Enfin, doivent penser conjointement les sprinteurs ce matin. En quittant la Galice et ses routes propices à l’action, le Tour d’Espagne doit retrouver un peu de répit. On entame aujourd’hui la descente en trois actes seulement vers l’Andalousie, où la course ira chercher ce week-end ses premiers hauts sommets. En attendant, les trois étapes qui s’annoncent devraient pouvoir permettre aux sprinteurs de s’expliquer pour la toute première fois dans cette édition qui ne leur fera pas souvent un tel cadeau : trois occasions en première semaine, deux en deuxième semaine, deux en troisième semaine. Sept sprints au mieux pour un plateau de finisseurs bien moins alléchant que celui des Tours d’Italie et de France. Les meilleurs sprinteurs du monde, ne s’estimant pas à leur place, ont tout simplement renoncé à faire le déplacement.
Cela ne signifie pas que le peloton de la Vuelta ne regorge pas de coureurs rapides au sprint. En fait, certains ont vu là l’opportunité de se faire un nom autant qu’un palmarès. Encore méconnu à seulement 22 ans, Michael Matthews (Orica-GreenEdge) pourrait encore disputer le Tour de l’Avenir s’il n’avait pas intégré si jeune le peloton professionnel, dans la foulée du titre mondial ayant couronné sa première saison chez les Espoirs en 2010. Vainqueur d’une étape du Tour Down Under dès ses débuts dans la cour des grands, l’Australien est celui que tout le monde observe sur cette Vuelta. D’abord parce qu’il vient d’en claquer deux belles au Tour de l’Utah, en prévision de sa première participation à un Grand Tour. Ensuite parce qu’il est allé chercher hier à Fisterra la 3ème place derrière Moreno et Cancellara.
Cette prometteuse performance suffira à encourager l’équipe Orica-GreenEdge à contrôler la cinquième étape, que des baroudeurs pourraient tout aussi bien s’accaparer. A propos de baroud, il est une équipe sans qui aucune échappée ne part sur cette Vuelta. C’est la formation Cofidis. L’attaquant de service, ce matin, c’est Luis-Angel Mate. Mais sa tentative avorte rapidement, alors Nicolas Edet reprend un ticket pour un tour en tête après 5 kilomètres de course. Echappé toute la journée hier, le Sarthois a retrouvé du plaisir à rouler après trois premières étapes compliquées. Puisque les jambes répondent bien, le Français repart à l’attaque cet après-midi avec le Colombien Winner Anacona (Lampre-Merida), le Français Arnaud Courteille (FDJ.fr), l’Espagnol Antonio Piedra (Caja Rural) et le Belge Jurgen Van De Walle (Lotto-Belisol).
Michael Matthews parvient à décrocher la victoire que beaucoup entrevoyaient.
Avant que les équipes Garmin-Sharp et Orica-GreenEdge ne mettent leur holà à cette échappée truffée de garçons efficaces dans l’effort, l’écart atteint les dix minutes et demie. Cette étape qui relie Sober à Lago de Sanabria est longue de 174,3 kilomètres. Aussi les équipes de sprinteurs entrent-elles en scène à une centaine de kilomètres du but, histoire d’assurer une première opportunité de victoire pour les finisseurs présents sur cette édition. Ni les quelques gouttes de pluie qui feront leur apparition dans la dernière heure ni les routes musclées du final n’entraveront la bonne marche du peloton, qui se rapproche des cinq de tête selon un schéma écrit d’avance. Ce sont les Omega Pharma-Quick Step, avec le puissant Tony Martin, qui mettront la main à la patte pour boucher le trou aux 3 kilomètres.
Ainsi s’achève l’aventure pour Arnaud Courteille et Jurgen Van De Walle, les derniers à avoir insisté sur une action du Français à 10 kilomètres de l’arrivée. Mais ce peloton-là ne s’étant encore jamais expliqué au sprint – l’arrivée d’hier convenait tout de même mieux aux puncheurs, en atteste la victoire de Dani Moreno – une certaine hésitation le gagne. Quelques mercenaires tâchent d’en profiter : Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi) aux 2 kilomètres, Philippe Gilbert (BMC Racing Team) sous la flamme rouge. Avec à chaque fois la même réponse de leurs adversaires : non.
Ce sont donc bien les sprinteurs, pour la toute première fois, qui vont jouer des coudes à l’arrivée du Tour d’Espagne en Castille-et-Leon. Il n’y aura nul besoin de photo-finish tant Michael Matthews parvient à décrocher la victoire que beaucoup entrevoyaient pour lui ce matin. A 22 ans, le jeune sprinteur franchit la ligne devant l’Argentin Maximiliano Richeze (Lampre-Merida) et le Belge Gianni Meersman (Omega Pharma-Quick Step). Vincenzo Nibali (Astana) n’aura pas eu à se soucier de la défense de sa pole position au classement général. Maillot Rouge sans avoir cherché à l’être si tôt, comme il aime le rappeler, le Sicilien profite de cette arrivée massive et sans encombre pour préserver sur ses épaules le maillot de leader du classement général, qu’il pourrait bien emmener comme ça jusqu’en Andalousie et dans les premiers cols.
Demain jeudi, la sixième étape partira de Guijuelo pour rejoindre Caceres (175 km).
Classement 5ème étape :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) les 174,3 km en 4h28’22 » (39,0 km/h)
2. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) m.t.
3. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Nikias Arndt (ALL, Argos-Shimano) m.t.
5. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) m.t.
6. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
7. Anthony Roux (FRA, FDJ.fr) m.t.
8. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) m.t.
9. Daniele Ratto (ITA, Cannondale) m.t.
10. Grega Bole (SLO, Vacansoleil-DCM) m.t.
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 18h43’52 »
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 3 sec.
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 8 sec.
4. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 16 sec.
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 21 sec.
6. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) à 26 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 28 sec.
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 31 sec.
9. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 38 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 42 sec.
Classement par points :
1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 48 pt
2. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 41 pt
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 38 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 37 pt
5. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 33 pt
6. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) 30 pt
7. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 28 pt
8. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 26 pt
9. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 20 pt
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 20 pt
Classement de la montagne :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 11 pt
2. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 8 pt
3. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 6 pt
4. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 5 pt
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 4 pt
6. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 3 pt
7. Javier-Francisco Aramendia (ESP, Caja Rural) 3 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 3 pt
9. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 2 pt
10. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 2 pt
Classement du combiné :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 7 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 12 pt
3. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 15 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 17 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 36 pt
6. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 38 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 48 pt
8. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 135 pt
9. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 141 pt
10. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 158 pt
Classement par équipes :
1. RadioShack-Leopard (LUX) en 55h12’07 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 5 sec.
3. Belkin (PBS) à 1’10 »
4. Team NetApp-Endura (ALL) à 1’25 »
5. Movistar Team (ESP) à 1’28 »
6. Astana (KAZ) à 2’10 »
7. FDJ.fr (FRA) à 2’39 »
8. Team Katusha (RUS) m.t.
9. BMC Racing Team (USA) à 3’01 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 6’43 »