Ce matin, au cœur du village départ du Tour de France à La Mure, les hommes de Mavic seront de noir vêtu. Non pas que la marque française ait décidé de mettre de côté sa traditionnelle couleur jaune, mais pour célébrer le 40ème anniversaire de la présence de Mavic sur la Grande Boucle, il fallait bien faire un t-shirt spécial pour l’occasion. Leader mondial au niveau de la roue, la firme créée en 1889 est très diversifiée et propose des équipements complets tels que casques et chaussures, à destination des coureurs professionnels mais pas que. Ce qui leur permet, outre leur rôle d’assistance technique sur la plus grande course du monde, de sponsoriser des équipes telles que Cannondale-Drapac et Ag2r La Mondiale.
Jacques Corteggiani, responsable sponsoring chez Mavic, en est à son 31ème Tour de France. « L’assistance neutre est notre principal travail, affirme-t-il. Nous faisons toute la saison, du mois de février au Tour d’Oman à Paris-Tours en octobre. Nous sommes toute l’année avec les équipes, donc nous connaissons leurs équipements et leurs nouveautés. » Plutôt standardisé par le passé, l’équipement de l’assistance neutre a fortement évolué, en partie depuis l’étape du Mont Ventoux l’an dernier et les cales de Christopher Froome, non compatibles avec celles des vélos jaunes. Sur les trois voitures et le scooter utilisés sur la Grande Boucle, de petites nouveautés sont apparues cette année. « Nous avons mis des tiges de selle télescopiques pour que le vélo puisse s’adapter facilement aux différentes tailles de coureurs. Avant, nous avions des galeries en travers avec trois vélos. Cette année nous pouvons mettre six vélos donc c’est plus facile de faire du sur mesure. »
En effet, chaque coureur peut trouver chaussures à son pied avec Mavic. Les quatre types de pédales les plus répandues dans le peloton que sont Look, Shimano, Time et Speedplay sont disponibles sur les vélos jaunes. Et avec des cassettes allant de 11 à 28, toutes les demandes trouvent une réponse, en montagne comme en plaine. Petit avantage tout de même pour les leaders du général, comme le précise Jacques Corteggiani. « Nous avons un vélo réglé à la taille de Froome, avec les pédales qui conviennent. C’est la même chose pour Aru et Bardet. » Du favoritisme ? Pas du tout. « Nous sommes là pour dépanner tout le monde et ce système de tige de selle télescopique permet de s’adapter et d’être à la bonne hauteur rapidement. »
S’adapter à l’évolution du matériel du peloton, c’est un mot d’ordre chez Mavic qui s’est également penché sur l’épais dossier des freins à disques. « Nous voulions une norme pour avoir la bonne roue lorsque nous dépannons un coureur. Mais comme c’est en test, l’UCI n’a pas voulu normaliser cela, regrette le responsable sponsoring de la marque. » Ce qui rend aujourd’hui impossible un dépannage par la voiture neutre d’un coureur équipé en freins à disques. Heureusement, seul Marcel Kittel en est un fervent utilisateur sur ce peloton. « Il y a un gros rejet de la part des coureurs. Ils n’en veulent pas, ça n’apporte rien de plus. Chez les pros, il faut ralentir et non pas s’arrêter comme en VTT. Les freins à patins sont assez efficaces et les pros savent freiner. Ils n’ont pas besoin d’avoir des freins à disques. »
De plus, il est risqué d’endommager les plaquettes de freins lors d’un changement d’une telle roue. La solution serait-elle de changer directement de vélo ? « Sur une grosse chute sur le Tour de France, ou sur Paris-Roubaix où il y a de nombreuses crevaisons, il n’est pas possible de sortir avec six vélos et de les changer à chaque fois. »
Mavic, en 40 ans, a connu de nombreuses évolutions dans le matériel cycliste et a toujours su les suivre. La justification d’un partenariat qui dure. Et sur quatre décennies, forcément, il existe de grands souvenirs. « Notre fait de gloire, c’est Greg Lemond qui gagne le Tour en 1989 avec un vélo équipé tout Mavic. Il bat Laurent Fignon pour 8 secondes et son équipe termine à trois coureurs. Nous avons eu plein de victoires d’étapes, comme avec Charly Mottet à l’époque de RMO, mais la plus belle a été de gagner le Tour avec un vélo entièrement équipé en Mavic. »
Leur dernier exploit est l’œuvre de Maxime, un des nombreux techniciens de l’assistance neutre. Présent il y a dix jours dans la voiture qui suivait la tête de course en direction de Chambéry, le jeune homme est intervenu sur le vélo de Rigoberto Uran, endommagé lors de la chute de Richie Porte dans la descente du Mont du Chat. Jacques Corteggiani nous raconte son intervention.
« La patte de dérailleur était tordue et tapait dans les rayons. Quand Uran a commencé à monter les vitesses dans la dernière petite bosse, la patte frottait donc il a fait appel au service Mavic. Maxime est intervenu, s’est penché par la portière et lui a remis le dérailleur correctement. Il a ensuite préféré jouer la sécurité et rester en force plutôt que de risquer de jouer avec le dérailleur. Car si la patte casse, il ne gagne jamais l’étape. C’est un beau fait de course, un très bon moment et il nous a remercié à l’arrivée, c’était sympa de sa part. »
Le Colombien a passé la ligne en vainqueur grâce à Mavic. D’autres ont simplement passé la ligne grâce à Mavic. Comme Jens Voigt un jour de malchance. « C’est le dernier qui a franchi la ligne d’arrivée avec un vélo jaune. Ce jour là, dans les Pyrénées, il y avait des coureurs partout. Il a cassé ses deux vélo et n’en avait plus de rechange. Il a récupéré un vélo Mavic et a pu finir l’étape avec, repartir le lendemain et arriver jusqu’aux Champs-Elysées. »
En quarante ans sur les routes de France, les vélos jaune ont connu bon nombre d’histoires. « C’est la folie du vélo et la beauté du Tour, il peut tout se passer à n’importe quel moment. » Et sur la Grande Boucle, quoi qu’il se passe, Mavic sera toujours là pour les coureurs. – Adrien Godard