maillot jaune dont les places d’honneur à répétition (2ème à Zélande, Amiens et au Havre, 3ème à Cambrai et Fougères) l’en rapprochent, 2ème du classement général ce soir à 11 secondes, mais que l’arrivée à Mûr-de-Bretagne demain ne devrait pas permettre d’exaucer son rêve dès cette année.
Rêver, le peloton ne l’aura jamais permis aux cinq échappés du jour sur les routes du Grand Ouest. Anthony Delaplace, Kristijan Durasek, Brice Feillu, Luis-Angel Mate et Daniel Teklehaimanot n’auront jamais bénéficié d’une avance substantielle. Les uns après les autres, ils sont rejoints par le peloton qui, pour la première fois, se dirige en masse vers un rush final, quand le sprint de Zélande n’avait concerné qu’une vingtaine de coureurs dimanche et qu’un peloton coupé en deux s’était présenté à Amiens mercredi. A 11 kilomètres de l’arrivée, on ne trouve plus personne pour s’opposer à une explication d’égal à égal entre les meilleurs sprinteurs. Parfaitement lancé mais incapable de mettre en route, Alexander Kristoff (Team Katusha) est très vite effacé par un André Greipel débordant de confiance. Mais le Maillot Vert est remonté sur son côté droit par un sprinteur déterminé à renouer avec la victoire sur le Tour : Mark Cavendish.
Vingt-six victoires d’étapes, c’est le score qu’affiche le compteur de celui qu’il convient désormais de définir comme le meilleur sprinteur de tous les temps sur le Tour de France. Et le troisième coureur le plus victorieux à deux longueurs de Bernard Hinault, quand le Cannibale Eddy Merckx a encore de beaux jours devant lui avec ses trente-quatre victoires d’étapes. Ce soir, la Grande-Bretagne conquiert la (petite) Bretagne puisqu’au retour victorieux de Mark Cavendish s’ajoute la reprise du maillot jaune par Chris Froome (Team Sky), qui avait eu le bon sens d’en refuser le port ce matin alors que Tony Martin était non-partant. L’Anglais va désormais devoir défendre sa seconde peau puisque les favoris sont à nouveau invités à s’expliquer demain à Mûr-de-Bretagne… et pour les cinq étapes à venir.
Demain samedi, il faudra avoir du punch dans la huitième étape courue entre Rennes et Mûr-de-Bretagne (181,5 km), avec une arrivée en côte (2 km à 6,9 %).
Classement 7ème étape :
1. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) les 190,5 km en 4h27’25 » (42,7 km/h)
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
3. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
4. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
5. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
6. Arnaud Démare (FRA, FDJ) m.t.
7. Tyler Farrar (USA, MTN-Qhubeka) m.t.
8. Reinardt Janse Van Rensburg (AFS, MTN-Qhubeka) m.t.
9. Davide Cimolai (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Sam Bennett (IRL, Bora-Argon 18) m.t.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 26h40’51 »
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) à 11 sec.
3. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 13 sec.
4. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 26 sec.
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 28 sec.
6. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 34 sec.
7. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 36 sec.
8. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) à 52 sec.
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 1’03 »
10. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 1’07 »
Classement par points :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 199 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) 187 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) 151 pt
4. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 148 pt
5. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 96 pt
6. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) 63 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 58 pt
8. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 50 pt
9. Perrig Quemeneur (FRA, Team Europcar) 46 pt
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, MTN-Qhubeka) 45 pt
Classement de la montagne :
1. Daniel Teklehaimanot (ERY, MTN-Qhubeka) 4 pt
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 2 pt
3. Michael Schär (SUI, BMC Racing Team) 1 pt
4. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 1 pt
5. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 1 pt
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) en 22h13’41 »
2. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 56 sec.
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’45 »
4. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’43 »
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 6’07 »
6. Eduardo Sepulveda (ARG, Bretagne-Séché Environnement) à 9’54 »
7. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) à 11’25 »
8. Adam Yates (AUS, Orica-GreenEdge) à 12’37 »
9. Christophe Laporte (FRA, Cofidis) à 13’07 »
10. Simon Yates (AUS, Orica-GreenEdge) à 13’21 »
Prix de la combativité :
1. Anthony Delaplace (FRA, Bretagne-Séché Environnement)
Classement par équipes :
1. BMC Racing Team (USA) en 80h03’34 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 22 sec.
3. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1’44 »
4. Team Sky (GBR) à 3’38 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 5’44 »
6. Giant-Alpecin (ALL) à 5’55 »
7. Movistar Team (ESP) à 7’27 »
8. Team Katusha (RUS) à 7’56 »
9. Cofidis (FRA) à 8’10 »
10. Cannondale-Garmin (USA) à 9’00 »