Alessandra Di Stefano, Rai Tv (Italie)
Alessandra Di Stefano est journaliste à la RAI, la télévision publique italienne, depuis 1998. Elle couvre le Tour de France depuis l’an 2000. Depuis ce printemps, elle est la présentatrice de l’émission « Processo alla Tappa », émission quotidienne qui suit les arrivées de chaque étape du Giro.
« Moins d’affrontements, plus d’ennui ? C’est le cyclisme d’aujourd’hui. »
« Franchement, on n’a pas eu de duel. On s’attendait à plus de défis, plus de combats. J’ai interviewé Giuseppe Martinelli, qui a vécu le sacre de Pantani en 1998, et je lui ai demandé : « auriez-vous imaginé voir l’étape du Tourmalet avec Pantani et Ullrich qui se serrent dans les bras l’un et l’autre ? » Evidemment, on ne veut pas de la méchanceté gratuite, mais on voudrait au moins de la méchanceté dans la course. Cet aspect-là a beaucoup manqué à cette édition. Ce n’était pas du Merckx-Ocaña. C’étaient d’autres coureurs, une autre époque, une autre vie. Avant, on avait un cyclisme un peu plus macho dans l’affrontement, l’un contre l’autre. Même au niveau des supporters, en Italie on a eu les tifosi de Gimondi contre ceux de Merckx, les Bartali contre les Coppi, les Simoni contre les Cunego, etc… Je pense que cette absence de combat est propre au cyclisme d’aujourd’hui. Il est peut-être plus ennuyant, il ne s’y passe jamais rien. On se souviendra toujours du saut de chaîne de Schleck et pas d’autre chose. En Italie, le Tour de France reste le Tour de France, c’est une épreuve à part. Il continue d’être suivi. On aimerait avoir un coureur compétitif. Depuis Marco Pantani, on a plus vraiment eu de coureurs pour jouer le classement général. Ca fait 12 ans maintenant. Mais au milieu, il ne faut pas oublier qu’on a eu beaucoup de scandales de dopage. Je pense qu’il faut regarder vers l’avant. Ce serait bien de voir Contador et Schleck se battre avec Ivan Basso sur les montagnes italiennes sur le Giro 2011. Ca, ça me plairait. »
Propos recueillis par Laurent Galinon.