Il faut se faire une raison : au soir du 1er février 2015, Cadel Evans (BMC Racing Team) ne sera plus coureur professionnel. Déjà évoquée dans la presse il y a quelques jours, sa retraite a été confirmée hier soir lors d’une conférence de presse tenue en marge des Championnats du Monde de Ponferrada où il défendra les couleurs australiennes avant de participer au Tour de Lombardie. « Je pense que c’est le bon moment pour terminer mon voyage dans le monde professionnel, affirme sans détour le coureur des antipodes âgé aujourd’hui de 37 ans. Ce voyage a pris plus qu’une vie. C’est quelque chose que je ne pouvais pas envisager quand j’expérimentais pour la première fois les joies du cyclisme sur les routes sales dans les territoires du nord. C’est incroyable comme deux roues peuvent emmener une personne aussi loin ! »
Et ses roues, Cadel Evans les a traînées un peu partout. C’est d’abord dans les sentiers que l’Australien s’est distingué. Médaillé aux Championnats du Monde chez les jeunes en VTT de 1994 à 1997, il confirme lors des deux années qui suivront en remportant le classement général de la Coupe du Monde, sans jamais parvenir à décrocher l’arc-en-ciel. Bientôt, Cadel Evans ne peut plus résister à l’appel de la route. Après un premier stage en 1999, il intègre l’équipe Saeco en 2001, mais il prendra son envol définitif la saison suivante au sein de l’équipe Mapei. 10ème de Paris-Nice, il prend le leadership de son équipe sur le Giro après l’exclusion de Stefano Garzelli et s’empare du maillot rose à cinq jours du terme. Mais son manque d’expérience lui coûtera cher dans les Dolomites et il ne prendra que la 14ème place.
Après deux années en demi-teinte chez T-Mobile, il retrouve la confiance d’une équipe avec Lotto. Cadel Evans s’installe alors progressivement au sommet et fait du Tour de France son objectif. Franchissant étape après étape, le Kangourou laisse filer une victoire qui lui semblait promise en 2007 face au jeune Alberto Contador, et en 2008 face à Carlos Sastre, alors que ses aptitudes dans le contre-la-montre auraient dû lui permettre de voir plus haut. En 2009, il semble perdu, mais parviendra à rebondir. Alors que beaucoup ne croient plus en lui, il va conquérir le titre mondial à Mendrisio avec un panache que l’on ne lui connaissait pas forcément jusqu’ici. Une troisième carrière commence alors pour lui, mais l’état de grâce est atteint en 2011 quand il devient le plus vieux vainqueur du Tour depuis Firmin Lambot en 1922.
Depuis, Cadel Evans a semblé en difficulté quand il fallait tenir trois semaines malgré d’excellents résultats. C’est sur la première édition de la Cadel Evans Great Ocean Race qu’il mettra un terme à sa belle carrière. Son activité dans le monde du cyclisme n’est pourtant pas remise en cause. Il deviendra par la suite ambassadeur de la marque BMC. Et s’il occupait déjà cette fonction sans le savoir depuis qu’il a rejoint l’équipe en 2010 ? Grâce à son goût de l’effort, son abnégation et sa capacité à lutter avec ses armes, Cadel Evans s’est forgé un des plus beaux palmarès du cyclisme des années 2000, mais aussi une réputation de coureur éminemment sympathique.