Les valeurs à la hausse
1. Fabian Cancellara Que l’on parle de valeurs à la hausse ou d’homme du printemps, Fabian Cancellara est le numéro un ! On n’occupe pas la première place du classement WorldTour sans raison. Cette position, le Suisse l’a acquise grâce à trois courses, un hat trick qu’il avait déjà réalisé en 2010 : GP E3, Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Plus que les victoires à proprement parler, c’est la manière qui a le plus impressionné tous les suiveurs. Fabian Cancellara était clairement au-dessus du lot, malgré la présence de Peter Sagan. Le quadruple champion du monde du contre-la-montre est parvenu à décrocher le Slovaque de sa roue, sur les deux temps forts du nouveau Ronde : dans le Vieux Quaremont à Harelbeke et dans le Paterberg au Tour des Flandres. À Paris-Roubaix, l’Helvète a été au delà de ses limites pour prendre le meilleur sur le valeureux Sep Vanmarcke dans un sprint à deux sur le vélodrome. Il y a douze mois, Fabian Cancellara était au fond du trou, la faute à une vilaine chute sur le Tour des Flandres et la clavicule en morceaux. Cette année, il a retrouvé la lumière et le niveau qui était le sien en 2010. 2. Peter Sagan Une stat pour résumer le début de saison tonitruant du Slovaque : sur les sept classiques auxquelles il a participé avant l’Amstel Gold Race, son moins bon résultat était… une 2ème place. Sagan, c’est l’homme qui a remporté le plus de victoires cette saison. C’est une omniprésence aux avant-postes des plus grandes courses de début mars à mi-avril. C’est aussi et surtout un homme qui a brillé sur tous les terrains. Des routes blanches de Toscane aux pavés des Flandres en passant par les routes terriblement pentues de Tirreno, le Maillot Vert du dernier Tour de France a été vu absolument partout, s’adjugeant au passage Gand-Wevelgem et la Flèche Brabançonne avec panache. Et s’il n’était pas tombé sur un super Cancellara au GP E3 et au Tour des Flandres, ou sur un improbable retour de Gerald Ciolek à Milan-San Remo, il aurait sans doute trois victoires WorldTour supplémentaires dont deux monuments dans la besace… le tout à seulement 23 ans. Chapeau ! Tant pis s’il s’est manqué sur l’Amstel Gold Race qui devait être l’objectif de sa saison, Peter Sagan aura marqué de son empreinte ce printemps 2013. 3. Michal Kwiatkowski On savait que ce Polonais avait un talent fou, mais on était loin de penser qu’il exploserait au plus haut niveau cette saison. Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step) donnait des signes avant-coureurs dès le mois de janvier au Tour de San Luis, en prenant la 3ème place d’une étape de montagne puis du chrono le lendemain. Rebelote sur Tirreno où il endossait le maillot de leader à Prati di Tevo. Mais s’il sait rouler et grimper, c’est avant tout par sa polyvalence que brille ce jeune coureur, pas encore âgé de 23 ans. Solide sur les Flandriennes comme équipier, il était certainement le plus fort de l’échappée au Tour des Flandres et s’est même offert le luxe de garder le sillage de Fabian Cancellara et de Peter Sagan pendant quelques hectomètres au sommet du Vieux Quaremont. Également aligné sur les Ardennaises, on aurait pu croire qu’avec un début de saison aussi chargé et en étant aussi jeune, Kwiatkowski aurait traversé comme une ombre le triptyque ardennais. Finalement, il a offert à OPQS ses meilleurs résultats sur les classiques ! 4ème de l’Amstel et 5ème de la Flèche, le Polonais a surpris tout son monde et mérite le titre de révélation du début de saison. 