L’épilogue du Tour 2017 est proche, tout proche, mais impossible pour l’heure de clamer haut et fort le nom de celui qui hissera le vase de Sèvres dans le ciel parisien dimanche soir. Jamais, si près du but, autant de prétendants au maillot jaune ne s’étaient ainsi pressés les uns contre les autres, puisqu’ils sont quatre encore à se tenir en moins de 30 secondes. Ce qui est une broutille au vu des difficultés qu’ils ont déjà laissé derrière eux. Et un gage de spectacle de qualité en vue de celles qui vont à présent se dresser face à eux.
Car (re)voilà les Alpes et ses prestigieux sommets. Ceux qui, pour la première fois en trois semaines, vont nous faire franchir la barre des 2000 mètres. La Croix de Fer et le Galibier demain avant la plongée sur Serre Che par les grands bouts droits de la descente express du Lautaret. Le col du Vars puis celui d’Izoard jeudi, qui jouera peut-être bel et bien le rôle de juge de paix que chacun s’accordait à lui conférer dès la découverte du tracé du Tour 2017 en octobre dernier. Deux étapes alpestres majestueuses dont l’enjeu pour chacun des candidats à la victoire finale sera de gagner du terrain, suffisamment de terrain, sur l’actuel porteur du maillot jaune.
Car il ne fait aucun doute que l’avantage va à Chris Froome (Team Sky) dans la perspective du contre-la-montre individuel qui aura samedi le mot de la fin autour de Marseille (22,5 km). Et la question n’est pas tant de savoir si Fabio Aru (Astana), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) et Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac) parviendront dans les quarante-huit prochaines heures à reprendre 18, 23 ou 29 secondes au Britannique. Mais bien d’apprécier la marge de manœuvre dont chacun d’entre eux devra bénéficier pour affronter sereinement le chrono marseillais. Dès lors, il leur appartient dorénavant de trouver la faille et de l’exploiter sans autre calcul que de mettre suffisamment de temps de leur côté. A moins que Chris Froome ne se charge en personne de mettre fin à ce suspense qui l’incommode forcément un peu.
Soyons-en sûrs, le Maillot Jaune ne se gênera pas pour ça (c’est d’ailleurs tout ce qu’on attend d’un Maillot Jaune). Et il l’a rappelé en mettant lui-même le feu aux poudres dans une seizième étape venteuse qui n’avait rien de la banale journée de transition qu’on voulait nous faire croire. Entre Le Puy-en-Velay et Romans-sur-Isère (165 km), les rafales attendues dans la vallée du Rhône annonçaient une journée à forte tension. Les candidats à l’échappée matinale n’avaient pourtant pas manqué, mais le peloton avait rapidement opposé son veto. Surtout, la mise en route délicate de Marcel Kittel (Quick-Step Floors) avait donné une sacrée raison au Team Sunweb de Michael Matthews de sonner la charge plus vite que prévu. Ainsi le peloton filait grand train vers l’autre rive du Rhône, où l’on voyait le match pour le maillot vert se relancer.
Car avant d’aller chercher au sprint sa seconde victoire d’étape sur ce Tour de France, devant Edvald Boasson-Hagen (Dimension Data) et John Degenkolb (Trek-Segafredo), Michael Matthews avait raflé les points du sprint intermédiaire. Ce qui ce soir le ramène à 29 points seulement de Marcel Kittel. Là aussi, la traversée des Alpes puis les sprints prévisibles à Aix-en-Provence vendredi et Paris dimanche sauront donner du piquant à une course qui n’en manque pas.
En matière d’animation le final vers Romans-sur-Isère aura été à la hauteur des attentes. A 15 kilomètres de l’arrivée, alors que le vent balottait le peloton au gré des multiples changements de cap, Chris Froome et les Sky forçaient admirablement l’allure. Aucun des trois grimpeurs qui lui collent aux basques n’allait se faire prendre au piège téléphoné de sa formation, mais le Maillot Jaune ne renonçait pas pour autant à creuser des différences sur les hommes du Top 10 moins bien lotis. Ainsi Dan Martin (Quick-Step Floors) et Louis Meintjes (UAE Team Emirates) allaient concéder 51 secondes aux vingt-huit coureurs qui composaient le peloton de tête dans les 15 derniers kilomètres. Quand Alberto Contador (Trek-Segafredo), repoussé dans un troisième groupe à 1’33 », faisait encore le yo-yo pour sortir à nouveau du Top 10 au profit de Nairo Quintana (Movistar Team), plus vigilant.
Des petits profits qui en disent long mais qui maintiennent le statu quo entre les quatre garçons sur qui se focalise désormais l’attention, alors que les Alpes les attendent demain entre La Mure et Serre Chevalier (183 km).
Classement 16ème étape :
1. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) les 165 km en 3h38’15 » (45,4 km/h)
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) m.t.
3. John Degenkolb (ALL, Trek-Segafredo) m.t.
4. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
5. Christophe Laporte (FRA, Cofidis) m.t.
6. Jens Keukeleire (BEL, Orica-Scott) m.t.
7. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) m.t.
8. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
9. Maciej Bodnar (POL, Bora-Hansgrohe) m.t.
10. Romain Hardy (FRA, Team Fortuneo-Oscaro) m.t.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 68h18’36 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 18 sec.
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 23 sec.
4. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) à 29 sec.
5. Mikel Landa (ESP, Team Sky) à 1’17 »
6. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 2’02 »
7. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 2’03 »
8. Louis Meintjes (AFS, UAE Team Emirates) à 6’00 »
9. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 6’05 »
10. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 6’16 »
Classement par points :
1. Marcel Kittel (ALL, Quick-Step Floors) 373 pt
2. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) 344 pt
3. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 204 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Katusha-Alpecin) 158 pt
5. Sonny Colbrelli (ITA, Bahrain-Merida) 143 pt
Classement de la montagne :
1. Warren Barguil (FRA, Team Sunweb) 116 pt
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) 38 pt
3. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 38 pt
4. Mikel Landa (ESP, Team Sky) 33 pt
5. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) 28 pt
Classement des jeunes :
1. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) en 68h20’38 »
2. Louis Meintjes (AFS, UAE Team Emirates) à 3’58 »
3. Pierre Latour (FRA, Ag2r La Mondiale) à 12’30 »
4. Emanuel Buchmann (ALL, Bora-Hansgrohe) à 18’26 »
5. Guillaume Martin (FRA, Wanty-Groupe Gobert) à 26’17 »
Prix de la combativité :
1. Sylvain Chavanel (FRA, Direct Energie)
Classement par équipes :
1.Team Sky (GBR) en 205h06’20 »
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 10’07 »
3. Trek-Segafredo (USA) à 1h03’43 »
4. BMC Racing Team (USA) à 1h09’59 »
5. Movistar Team (ESP) à 1h11’17 »