Quel bilan tires-tu de ta saison 2018 à la BMC ?
Elle avait vraiment bien commencé, j’échoue de peu au podium à Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Je sentais vraiment que la forme était bonne et je me fais reprendre à plus ou moins 100 mètres de la ligne d’arrivée. Ensuite le mercredi d’après sur Nokere Koerse, je fais une bonne course, j’étais à l’attaque et sentais que les sensations étaient très bonnes et malheureusement après l’arrivée j’ai été percuté par une voiture, 20 minutes après la course. Et je me suis cassé le scaphoïde, ça a vraiment perturbé mon début de saison et j’avais les classiques comme objectif, dès lors l’équipe et moi avons voulu que je revienne trop tôt, finalement pour la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège et le Giro alors qu’une semaine avant la Flèche Wallonne j’étais encore plâtré. Donc c’était vraiment trop rapide, j’ai fait 15 jours au Giro complètement malade et vidé et l’ai vraiment payé sur la fin de ma saison, car je n’ai jamais vraiment pu retrouver toute ma forme et surtout dû au fait que l’équipe ne m’a pas donné un bon programme non plus. J’ai fini la saison avec 45 jours de course au total en trois périodes ce qui est beaucoup trop peu pour pouvoir performer. La saison n’a pas vraiment bien commencé et n’a pas été bonne en général.
Les moyens n’ont pas été mis en œuvre du côté de la BMC pour que tu puisses réellement performer ?
Oui, on a vraiment voulu me remettre trop tôt dedans surtout par un grand tour et y’a eu un petit bémol que l’équipe n’a pas bien géré, ce sont les jours de course dans la saison. Beaucoup de coureurs se sont plaints de ça et il n’y avait pas assez de jours de course sur l’année. La saison avait bien débuté et j’étais confiant pour aller chercher un bon résultat mais tout a foiré.
Quels sont néanmoins les points positifs, les avantages qu’il y a à évoluer dans une équipe de ce rang ?
J’ai fait 2 ans et demi déjà chez la BMC Développement et j’y ai déjà pas mal appris car ça fonctionnait déjà comme une équipe pro et ensuite j’ai fait 3 ans chez les pros et là- bas j’ai appris beaucoup car j’ai côtoyé les plus grands coureurs du peloton, j’ai été à leurs côtés pour les servir. C’est quand même une bonne période, j’ai eu l’expérience du maillot de leader à la Vuelta, au Giro donc ça fait quand même beaucoup. J’ai appris comment gérer sur un grand tour quand tu as un maillot de leader dans l’équipe. Et sur les classiques j’ai été parmi les coureurs comme Van Avermaet, Gilbert, Hushovd donc de grands coureurs avec beaucoup d’expérience qui ont su m’apprendre beaucoup de choses et maintenant je vais en tirer profit et je vais pouvoir rouler pour moi chez Wanty – Groupe Gobert.
Loïc Vliegen avec le maillot Wanty – Groupe Gobert | © Facebook Loïc Vliegen
Tu es à un tournant de ta carrière, entre la phase d’apprentissage et le moment où tu vas mettre en application ?
Oui, c’est ça. C’était vraiment aussi ce que je recherchais à 25 ans, de pouvoir trouver une équipe qui puisse me permettre de rouler beaucoup plus pour moi et d’avoir un beau programme sur toute une saison. Même si c’est une équipe continentale, je pense que la Wanty à un programme de courses très élargi, très élaboré avec pas mal de jours de course sur une saison et ça va permettre de ne pas rester sur des périodes trop longues sans compétitions comme je l’ai vécu chez BMC. Ça va être plus régulier sur la saison pour courir, il va y avoir le Tour de France donc j’espère pouvoir faire le Tour après avoir fait le Giro et la Vuelta. J’ai des ambitions sur certaines étapes que je pourrais quand même étudier, j’aimerais aussi y aller sans l’objectif de faire des échappées pour montrer le maillot mais pour faire des résultats. Maintenant c’est un tournant de ma carrière en espérant me lancer maintenant en ayant l’expérience de la BMC et performer grâce à ça.
Quels ont été les autres motifs de ton départ de la BMC pour aller chez Wanty – Groupe Gobert ?
J’avais vraiment 3 proposition concrètes. Je pouvais rester à la BMC, aller chez Lotto Soudal ou chez Wanty – Groupe Gobert. C’étaient trois propositions que j’avais et je n’étais pas sans rien, j’avais vraiment le choix de faire ce que j’avais envie de faire mais j’ai choisi l’équipe Wanty parce que j’avais la possibilité d’être là-bas le leader sur les classiques et vraiment avoir mon mot à dire sur mon programme. Ils m’ont donné l’envie de signer parce qu’ils veulent me donner ma chance et puis c’est une équipe Wallonne, plus familiale, des sponsors plus attachants qui vivent pour le vélo et ils étaient motivés pour que je vienne dans l’équipe. Le fait qu’ils aient un très beau programme tout au long de la saison a aussi motivé mon choix.
Le fait de revenir aux sources et te rapprocher des tiens a aussi joué ?
Pas vraiment, je veux dire qu’avec la BMC je n’étais pas souvent parti. Là je serais moins parti avec une équipe continentale qu’une équipe World Tour avec laquelle tu pars dans des pays lointains mais ça ne va pas trop me changer je pense. C’est vraiment que je sentais une envie de l’équipe et des sponsors à m’avoir dans l’équipe en tant que Wallon et je suis très content de faire partie de la famille Wanty !
