Monsieur le président, à quand remontent vos premiers souvenirs du Tour de France ?
Ça doit remonter à plus de 30 ou 40 ans ! Je suis originaire de Bagnères-de-Bigorre, au pied du Tourmalet et de l’Aspin. Tous les ans, le Tour de France représentait la sortie annuelle avec mes amis de l’équipe de France de rugby. Nous étions là, tous présents, et nous adorions cela.
Vous préférez donc la montée du Tourmalet par Sainte-Marie-de-Campan ?
Oui, c’est mon versant préféré, celui qui passe par La Mongie. Je connais les endroits où il faut appuyer fort sur les pédales. Je l’ai monté cinq ou six fois, mais à chaque fois avec beaucoup de difficultés. Pour moins souffrir, il faut bien avoir 3000 kilomètres dans les jambes.
Quel reste votre premier souvenir marquant du Tour de France dans les Pyrénées ?
J’ai un souvenir de Raymond Mastrotto, qu’on appelait le taureau de Nay. C’était en 1967. A cette époque-là, on pouvait doubler les coureurs, les remonter. Soudain, je vois Mastrotto, que je connaissais bien, et qui me dit : « je n’en peux plus, pousse-moi, fais quelque chose. » Je l’ai aidé, il a récupéré, et il est allé gagner l’étape Luchon-Pau.
En tant que pratiquant, avez-vous fait du vélo avant le rugby ?
Pas avant mais après le rugby. Je me suis alors mis au tennis et puis j’ai fait du vélo. Le vélo, c’est formidable parce qu’on est assis, les articulations ne sont pas touchées. Beaucoup d’anciens rugbymen, handicapés par les séquelles du rugby, pratiquent le vélo. C’est dur mais on passe des moments merveilleux. On transpire mais on est heureux et on récupère vite. Il m’est arrivé d’aller faire quatre heures et demie de vélo le matin et une partie de golf l’après-midi.
Combien de kilomètres faites-vous par an ?
Je fais environ 2000 kilomètres de vélo par an. Mais avec ma fonction de président de la Fédération Française de Tennis, je fais désormais beaucoup de vélo d’appartement. J’en fais quatre fois par semaine à raison de cinquante minutes par séance.
Quel coureur cycliste auriez-vous aimé être ?
Un sprinteur-puncheur comme Rik Van Looy. Un coureur qui avait du jus en vue de la ligne d’arrivée et qui essayait de gagner au sprint. C’est comme ça que j’aurais aimé être, malgré mon petit poids et ma petite taille.
Le cyclisme est un sport porté. Beaucoup de rugbymen et d’anciens footeux se mettent au vélo, ce n’est pas un hasard ?
Oui, et ça maintient la forme. On transpire énormément et on récupère très vite. Les articulations ne sont pas touchées et c’est très important pour certains sportifs. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’anciens joueurs de foot et de rugby pratiquent le vélo.
Le cyclisme est un sport individuel, le rugby un sport collectif, quelles points communs relevez-vous entre les deux ?
Vous savez, si les cadors du peloton n’ont pas une équipe autour d’eux, ils ne pourront pas gagner le Tour ni même une étape. Certains coureurs sont là pour aider le leader, et c’est indispensable. Ces coureurs-là sont très disciplinés. Les leaders les mieux épaulés comme on le voit sur ce Tour sont les plus à même de réussir. En rugby comme en cyclisme, c’est une équipe qui gagne.
Quel grand coureur vous a marqué ?
Mon idole, c’était Jacques Anquetil. On aimait aussi bien sûr Raymond Poulidor, qui a joui d’une notoriété extraordinaire en étant toujours 2ème. Mais Anquetil était le champion. Je me souviens de son doublé Bordeaux-Paris-Dauphiné-Libéré, c’était merveilleux ! Un grand numéro.
Yannick Noah reste le dernier vainqueur français de Roland Garros en 1983, Bernard Hinault le dernier vainqueur français du Tour en 1985. Pourquoi ?
Aujourd’hui, beaucoup de pays pratiquent tous les sports. En tennis, tous les pays pratiquent. La concurrence internationale est beaucoup plus importante. Il y a davantage de coureurs, davantage de tennismen. Ça se voit aussi dans le résultat de nos athlètes.
Vous voyez un Français gagner d’abord un Grand Chelem ou un Tour de France ?
Je pense que Jo-Wilfried Tsonga peut remporter bientôt un Grand Chelem parce que les cracks Nadal et Federer commencent à vieillir. Le jour où ils vont arrêter, j’espère qu’il pourra gagner. Mais sur le Tour, un jeune comme Pierre Rolland ou Thibaut Pinot, qui n’a que 22 ans, pointent aussi le bout du nez.
Propos recueillis à Pau le 18 juillet 2012.