L’automne, ses feuilles mortes, sa douceur et ses classiques italiennes. Alors que l’été a laissé sa place, les coureurs voient venir la fin d’une nouvelle longue saison, obligeant les derniers résistants à passer au-delà des Alpes, en quête de victoires. Cette quinzaine transalpine s’internationalise de plus en plus, avec la présence des toutes meilleures formations. Aujourd’hui, pour le Tour d’Emilie aux abords de Bologne, les Italiens espéraient pourtant rester maîtres chez eux, histoire de fêter de la plus belle des manières la centième édition de cette épreuve de la fin d’année. Assez méconnu du grand public, le Tour d’Emilie offre depuis plusieurs années un final spectaculaire avec son Mur de San Luca, route pentue qui mène à la Basilique du même nom. Et si le pape s’y rendra demain, ce sont bien les cyclistes qui y étaient attendus en cette fin d’après-midi.
Mais avant de gravir cinq fois cette courte ascension de deux kilomètres où des pourcentages à hauteur de 18 % mènent chaque automne la vie dure aux participants, il fallait aujourd’hui faire un peu plus de kilomètres que d’habitude avec d’arriver dans la cité bolonaise et voir à quelle sauce les coureurs allaient être mangés. 223 kilomètres pour célébrer la 100ème du Tour d’Emilie, et ainsi prendre le temps de se rappeler au bon souvenir des grands noms qui honorent son palmarès. Des cinq victoires records de Costante Girardengo, au premier succès d’un étranger en 1972, un certain Eddy Merckx, à la seule victoire française de Jean-François Bernard dans sa belle année 1987 jusqu’à celle d’Esteban Chaves (Orica-Scott) l’an dernier, autant d’événements qui ont marqué l’histoire cycliste en Italie.
Le Colombien, tenant du titre, qui rêvait encore ce matin de doubler Emilie et Lombardie, goûtera durement au bitume dans la dernière descente et devrait, sauf miracle, déclarer forfait pour la Classique des feuilles mortes, conquise elle aussi par ses soins il y a un an. Bien avant cela, sept coureurs ont pu visiter la région avec plus de liberté que le peloton. Ce n’était peut-être pas la motivation première de Davide Ballerini (Androni-Giocattoli), Adrien Niyonshuti (Dimension Data), Redi Halilaj (Amore e Vita), Francois Bidard (Ag2r La Mondiale), Nicolas Edet (Cofidis), Fabien Doubey (Wanty-Groupe Gobert) et Jacopo Mosca (Wilier Triestina – Selle Italia), mais toujours est-il qu’avec sept minutes d’avance, ils ont pu en garder un peu plus d’une pour effectuer le premier passage du mur en tête.
De là, seuls Edet, Doubey et Mosca, assurément les trois plus costauds du groupe de tête, ont pu résister un peu plus longtemps, mais le train imposé par la Bahrain-Merida du favori Nibali à rapidement mis fin à leurs rêves de victoire. Mais alors que la formation rouge imposait son tempo, c’est un des leurs, Giovanni Visconti, qui plaça la première banderille intéressante à 16 kilomètres de la ligne. Derrière, personne ne fut en mesure d’assurer une poursuite efficace, et les trente secondes d’avance qu’il possédait encore au pied de l’ultime difficulté lui seront suffisantes pour l’emporter. Il devance son leader Vincenzo Nibali, de loin le plus fort aujourd’hui. Mais le Squale voit plus loin, avec le Tour de Lombardie samedi prochain. Où là il ne sera pas question de laisser les honneurs à un équipier. – Adrien Godard
Classement :
1. Giovanni Visconti (ITA, Bahrain-Merida) les 223,3 km en 5h31’22 » (40,4 km/h)
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 11 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) à 14 sec.
4. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) à 17 sec.
5. Gianni Moscon (ITA, Team Sky) à 22 sec.
6. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) à 25 sec.
7. Diego Ulissi (ITA, UAE Team Emirates) m.t.
8. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
9. Jack Haig (AUS, Orica-Scott) à 31 sec.
10. Ben Hermans (BEL, BMC Racing Team) m.t.