4. Carlos-Alberto Betancur Quoi que l’on pourrait également accorder ce titre à Carlos-Alberto Betancur (Ag2r La Mondiale). Pour sa première saison dans l’élite du cyclisme mondial, le Colombien s’est placé à la hauteur de tous les autres jeunes coureurs de sa génération comme Quintana, Uran ou Henao. Après un Tour du Pays Basque franchement réussi, il s’est envolé pour la Belgique pour y découvrir les Ardennaises, même si ce n’était pas la première fois qu’il arpentait ces routes. Son bon Tour de Belgique l’an dernier et sa victoire à Engis dans l’étape-reine alors qu’il était sous les couleurs d’Acqua & Sapone avait mis la puce à l’oreille. À sa manière, Betancur aura marqué une campagne d’Ardennaises finalement assez terne en apportant une bonne dose de fraîcheur. Hyper explosif, le Colombien a dynamité la Flèche Wallonne en attaquant de très loin. Trop loin auraient pu dire certains. S’il s’est écrasé sur le sommet du terrible juge de paix wallon, il a tout de même bouclé sa première Flèche à la 3ème place. Les 60 kilomètres de plus à Liège n’ont rien changé pour le coureur auteur d’une attaque tranchante dans Saint-Nicolas avant de se classer 4ème. Le symbole d’une génération colombienne qui ne finit plus de briller. 5. Alexander Kristoff Sans faire parler de lui, Alexander Kristoff (Team Katusha) a réalisé un exploit que seul Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard) est parvenu à accomplir cette saison : faire un Top 10 sur les trois premiers monuments de la saison. Bien sûr, on ne peut pas franchement comparer les résultats des deux hommes. D’abord parce que le Suisse est même monté sur la boîte à chaque fois, mais surtout parce que Kristoff disposait d’un atout que n’a pas Spartacus : une pointe de vitesse redoutable. Sans être jamais très loin, le Norvégien n’a jamais été en mesure de suivre les meilleurs. En réglant à chaque fois un groupe de battus, le médaillé de bronze des Jeux Olympiques s’est forgé de bons résultats. 8ème à San Remo et 14ème de Gand-Wevelgem, il a fallu attendre les Trois Jours de La Panne pour qu’il soit considéré comme un candidat potentiel à la victoire sur le Ronde. 4ème à Audenarde, il récidivait une semaine plus tard en se classant 9ème de Paris-Roubaix. S’il semble encore manquer d’un petit quelque chose pour suivre les meilleurs, il sera à suivre lors de la prochaine campagne de classiques dans douze mois. |
Les valeurs à la baisse
1. Tom Boonen À dire vrai, affirmer que Tom Boonen est une valeur en baisse nous chagrine et nous met quelque peu mal à l’aise. Premièrement parce que, à l’image de Philippe Gilbert en 2012, il aurait été difficile pour le champion de Belgique de faire ne serait-ce aussi bien que son année 2012 exceptionnelle à tout point de vue. L’Anversois codétient le record de victoires sur le Tour des Flandres (3) et sur Paris-Roubaix (4) grâce à son dernier printemps. En outre, il est le premier à avoir ajouté le GP E3 et Gand-Wevelgem à ce doublé réalisé à seulement douze reprises dans l’histoire. Et puis Tommeke n’a pas été épargné par la malchance depuis la fin de l’année dernière. Victime d’un virus intestinal fin 2012, il était contraint de revoir ses plans après une chute en VTT et une infection au coude en janvier. Depuis le Tour d’Oman, le Belge semblait courir après sa forme, mais s’est tout de même classé 7ème du GP E3. Une chute au Tour des Flandres coupait court au débat et le contraignait à déclarer forfait pour le reste des classiques. On a coutume de dire qu’un homme en forme ne chute pas et on doute fort qu’il aurait pu contester la suprématie de Cancellara cette année 2. Thor Hushovd Pour le Norvégien, en revanche, il n’y a pas de débat. Son début de saison marqué par une victoire d’étape au Tour du Haut Var était plutôt rassurant pour l’ancien champion du monde. Au final, ce n’était sans doute qu’un feu de paille et Thor Hushovd n’a guère pesé sur les classiques, à l’image de son printemps 2012. Mais là où il s’était tout de même classé 14ème de Paris-Roubaix l’an dernier, une place qui est quand même loin d’être reluisante pour un coureur de son calibre, le Norvégien a dû se contenter d’une 17ème place à Gand-Wevelgem. Bien trop peu pour un homme qui se plaçait comme le leader du bloc BMC Racing Team en amorce des classiques. Heureusement pour John Lelangue, Greg Van Avermaet a sauvé la campagne de la formation américaine. Thor Hushovd, lui, semble bien loin de son niveau en 2011, lorsqu’il rivalisait sur les pavés avec Fabian Cancellara ceint du maillot irisé. À 35 ans, l’ancien Maillot Vert du Tour est plus proche de la fin de sa carrière que du début et on le voit mal retrouver le niveau qui était le sien pour la prochaine campagne de classiques. 