L’éternel débat entre le choix de Paris-Nice ou de Tirreno-Adriatico pour préparer Milan-San Remo a été ravivé cette année avec le recul de la Primavera, désormais dominicale, comme tous les grands rendez-vous. Quand quatre jours séparaient autrefois le terme de la course des deux mers de la grande classique de mars, on en relève cinq à présent. Ceux qui estimaient que l’accalmie serait dès lors de trop longue durée ont ajouté une date à leur programme, le Grand Prix Nobili Rubinetterie, qui s’est judicieusement avancé de quatre mois au calendrier. Jusqu’alors écrasée par le Tour de France puisque proposée en plein mois de juillet, la semi-classique piémontaise rassemble cette année Vincenzo Nibali (Astana), Alberto Contador (Team Saxo-Tinkoff) et autre Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard).
La contrepartie à ce changement de date, c’est le vent froid qui régnera d’un bout à l’autre des 187,5 kilomètres, eux-mêmes repensés. Autour du Lac Majeur, la course d’Arona ne comprend plus que deux escalades de la côte de Massino Visconti dans sa partie finale. L’allègement du parcours ouvre des perspectives. Quatre hommes sautent sur l’occasion de s’échapper peu après le départ, au kilomètre 11 : Edwin Avila (Colombia), Marco Haller (Team Katusha), Bob Jungels (RadioShack-Leopard) et Eloy Teruel (Movistar Team). En dépit du vent qui ne vient jamais du même côté sur ce tracé tournicotant, le quatuor progresse bien. Il se dote d’une avance proche des neuf minutes et possède encore un bel avantage à l’approche des deux ascensions de la côte de Massino Visconti.
A 20 ans, Bob Jungels n’a pas froid aux yeux. Tout juste arrivé dans l’équipe première après un an de formation chez Leopard-Trek, le dernier vainqueur de Paris-Roubaix Espoirs, solide rouleur, décide d’abandonner ses trois compagnons d’échappée à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Derrière lui, le peloton se cassure également, réduit à une cinquantaine d’unités, favorisant ses chances de tenir bon. La route est longue, pourtant, mais lorsqu’il entame toujours en tête les 15 derniers kilomètres, il est dit que le Luxembourgeois tiendra bon. Et il le faut !
Trois jours avant Milan-San Remo, l’équipe RadioShack-Leopard n’a encore rien gagné, si l’on excepte le titre de champion de Nouvelle-Zélande d’Hayden Roulston. Frank Schleck purge une suspension jusqu’à l’été, Andy Schleck est au fond du gouffre, Tony Gallopin vient de tomber malade, et Fabian Cancellara reste en mal de repères. L’équipe luxembourgeoise a grand besoin de fraîcheur. Et ce triomphe d’un jeune homme prometteur, champion du Luxembourg du contre-la-montre, deux fois vice-champion d’Europe Espoirs de la spécialité, et lauréat l’an passé de références comme le Triptyque des Monts Châteaux et la Flèche du Sud, ne peut qu’apporter un nouvel élan à RadioShack. Après 175 kilomètres d’échappée, il conserve 52 secondes pour contenir un peloton réglé au sprint par Daniele Bennati (Team Saxo-Tinkoff).
Classement :
1. Bob Jungels (LUX, RadioShack-Leopard) les 187,5 km en 4h33’04 » (41,2 km/h)
2. Daniele Bennati (ITA, Team Saxo-Tinkoff) à 52 sec.
3. Simone Ponzi (ITA, Astana) m.t.
4. Marco Zamparella (ITA, Utensilnord) m.t.
5. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
7. Simone Campagnaro (ITA, Team Nippo-De Rosa) m.t.
8. Matthieu Ladagnous (FRA, FDJ) m.t.
9. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team ) m.t.
10. Marco Canola (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) m.t.