Michel, vous êtes médecin, présentateur du Magazine de la santé et d’Allô Docteurs sur France 5… et cycliste amateur. C’est certainement l’activité qu’on vous connaît le moins ?
Je m’y suis mis il y a deux ans seulement. L’an dernier, j’ai réussi à faire 2000 bornes dans l’année. Nous nous sommes mis un défi en tête avec des copains. Nous nous sommes dits : « dans un an, on grimpe le Mont Ventoux. » Et on l’a fait, entre potes. J’ai appelé ma mère pendant pas mal de kilomètres mais je l’ai fait. Donc oui, je fais du vélo !
Combien de temps vous a-t-il fallu pour gravir le Ventoux ?
Je l’ai monté en deux heures. Mais je suis passé par Sault, donc la partie la plus longue mais la moins compliquée. Après ces deux heures de vélo, je n’ai pas pu marcher pendant huit jours mais c’était sympa !
Vous roulez sur quoi ?
J’ai un Giant. Il est plutôt bien parce qu’il n’a que deux ans. En revanche ce que j’ai rapidement appris c’est la nécessité d’avoir un bon cuissard ! C’est-à-dire qu’au début j’avais un cuissard classique, mais comme je ne pouvais plus marcher après chaque sortie j’en ai acheté un vraiment bon. Et maintenant j’arrive à marcher après avoir pédalé !
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la pratique du cyclisme aussi tardivement ?
Eh bien comme vous le précisez, c’est justement parce que c’est tard. Et je crois qu’à partir d’un certain âge le vélo est le seul sport qui ne soit pas trop traumatisant. J’ai fait beaucoup d’autres sports avant et j’ai mal aux genoux, j’ai mal partout ! Le vélo, c’est le seul instrument sur lequel je n’ai pas mal. Et puis mes copains m’ont offert un vélo pour mon anniversaire, il y a deux ans, et c’est là que ça a commencé. Je leur ai dit : « OK, vous m’offrez un vélo, mais dans un an vous grimpez le Ventoux avec moi ! » Et on l’a fait.
Avez-vous d’autres défis en tête ?
Oui car la vie est sympa quand on se lance des défis. A vélo, notre idée est de monter tous les ans un grand col du Tour. Le prochain sera l’Iseran en faisant plusieurs cols.
C’est quoi le col le plus près de là où vous êtes originaire ?
Montmartre ! Le seul col que j’ai beaucoup fréquenté, c’est bien celui-là ! Autour de Paris, je m’entraîne dans la vallée de Chevreuse, car c’est le seul endroit où l’on peut avoir des côtes.
Le Tour, vous y étiez déjà venu en qualité d’invité ?
Oui. J’ai eu la chance de le faire plusieurs fois avec France Info. En revanche je n’étais plus revenu depuis dix ans. C’est génial car je vais refaire l’étape dans la voiture du médecin du Tour, ce que j’avais déjà fait à l’époque.
Quel souvenir en gardez-vous ?
Je me souviens avoir vu des coureurs venir s’accrocher à la portière en pleurant. C’était l’étape de l’Alpe d’Huez. Et voir les mecs consulter et pleurer de vraies larmes, c’était terrible. Ils en chiaient tellement ! Et en même temps j’étais rassuré deux heures après l’arrivée, quand on les retrouvait et qu’ils couraient pratiquement comme des lapins.
Médecin sur le Tour, vous auriez aimé le faire ?
Carrément ! Mais je n’ai pas les compétences pour le faire parce qu’il faut être urgentiste, etc. Mais c’est un métier extraordinaire. On voit à la fois la souffrance psychologique, comment un organisme peut se dépasser. Et maintenant que je fais du vélo moi-même, je vois les choses différemment. A l’époque où j’avais suivi l’étape dans la voiture du médecin, j’avais plus l’œil du médecin, aujourd’hui j’ai l’œil du cyclotouriste qui en a chié beaucoup sur le Ventoux. Je vais voir ça autrement.
Le vélo, c’est donc une activité que vous recommandez en tant que médecin ?
Ah mais c’est même, à mon avis, le seul sport avec la natation où, à partir d’un certain âge, on ne se fera pas mal. Je joue au foot, j’ai mal en sortant du terrain. Et c’est pareil sur tous les sports que je peux pratiquer. Avec le vélo, je n’ai mal nulle part. Et puis on le fait entre potes, et puis on se balade, on n’est pas obligé de se tirer la bourre tout le temps. J’ai retrouvé goût au sport sans souffrance. Même si la souffrance fait partie du vélo, on prend tellement de plaisir ! Je pense que c’est le seul sport que je ferai jusqu’à la fin de mes jours.
Propos recueillis à Belfort le 8 juillet 2012.