C’est une nouvelle qui avait pris un peu tout le monde de court il y a une semaine exactement. Une invitation en fait. Celle à assister à la tentative de record du monde de l’Heure de Matthias Brändle. Couillu, le garçon. A 24 ans, il n’a eu le déclic pour ce défi remis au goût du jour après l’assouplissement du règlement UCI en mai dernier (qui permet d’utiliser un vélo de contre-la-montre et non plus seulement un vélo de route classique) qu’après la tentative fructueuse de Jens Voigt. Le 18 septembre dernier à Grenchen, au moment de tirer sa révérence, le vétéran allemand avait porté le record à 51,115 kilomètres.
C’est cette marque que s’est mis en tête d’aller chercher Matthias Brändle lorsqu’il entre en piste, ce soir à 19h00. L’Autrichien s’y prépare depuis un mois et demi seulement. Deux tests de 45 minutes, l’un à Granges, l’autre à Aigle, qu’il a finalement retenu pour théâtre de sa tentative, ont convaincu le triple champion d’Autriche du contre-la-montre de sa capacité à améliorer le tout frais record mondial. L’anneau du Centre Mondial du Cyclisme développe 200 mètres. Il lui faudra en faire le tour 256 fois pour entrer dans l’Histoire… avant que les redoutables spécialistes du contre-la-montre que sont Bradley Wiggins, Fabian Cancellara et Tony Martin ne s’en mêlent dans les mois à venir.
A 19h00, Matthias Brändle rejoint avec une apparente décontraction son Scott Plasma 5 introduit sur le marché en juin et déjà auréolé d’un titre de champion du monde de triathlon à Hawaii. Le voilà qui fait corps avec sa machine pour une heure. L’Autrichien efface un dernier sourire, abaisse la visière de son casque, jette un œil vers le tableau d’affichage, réclame une dernière gorgée d’eau, ajuste le zip de sa combinaison, et s’arrache soudain du starting-block sous les vivas de la foule. Le voilà lancé sur les traces de Jens Voigt, ce champion qu’il a toujours admiré. Et voulu imiter, au point de gagner deux étapes succesives du Tour de Grande-Bretagne le mois dernier à la force d’échappées au long cours.
On connaît d’ailleurs davantage l’Autrichien pour ses qualités d’infatigable attaquant trop rarement récompensé que pour ses références contre la montre. N’est-il pas d’ailleurs plus à l’aise sur des chronos de courte distance que sur de longues durées, lui qui est passé à côté de son Championnat du Monde, seulement 35ème temps. Il confirme d’ailleurs rentrer rapidement dans l’allure. A Aigle, il lui faut 3’45 » pour porter sa vitesse moyenne à la hauteur du record du monde de Jens Voigt. Il ne descendra plus dès lors sous la barre des 51,115 km/h de moyenne !
Mieux, il augmente son allure durant la première demi-heure pour avoisiner les 52 de moyenne. Et même un peu plus puisqu’il atteint les 26 kilomètres en un tout petit peu moins d’une demi-heure, portant sa moyenne à mi-course à 52,140 km/h. Près d’une minute au-dessus des bases de Jens Voigt ! Mais voilà qu’il connaît une période difficile que le soutien du public (et une cinquantaine de supporters venus spécialement d’Autriche) rend imperceptible. 52,044 km/h de moyenne à la barre des 45 minutes, 51,940 à celle des 50 minutes. Matthias Brändle finit moins fort que ne l’avait fait Jens Voigt. La bouche ouverte et la langue pendante, il s’approche pourtant du record du monde de l’Heure.
L’Autrichien va atteindre la marque des 51,115 kilomètres en 59’06 ». Il lui reste alors 54 secondes pour porter le record à sa propre distance. Ce sera 51,852 kilomètres. Pour un titre de recordman du monde de l’Heure qui ne devrait plus tarder désormais à inspirer les meilleurs spécialistes du monde.