Alors que Femke Van Den Driessche, première athlète reconnue coupable de dopage technologique aux Championnats du Monde de cyclo-cross, vient d’être suspendue pour six ans, l’Union Cycliste Internationale poursuit ses contrôles de matériel sur l’ensemble des épreuves du calendrier, qu’elles qu’en soient la discipline et la catégorie. Depuis les Mondiaux de Zolder fin janvier, la fédération a notamment passé au crible 274 vélos aux Championnats du Monde sur piste de Londres, 164 au Trophée Alfredo Binda, 216 au Tour des Flandres, 232 sur Paris-Roubaix, 173 à Liège-Bastogne-Liège Espoirs ou encore 507 au Tour de Romandie ! Pas un seul vélo n’a fait l’objet d’une quelconque fraude technologique.
Et tandis que de nouvelles suspicions ont récemment été brandies sur Stade 2 par une équipe de journalistes investigateurs, qui préconisait l’utilisation d’une caméra thermique pour mieux détecter d’éventuelles utilisations frauduleuses en course, la fédération internationale a jugé bon de clarifier ses choix quant à la méthode de détection retenue. « Ces deux dernières années, nous avons réalisé des investissements considérables pour trouver une méthode de contrôle des vélos à la fois souple d’utilisation, fiable, efficace, rapide et facile à mettre en œuvre, rappelle le président de l’UCI Brian Cookson. Nous avons consulté des experts dotés d’expériences professionnelles très variées et avons travaillé avec les meilleures technologies disponibles. Notre capacité à réaliser des contrôles fiables sur autant de vélos a transformé notre travail dans ce domaine. »
La nouvelle méthode de scannage employée depuis le début de la saison utilise une tablette, un boîtier, un adaptateur et un programme développés pour l’occasion. Elle permet à l’opérateur de contrôler un vélo complet (roues, cadre, groupe et autres composants) en moins d’une minute. Concrètement, le scanner crée un champ magnétique, et la tablette détecte ensuite toute interruption de ce dernier qui serait causée par la présence d’un moteur, d’un aimant ou d’un objet solide comme une batterie dissimulée dans un cadre ou un composant. En cas d’anomalie, le vélo ou le composant est démonté pour inspection. C’est cette méthode qui a permis de démasquer le moteur caché dans le cadre de Femke Van Den Driessche aux Mondiaux de cyclo-cross.
L’Union Cycliste Internationale assure aujourd’hui que d’autres systèmes ont été mis à l’épreuve, mais que ces options se sont avérées beaucoup moins efficaces. C’est le cas notamment pour les rayons X, dont la technologie s’est avérée trop complexe pour un matériel coûteux, encombrant et trop lent. C’est le cas également pour les ultrasons, qui se sont révélés inefficaces en raison de l’épaisseur et de la densité très différentes des cadres des vélos et de leurs composants. C’est le cas enfin pour l’imagerie thermique, testée au tout début et pour laquelle la fédération coupe court aux affirmations du reportage diffusé le 17 avril dernier sur Stade 2.
« Dans certains conditions, l’imagerie thermique peut en effet détecter un moteur, indique l’UCI. Mais ce n’est possible que lorsque le moteur est utilisé ou vient de l’être, et qu’il est encore chaud. Cela rend les contrôles effectués avant ou après les courses inefficaces. L’imagerie thermique captera aussi des signaux de chaleur en provenance d’autres sources, notamment le corps du coureur, la chaleur générée par la friction mécanique et celle des pneus quand ils sont chauds. Les traces de chaleur montrées dans le documentaire correspondent à une chaleur normale pour des éléments mobiles. Il est en outre simple et bon marché d’installer des dispositifs efficaces isolant la chaleur qui rendent ce genre de tests inefficaces. »
Et Brian Cookson de conclure : « nous continuerons à effectuer un grand nombre de contrôles dans toutes nos disciplines, pour assurer que toute personne qui serait tentée de tricher de cette façon sache que la probabilité de se faire prendre est très élevée ».