Loic Vliegen | © Facebook Loïc Vliegen
Tu parlais de ce bon contact avec l’équipe, il y a une vraie volonté de bien faire les choses autour de toi ?
Oui, j’ai signé là-bas pour avoir une certaine liberté et je serai au départ des courses avec des ouvertures de ce côté-là. C’est sûr que sur des courses vraiment trop montagneuses je travaillerai pour Guillaume Martin qui est notre grimpeur mais pour les courses qui me conviennent j’aurai ma liberté et ce sera à moi de prouver que je peux avoir ce statut de coureur libre/leader.
L’équipe participera au Tour de France en juillet, tu as déjà couru le Giro et la Vuelta, tu espères donc pouvoir participer à la Grande Boucle ? C’est aussi un peu un rêve ?
Oui, après le Giro et la Vuelta je pense qu’a 25 ans j’ai déjà une bonne expérience sur les grands tours comme je le disais avec deux fois un maillot de leader à défendre, durant 1 semaine sur le Giro donc c’est déjà une bonne expérience. Je sais comment gérer un grand tour même si je n’en ai pas fait 15 non plus mais je pense qu’à 25 ans quand t’en a déjà fait deux c’est une petite expérience et quand je vais au départ d’un grand tour je sais à quoi m’attendre donc c’est déjà un plus. Guillaume sera notre leader au général, l’équipe me laissera ma chance sur plusieurs étapes. Je serai là aussi pour l’aider à faire le meilleur résultat possible tout en jouant ma carte. Pour l’instant je me focalise sur ma préparation pour les classiques et ensuite je penserai au Tour. Je réfléchis d’abord à comment faire des bons résultats sur les classiques et arriver en forme le jour J, ensuite il y aura une autre préparation pour le Tour et il sera temps de réfléchir et de cocher des étapes.
Cette année, tu auras un programme plus conséquent de classiques, tu apprécies particulièrement ces courses ?
Oui, je suis Wallon et c’est vrai que Liège-Bastogne-Liège est une course qui me tient à cœur mais je pense faire l’impasse dessus cette année de même que la Flèche Wallonne pour vraiment plus me focaliser sur les classiques Flamandes comme en faisant l’Amstel Gold Race. C’est vraiment les courses que je vais favoriser cette année.
Avant les classiques, quelles seront tes courses de rentrée ?
Je fais au mois le Tour de Majorque, ensuite GP de Bessèges et logiquement Volta ao Algarve. Je pense que ce programme-là va me permettre d’avoir pas mal de jours de courses dans les jambes pour arriver au weekend d’ouverture en Belgique. En revanche, on n’est pas sélectionné pour Paris-Nice donc il y aura un petit trou à ce moment-là et il faudra que je réfléchisse à comment aborder ce passage pour garder un bon niveau de forme en vue des classiques de fin mars.
Loïc Vliegen | © Facebook Loïc Vliegen
Au niveau de la première partie de saison, quels vont être tes objectifs ?
Je mise sur le GP Samyn, c’est une très belle course qui se rapproche d’un parcours Flandrien, j’y ai fait 4ème il y a deux ans et j’espère cette année y aller avec l’ambition d’y gagner. Ensuite, le weekend d’ouverture j’espère pouvoir être là, jouer un top 10 et pourquoi pas mieux, je ne veux pas être trop gourmand non plus mais au moins être dans la course et dans le final et faire un bon résultat. Maintenant que je suis libre je suis vraiment à la recherche de résultats. En tant que jeune ce n’est pas évident de faire sa place dans une grosse équipe à moins d’être au-dessus du lot mais sinon tu estoujours bloqué par quelqu’un pour qui tu dois rouler.
Tu as déjà eu l’occasion de rencontrer l’équipe au travers d’un stage cet hiver ?
Pas encore, nous partons en stage bientôt. Je me suis préparé personnellement en Espagne durant plus d’un mois puisque j’ai une maison là-bas donc la préparation se passe vraiment bien et il n’y a aucun problème à déplorer. Le prochain stage viendra finir la préparation avant d’arriver sur les courses.
Concernant l’ambiance, quel est le ton ?
Je connais déjà une grosse partie de l’équipe. Nous avons déjà eu un petit Team Building où j’ai pu connaître mieux ceux que je connaissais un peu moins mais c’est quand même une équipe que je connais bien. On sent qu’il y a une bonne ambiance, plus familiale et plus soudée. Je préfère une ambiance comme celle-là plutôt que celle que j’ai connue auparavant.
Un cycliste à toujours besoin de s’améliorer, de ton côté quels sont les points que tu travailles en particulier ?
J’ai la capacité de pouvoir faire des efforts courts et intenses avec beaucoup d’acide lactique dans les jambes, maintenant malheureusement j’ai vraiment perdu ça en arrivant chez BMC où je suis devenu plus diesel. En étant équipier tu ne cours plus vraiment les finaux de course donc quand ça accélère vraiment tu n’es plus là car tu as déjà beaucoup travaillé pour garder les leaders au-devant du peloton et ça demande beaucoup d’énergie. Je pense que je vais vraiment devoir retravailler ça, les finaux de courses, après 200 bornes devoir remettre de l’acide lactique dans les jambes et de l’intensité, ça va être le gros point à retravailler pour pouvoir rouler dans le final. C’est surtout cette capacité à avoir mal aux jambes dans les finaux de course qu’il faut que je travaille pour le début de saison. Avant, à 30 kilomètres de l’arrivée je n’avais plus rien à faire car mon travail était déjà terminé.
Victorien Floury