Un jour sur deux, Daniel Mangeas, l’inimitable voix du Tour, nous confie ses mémoires de speaker, lui qui fut témoin pendant quarante ans de toutes les arrivées d’étapes du Tour de France. Il tirera sa révérence au terme de la 101ème édition le 27 juillet.
« Comme les chanteurs, on possède toujours un médicament qui nous permet de retrouver la voix. Et même si on ne s’en sert pas, l’avoir à proximité de soi est toujours sécurisant. Le matin, si on se lève et que les cordes vocales ont du mal à fonctionner, c’est une crise d’angoisse aigue.
Etre aphone complètement m’est arrivé une fois au cours de ma carrière. Ce n’était pas sur le Tour, c’était sur Paris-Nice. J’ai eu une quinte de toux, je toussais violemment le matin, et malgré la piqûre que m’avait fait le docteur, ma voix n’était pas revenue. Je n’ai pas été en mesure de commenter le départ, c’est la seule fois où ça m’est arrivé. C’est Gérard Delestre qui m’a remplacé.
Le soir, nous arrivions à Nevers et je devais interviewer le Premier ministre Pierre Bérégovoy. Toute la journée, je me suis dit : pourvu que ma voix revienne, pouvu que ma voix revienne… L’arrivée avait lieu vers 17h00, je n’ai retrouvé ma voix, et encore pas complètement, qu’à 16h00. J’ai été obligé de moduler, les gens ne s’en sont pas rendu compte car je ne montais pas dans les tours. Ça a été la journée la plus pénible, une angoisse terrible que de ne pas sentir sa voix revenir malgré le traitement.
Sur le Tour de France, ça tient. Et puis en quarante ans les micros et les sonos se sont améliorés aussi. On pousse moins sur la voix.
Enfin j’ai mon rituel qui est avant tout psychologique. Chaque matin je prends mon fromage blanc et mon miel. Je pense que ça adoucit les cordes vocales, que ça les lisse. Ça me fait du bien alors j’en prends. Avec des raisins secs, je vous le conseille ! D’abord, c’est bon pour les cordes vocales. Et puis c’est bon pour les papilles. »
Daniel Mangeas