Si le Team Sky a pris ses quartiers sur le sol français en ayant remporté notamment trois Tours de France, et autant de Paris-Nice et de Critériums du Dauphiné en l’espace de quatre ans, le territoire italien semble encore lui résister. La formation britannique n’a jamais été en réussite sur le Tour d’Italie, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Que ce soit en 2013 avec Bradley Wiggins ou l’an dernier avec Richie Porte, un sort semble avoir été jeté sur les ouailles de Dave Brailsford. L’ancien vainqueur du Tour avait été victime d’une infection des voies respiratoires il y a trois ans, l’Australien d’une décision d’un commissaire zélé et d’une douleur intense au genou après un gadin collectif l’an dernier. Un homme devait mettre un terme à l’histoire tourmentée entre le Team Sky et la course rose en dépit de son inexpérience pour mener un collectif : Mikel Landa
Pourtant le Basque subit le même sort que Bradley Wiggins et Richie Porte avant lui au moment où le Tour d’Italie faisait son entrée sur son terrain de jeu favori. L’Espagnol au début de saison perturbé avait pourtant parfaitement négocié la première semaine et notamment le premier grand rendez-vous des favoris dans le Chianti. En n’ayant concédé que sept secondes à Vincenzo Nibali (Astana) sur les 40,5 kilomètres contre la montre, Mikel Landa restait plus que jamais en course pour la victoire finale. Mais la journée de repos aura été fatale au leader du Team Sky. Rattrapé par des maux d’estomac hier, celui qui avait pris la 3ème place l’an dernier est distancé dès les premières rampes d’une étape sans un mètre de plat ou presque. Dans ces circonstances, Mikel Landa n’avait d’autre choix que de poser le pied à terre et de quitter l’Italie.
L’abandon de Mikel Landa sera le principal événement de cette 10ème étape en ce qui concerne le contingent des favoris, toujours aussi frileux, en tout cas, clairement pas décidés à mettre à profit le massif des Apennins pour creuser de nouveaux écarts. C’est à croire que pour tous, le Tour d’Italie ne commencera véritablement que ce week-end avec les premiers sommets des Dolomites en vue. En attendant, le statu quo est décrété et l’étape suivra un cours similaire à celle de Roccaraso de jeudi dernier. Il est vrai que la montée finale qui menait les coureurs vers Sestola (7,4 kilomètres à 5,5 %) n’était sans doute pas l’arrivée au sommet la plus difficile de cette édition. Mais précédée de l’irrégulier Pian del Falco dont les 4 derniers kilomètres affichent un pourcentage moyen de 8,9 %, la course rose pouvait enfin s’emballer.
Les favoris en attente, Gianluca Brambilla héroïque.
Mais il a fallu attendre les ultimes rampes de l’avant-dernière montée pour assister aux premières attaques. La descente technique qui ramenait les coureurs vers Sestola devait inspirer Vincenzo Nibali dont les équipiers avaient imprimé un rythme infernal dans les derniers kilomètres, fatal au Maillot Rose, Gianluca Brambilla (Etixx-Quick Step). C’est finalement Andrey Amador (Movistar Team) qui prend les devants en accélérant avec le sommet en vue. Le Costaricain effectue ainsi la descente à bloc dans l’espoir de continuer sa remontée au classement général et de chiper le maillot rose au valeureux coureur italien. Le Sud-Américain livrera une débauche d’énergie considérable pour finalement reprendre… une seconde à Valverde (Movistar Team) et Chaves (Orica-GreenEdge) et quatre aux autres favoris. La formation Movistar a raté son coup.
Elle pourra blâmer un épatant Gianluca Brambilla, de retour dans la descente et qui, sachant ses propres chances compromises, s’est mis au service de son coéquipier Bob Jungels, plus à même de défendre les intérêts de la formation belge à long terme. L’Italien, en rose, imprime le rythme en tête de peloton pour le Luxembourgeois en blanc. Son sacrifice finit par payer et 57 ans après Charly Gaul, un représentant du Grand-Duché s’empare des commandes du Tour d’Italie. À défaut de voir des individualités s’exprimer, c’est l’esprit d’équipe qui prime. Cela vaut aussi pour la lutte pour la victoire d’étape qui concerne une nouvelle fois les échappés matinaux, Boem, Ciccone et Pirazzi (Bardiani-CSF), Atapuma (BMC Racing Team), Bonnafond (Ag2r La Mondiale), Brown (Cannondale), Cunego (Nippo-Vini Fantini), Niemiec (Lampre-Merida), Preidler (Giant-Alpecin), Rovny (Tinkoff), Silin (Team Katusha), Visconti (Movistar Team), et Zoidl (Trek-Segafredo).
Toute la journée, les Bardiani-CSF, avec trois représentants à l’avant, semblaient travailler pour Stefano Pirazzi. Le fantasque italien met le feu aux poudres à plusieurs reprises et participe activement à la poursuite de Georg Preidler sorti en solitaire à 40 kilomètres de l’arrivée. Le plus dur est fait quand il franchit le sommet avec Damiano Cunego, luttant pour le maillot du meilleur grimpeur et son jeune coéquipier, le néo-pro Giulio Ciccone. L’Italien, auteur de débuts convaincants chez les grands, profite d’un accrochage entre Cunego et Pirazzi pour filer dans la descente. Loin de céder dans la montée finale roulante, Giulio Ciccone résiste au retour d’Ivan Rovny de l’arrière et ne tarde pas à confirmer ses dispositions naturelles pour les courses difficiles, entrevues chez les Espoirs quand il terminait 6ème du Tour de l’Avenir et 2ème du Petit Tour de Lombardie.
Demain, la 11ème étape du Tour d’Italie reliera Modène à Asolo (227 km).
Classement 10ème étape :
1. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani-CSF)
2. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff)
3. Darwin Atapuma (COL, BMC Racing Team)
4. Nathan Brown (USA, Cannondale)
5. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini)
6. Andrey Amador (CRC, Movistar Team)
7. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team)
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team)
9. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge)
10. Jakob Fuglsang (DAN, Astana)
Classement général :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 40h19’52 »
2. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 26 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 50 sec.
4. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 52 sec.
6. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) à 1’11 »
7. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 1’44 »
8. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 1’46 »
9. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 2’08 »
10. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 2’26 »
Classement par points :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 119 pt
2. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 91 pt
3. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 82 pt
4. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 78 pt
5. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 58 pt
6. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 56 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
8. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani-CSF) 47 pt
9. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 47 pt
10. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) 44 pt
Classement de la montagne :
1. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 20 pt
2. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani-CSF) 47 pt
3. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) 25 pt
4. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF)
5. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team)
6. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 16 pt
7. Alessandro Bisolti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 16 pt
8. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) 15 pt
9. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff) 15 pt
10. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 11 pt
Classement des jeunes :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 40h19’52 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 5’32 »
3. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 7’01 »
4. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 11’57 »
5. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 14’21 »
6. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 26’56 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 27’50 »
8. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 30’04 »
9. Joe Dombrowski (USA, Cannondale) à 31’51 »
10. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 34’09 »
Classement par équipes :
1. Movistar Team (ESP) en 121h03’59 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 50 sec.
3. Astana (KAZ) à 1’54 »
4. Ag2r La Mondiale (FRA) à 6’37 »
5. Team Katusha (RUS) à 7’06 »
6. Cannondale (USA) à 07’43 »
7. Tinkoff (RUS) à 8’36 »
8. Team Sky (GBR) à 18’09 »
9. Dimension Data (AFS) à 26’35 »
10. Lampre-Merida (ITA) à 30’15 »