3. Filippo Pozzato Un printemps 2012 réussi et une victoire lors de sa première course de la saison, et on voyait Filippo Pozzato (Lampre-Merida) comme l’un des favoris de la campagne de Flandriennes. C’était bien vite oublier que l’Italien est réputé pour être un intermittent du spectacle, capable du meilleur (comme en 2009 ou en 2012) comme du pire. Cette année, on a eu droit au côté sombre de Pippo. Pourtant l’Italien avait parfaitement lancé sa saison en remportant le Trophée Laigueglia fin février avant de se classer 2ème de la Roma Maxima quinze jours plus tard. Des performances qui tendaient à prouver que l’Italien s’épanouissait dans sa nouvelle équipe. Mais là où ses résultats devaient être les premiers d’une longue série, ils restent les seuls acquis par Pozzato cette saison. Fantomatique aux Flandres et à Roubaix, The Shadow comme le surnomment ses détracteurs est resté tapi dans l’ombre pour ne jamais en sortir… avant peut-être de prendre sa revanche l’an prochain, lui qui rêve de décrocher un deuxième monument après Milan-San Remo. Toujours est-il qu’à 31 ans, et dix ans après sa victoire d’étape sur le Tour, Pozzato n’a sans doute pas le palmarès qu’un coureur de sa classe devrait avoir. 4. Andy Schleck Lui non plus n’est pas à son meilleur niveau, il en est même à des années-lumière ! Il y a quatre ans, Andy Schleck (RadioShack-Leopard) s’adjugeait avec panache et avec classe la Doyenne, quelques jours après s’être classé 2ème de la Flèche Wallonne. Cette année ? 86ème mercredi et 41ème dimanche. Tout est dit. Une fois venu le temps de dresser la liste des favoris pour une classique ou une course par étapes, on ne s’attarde même plus sur le nom du Luxembourgeois, même si son équipe s’acharne à lui accorder le dossard se terminant pas le chiffre 1. Les Ardennaises devaient semble-t-il lui permettre de se rassurer dans l’optique du Tour de France. Ces classiques ne confirment finalement que ce que l’on pensait déjà. Le cadet de la fratrie n’est plus le coureur qu’il était avant 2011. Certains auront noté qu’Andy Schleck a terminé Liège devant Alberto Contador, mais cela ne suffit pas. Même si du côté de la formation luxembourgeoise on martèle qu’Andy a besoin de temps, l’inquiétude doit tout de même prévaloir chez Luca Guercilena. Heureusement que Fabian Cancellara était là pour sauver le printemps, voire peut-être la saison, d’une équipe qui pourrait disparaître à la fin de l’année. 5. Philippe Gilbert Avant d’écrire ces lignes, on imagine déjà la réaction de certains. Comment Philippe Gilbert (BMC Racing Team) peut-il être considéré comme une valeur en baisse après un printemps 2012 déjà pourri ? Indéniablement, le Belge n’a pas retrouvé le niveau qu’il avait en 2011. L’ogre, pour ne pas dire cannibale, que l’on a connu il y a deux ans semblait pourtant revenir au top à la fin de la saison dernière avec deux étapes sur la Vuelta et un maillot arc-en-ciel qui lui tendait les bras. Mais paradoxalement, ses résultats ne sont pas franchement meilleurs qu’en 2012 ! Il y a douze mois, celui qui était encore vêtu du maillot noir-jaune-rouge signait aussi un Top 20 sur les trois Ardennaises et s’offrait même un podium sur la Flèche. Cette année, le meilleur résultat de Gilbert est une 5ème place à l’Amstel où il était sans doute le plus fort. Mais que valent une 15ème place à Huy ou une 8ème place à Liège pour un coureur qui a déjà goûté à la victoire sur ces deux classiques ? Les performances du champion du monde sont, il est vrai, meilleures qu’en 2012, mais les résultats n’ont pas suivi et il semble bien loin de son niveau en 2011 lorsqu’il réalisait le triplé sur la semaine ardennaise. |
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