N°1 : un moteur sous le capot
Ce 30 janvier à Zolder, une légende urbaine s’efface devant une bien triste réalité. Jusqu’alors fantasmé, le dopage technologique devient un fait avéré. Il porte un nom : celui de Femke Van Den Driessche. Le vélo de la jeune femme est saisi en marge du Championnat du Monde Espoirs de cyclo-cross grâce à une nouvelle méthode de détection. Et c’est un moteur que les inspecteurs découvrent dans le cadre. Ebranlé, le monde du cyclisme se retourne contre la fautive de 19 ans, qui écope d’une suspension de six ans et finit par renoncer à se défendre. Dès lors, on voit se multiplier les contrôles, facilités par une application sur tablette. Mais la méthode employée par l’Union Cycliste Internationale fait débat. Et après moult contestations, un nouveau dispositif viendra compléter ce test par tablette sur le Tour de France : des caméras thermiques. Au total, des milliers de vélos auront ainsi été passés au détecteur au cours de la saison. Sans qu’aucun nouveau cas de fraude technologique n’ait été décelé.
N°2 : coup de frein pour les disques !
Introduits depuis l’été 2015 à raison de quelques essais en course visant à les valider en vue des saisons futures, les freins à disques font grincer des dents. Peu de coureurs pros manifestent un réel emballement pour ce produit issu du VTT dont les plus réfractaires avancent les risques de coupures graves encourus en cas de chute. Et à ce titre, les chutes qui se multiplient sur les pavés de Paris-Roubaix vont faire leur première victime officielle : Francisco-José Ventoso (Movistar Team). L’Espagnol, qui est venu buter sur le vélo d’un coureur équipé de freins à disques, s’entaille profondément le tibia gauche. « J’ai eu de la chance car j’ai seulement un muscle cisaillé, témoignera-t-il. Mais vous imaginez si ce disque avait touché une jugulaire ou une artère fémorale ? » A compter de cet incident, l’UCI annonce la suspension de l’expérimentation pour le restant de la saison. Elle reprendra l’an prochain avec des freins à disques modifiés aux angles adoucis ou chanfreinés.
N°3 : l’abus d’AUT peut nuire à la crédibilité
A la rentrée, l’affaire dont tout le monde parle concerne les AUT : les autorisations à usage thérapeutique permettant à un athlète d’utiliser légalement un produit interdit à des fins curatives. Des pirates russes parvenus à s’introduire dans les bases de données de l’Agence Mondiale Antidopage mettent la main sur un certain nombre d’AUT délivrées au cours des années passées. Des documents confidentiels qui écornent notamment l’image de Bradley Wiggins. On apprend ainsi que le Britannique, pour combattre une allergie au pollen, a bénéficié d’une injection de Kenacort Retard, un puissant corticoïde ayant des effets antidouleur. Le tout juste avant le départ du Tour de France 2012, qu’il s’est adjugé. D’autres coureurs sont épinglés par ces dérogations médicales accordées par l’AMA et concordant avec leurs meilleurs résultats, comme Chris Froome, Fabian Cancellara ou Nino Schurter. Si aucune infraction n’est révélée, voilà qui soulève une vague d’interrogations embarrassantes.
N°4 : repêche au gros sur la Vuelta
Année après année, la Vuelta gagne sa place dans les courses qui font polémique. On a encore en tête l’exclusion de Vincenzo Nibali lorsque le Sicilien s’était laissé tracter à la portière de son véhicule après une chute en 2015. Cette fois, le débat fait rage quand 91 coureurs constituant le gruppetto franchissent la ligne tracée à Formigal (15ème étape) avec un débours de 53’54 ». Soit vingt bonnes minutes après les délais d’élimination fixés par le jury des commissaires et établis à 31’24 ». Ce jour-là, au terme d’une étape qui restera dans les annales avec l’échappée dès le départ d’une quinzaine de coureurs parmi lesquels le Maillot Rouge Nairo Quintana (Movistar Team) et l’Espagnol Alberto Contador (Tinkoff), seuls 70 coureurs bouclent la course dans les délais impartis. Face à un tel scénario, les commissaires ne peuvent que s’incliner et accepter de repêcher l’intégralité des coureurs attardés… parmi lesquels figuraient l’ensemble des équipiers de Chris Froome (Team Sky), le grand vaincu du jour.
N°5 : Arnaud Démare face aux mauvais perdants
Le triomphe d’Arnaud Démare (FDJ) sur la Via Roma ne fait pas que des heureux. Au-delà des frontières françaises, quelques coureurs prennent le parti d’entâcher le succès du sprinteur picard. C’est notamment le cas de l’Italien Matteo Tosatto (Tinkoff), qui affirme avoir vu Arnaud Démare gravir la Cipressa au crochet d’une voiture après avoir été retardé dans une chute au pied de l’ascension. « Il est passé à 80 km/h dans la montée, prétend Tosatto. Je n’ai pas vu s’il était à la fenêtre de la voiture de l’équipe ou s’il a été remonté à l’aide d’un bidon-collé, mais sans cette aide il n’aurait jamais gagné. » De lourdes accusations avec lesquelles Arnaud Démare doit composer. Pour valider sa victoire sur Milan-San Remo, il devra diffuser ses données de vitesse sur Strava. Il ajoute : « la moto du commissaire était à mes côtés après ma chute, j’aurais forcément été pénalisé si j’avais triché. Il y a des mauvais perdants partout, c’est de bonne guerre. Les Italiens ont forcément été déçus qu’un jeune Français de 24 ans vienne s’imposer chez eux sur la Via Roma. »