Du projet olympique de « Paris 2012 », il reste un doux rêve (évaporé un 6 juillet 2005 au bénéfice de Londres) et désormais un héritage, celui du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Des nombreuses ébauches d’infrastructures dont fourmillait alors le dossier parisien dans le cadre de sa candidature aux Jeux Olympiques, celui d’un grand vélodrome francilien a été conservé. Il aura certes fallu un peu plus de temps que la précédente Olympiade pour le voir sortir de terre, mais à présent le voilà, ce gigantesque dôme qui abrite ce qu’il n’est pas arbitraire de considérer comme l’un des plus beaux vélodromes de la planète. Nous avions eu le privilège de le découvrir en avant-première le 19 décembre dernier. Ce soir, ce sont 6000 personnes qui ont pris place dans les tribunes pour son inauguration.
Il fallait marquer le coup, la fédé l’a fait en provoquant une rencontre entre la France et celle qui incarne autant une source de rivalité qu’une source d’inspiration, la Grande-Bretagne. Une soirée de très haut niveau entre les meilleurs pistards des deux nations concurrentes. Plus qu’une exhibition, une compétition importante qui sert de prise de marques à un mois des Championnats du Monde de Cali.
Toute la soirée, donc, les duels se seront succédé entre les sprinteurs français et britanniques. Trois épreuves au programme chez les filles comme chez les garçons. Et un carton plein des Bleus sortis vainqueurs de chacun de leurs duels ! L’histoire retiendra que François Pervis, l’homme le plus rapide du monde sur un kilomètre (56″303), aura été le premier à triompher dans l’enceinte du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, vainqueur aisé d’un tournoi de keirin qui l’opposait, par ordre d’apparition au classement, à Jason Kenny, Michaël D’Almeida, Callum Skrinner, Matthew Crampton et Kévin Sireau. De quoi placer les Bleus dans une superbe dynamique.
Si les tournois féminins auront été légèrement tronqués en l’absence de Rebecca James, la championne du monde de vitesse et de keirin malade et forfaite, ils auront livré de superbes rencontres franco-françaises. En finale de la vitesse, Virginie Cueff retrouve sa complice Sandie Clair. Avant que les deux filles ne s’associent pour s’adjuger la vitesse par équipes, elles doivent s’affronter d’égal à égal. Il n’est ici plus question de démarreuse (le poste de Sandie Clair) ou de finisseuse (celui de Virginie Cueff). Pourtant c’est bien la Bretonne qui conclut. Une fois en vitesse, une autre en keirin, où elle précède cette fois Olivia Montauban.
L’adversité est davantage olympique chez les garçons. Le triple médaillé d’or Jason Kenny s’est incliné dans le keirin, la discipline dont il est le champion du monde, mais il possède deux occasions de se racheter sur la piste yvelinoise où il s’apprête à retrouver Grégory Baugé, qu’il avait vaincu à Londres pour le titre olympique de la vitesse. C’est le retour du Guadeloupéen dans un tournoi de vitesse individuelle. Et son retour sera glorieux. En demi-finale, sur une manche sèche, Baugé tient sa revanche sur Kenny, parti de loin et qu’il vient sauter à la sortie du dernier virage. Il rencontrera François Pervis (vainqueur de Michael D’Almeida en demi-finale) dans un dernier sprint alléchant. Les deux hommes iront au contact, épaule contre épaule dans la ligne opposée, mais Grégory Baugé parvient à prendre le dessus sur le recordman du monde du kilomètre pour s’adjuger un titre plus qu’honorifique. C’est une renaissance.
Ne reste plus alors à cette formidable équipe de France qu’à conclure une soirée trépidante sous la clameur d’un vélodrome plein. Du jamais vu en France. La vitesse par équipes s’annonce relevée mais Grégory Baugé, Kévin Sireau et Michael D’Almeida offrent le carton plein aux Bleus en obtenant la victoire sur le fil. Ce soir, ils se sont montrés dignes d’un équipement à leur hauteur. Un outil exceptionnel destiné à leur permettre de rivaliser avec les Anglais dans la perspective des Jeux de Rio. Ils ont déjà pris un premier ascendant.