Il y avait comme un air de Clasica San Sebastian cet après-midi dans la ville de Benidorm. Si le Pays-Basque et l’Andalousie sont distants de plusieurs centaines de kilomètres, les stations balnéaires de San Sebastian et Bénidorm se ressemblent comme deux gouttes d’eau. C’est un peu le principe d’une station balnéaire me direz-vous. Des gratte-ciels faisant office d’hôtels à perte de vue, de larges plages bondées où trouver une place relève d’une performance presque aussi admirable que celle des coureurs cyclistes, et puis ces « paseos », promenades bitumées au long de la plage typiquement espagnoles. Sauf qu’aujourd’hui, dans ce patchwork de béton et de sable, une masse mouvante et multicolore est venue troubler l’effervescence habituelle de Benidorm : le peloton cycliste du 66ème Tour d’Espagne.
Ainsi, le rapprochement entre cette étape inaugurale de la Vuelta et la Clasica San Sebastian était évident. On retrouvait ces mêmes clichés de coureurs cyclistes en action au milieu des milliers de touristes qui lézardent à la plage. A une différence notable, la course d’aujourd’hui était un contre-la-montre par équipes. Comme l’an passé, les organisateurs de la Vuelta ont opté pour le chrono par équipe pour ouvrir les trois semaines de compétition. Un choix qui satisfait évidemment les spectateurs qui peuvent profiter du passage de chaque équipe, ce qui garantit un spectacle de longue durée.
Du côté des coureurs, débuter le Tour d’Espagne par 13,6 kilomètres de contre-la-montre par équipes peut avoir plusieurs conséquences. D’une part, cela permet de souder les équipes à l’entame de trois semaines de vie en collectif ce qui n’est jamais négligeable. D’autre part, si les conséquences chronométriques ne sont jamais irréversibles sur un si court effort, la hiérarchie établie à la fin de la journée donne un aperçu des forces en présence. Surtout , elle va donner un ascendant psychologique certain aux bénéficiaires du jour.
La formation Leopard-Trek ne fait aucune faute sur un parcours piège.
C’est pourquoi les vingt-deux formations alignées ne prennent pas l’exercice à la légère. La plupart des équipes réalisent au moins une fois dans l’année des stages de chrono collectif pour optimiser le passage des relais, mais aussi pour apprendre à avoir confiance en ses équipiers quand il s’agit de rouler dix centimètres derrière eux. Parmi les équipes spécialistes du genre, la HTC-Highroad a déjà fait ses preuves. Vainqueur du chrono par équipes sur le dernier Giro et sur la Vuelta l’an passé, l’équipe de Tony Martin est la grande favorite. Mais la fusée blanche et jaune va buter sur des animaux plus rapides qu’eux : des Leopards.
L’équipe Leopard-Trek a en effet su maîtriser à la perfection les petits pièges qui parsemaient le parcours, à savoir une bosse de trois kilomètres dès le départ, mais aussi deux virages en épingle qui ont jeté à terre plusieurs coureurs dont David Blanco (Geox-TMC). A l’arrivée, l’équipe luxembourgeoise devance de 4 secondes la Liquigas-Cannondale de Vicenzo Nibali et de dix la HTC-Highroad. Nibali, le tenant du titre, est le mieux placé des grands favoris de cette Vuelta. Si aucun favori n’a perdu la Vuelta ce soir, Denis Menchov (Geox-TMC) concède déjà un retard non négligeable de 43 secondes sur Jakob Fuglsang, premier Maillot Rouge de ce Tour d’Espagne. Une aubaine pour le Danois qui espère se racheter de sa décevante première moitié de saison.
Demain dimanche, la deuxième étape de la Vuelta conduit le peloton de La Nucia aux Plages de Orihuela à travers 174 kilomètres.
Classement 1ère étape :
1. Team Leopard Trek (LUX) les 13,6 km en 16’30 »
2. Liquigas-Cannondale (ITA) à 4 sec.
3. HTC-Highroad (USA) à 9 sec.
4. Astana (KAZ) à 10 sec.
5. Movistar Team (ESP) à 14 sec.
6. Quick Step (BEL) à 15 sec.
7. Skil-Shimano (PBS) à 18 sec.
8. Omega Pharma-Lotto (BEL) m.t.
9. Garmin-Cervélo (USA) à 25 sec.
10. Team Katusha (RUS) m.t.
Classement général :
1. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) en 16’30 »
2. Fabian Cancellara (SUI, Team Leopard-Trek) m.t.
3. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) m.t.
4. Thomas Rohregger (AUT, Team Leopard-Trek) m.t.
5. Daniele Bennati (ITA, Team Leopard-Trek) m.t.
6. Peter Sagan (SLO, Liquigas-Cannondale) à 4 sec.
7. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
8. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
9. Valerio Agnoli (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
10. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.