On dit souvent que la place de 4ème dans un championnat est la pire situation qui soit. 4ème, c’est être à la fois trop près et trop loin d’une médaille de bronze. Mais la 2ème place peut elle aussi s’avérer cruelle, comme nous avons pu le voir hier aux Championnats de France du contre-la-montre. Deux médailles d’argent ont été distribuées à Lannilis, chez les filles le matin, les garçons l’après-midi. A deux médailles, deux réactions différentes. Mais c’est surtout chez les dames que nous avons assisté à la détresse d’Audrey Cordon (Vienne-Futuroscope), ce qui nous rappelle qu’une médaille d’argent peut être rejetée, et considérée comme un échec.
Lors de la première épreuve, Lannilis a été témoin d’une scène peu habituelle. Dans la tente réservée aux trois premières de la course, le contraste est frappant. D’un côté, Pauline Ferrand-Prévot (Rabo Women Cycling Team) fête son deuxième titre de championne de France du chrono, entourée de sa famille et d’une nuée de journalistes. De l’autre, Audrey Cordon, malheureuse 2ème, laisse éclater sa déception. Et pleure.
Elle pleure d’une magnifique déception, que seules les championnes peuvent avoir. Elle pleure de rage, de tristesse, d’avoir seulement échoué à 20 secondes d’un titre qu’elle voulait à tout prix. Elle retient ses larmes durant une Marseillaise qui aurait pu être jouée en son honneur. Mais non. Audrey Cordon doit se contenter pour cette année de la seconde place. Beaucoup de filles auraient aimé être à la place de la Bretonne, déjà sélectionnée aux JO et aux Mondiaux, et qui fait partie la nouvelle génération du cyclisme féminin. On connaissait son tempérament de gagneuse, un rôle qu’elle connaît bien, et qu’elle a l’habitude d’endosser. Mais hier, c’est bien le costume de perdante magnifique qu’Audrey Cordon a revêtu.
Il lui reste encore une chance d’enfiler un maillot tricolore dans la commune de Lannilis. En effet, elle sera demain matin au départ de la course en ligne, où nul doute que la jeune coureuse de Vienne-Futuroscope donnera tout pour ne pas échouer. Et il se trouve que la belle Audrey pourrait bien pleurer de nouveau à l’arrivée. Des larmes de bonheur plutôt que de tristesse. Celles d’un objectif qui serait enfin atteint. – Mathilde L’Azou