14ème étape : la montagne accouche d’une surprise
La partie de cache-cache à laquelle se sont adonnés les favoris au cours des deux premières semaines ne pouvait plus durer alors le Giro faisait une entrée brutale en haute montagne. Ni les premiers sommets rencontrés dans les Apennins ou le Frioul ni le long contre-la-montre au cœur du Vignoble du Chianti n’auront été véritablement décisifs. Il faut attendre cette étape gargantuesque des Dolomites avec 5400 mètres de dénivelé pour assister à la première véritable passe d’armes entre favoris. Mais le duel attendu entre Vincenzo Nibali et Alejandro Valverde n’aura pas lieu. Le Sicilien provoque certes la perte de l’Espagnol au prix d’un brutal changement de rythme, mais le champion italien doit vite se ranger quand Esteban Chaves et Steven Kruijswijk passent à l’attaque. A l’arrivée, les deux hommes se partagent équitablement les rôles. Le Colombien enlève l’étape tandis que le Néerlandais prend possession du maillot rose.
15ème étape : Steven Kruijswijk persiste et signe, Nibali en difficulté
Au lendemain de cette étape des Dolomites ayant causé de nombreux dégâts, les favoris du Giro avaient rendez-vous avec un exercice typique du Giro : un cronoscalata sur l’Alpe di Siusi. Et Steven Kruijswijk confirme la bonne impression qu’il a laissée la veille en devançant à nouveau l’ensemble de ses rivaux. Bien qu’il bute sur le temps du surprenant Alexander Foliforov, le Néerlandais met alors ses adversaires à bonne distance au classement général, y compris Vincenzo Nibali qui n’accusait que 37 secondes de retard au départ. Mais une contre-performance et un ennui mécanique au cours de la montée lui coûtent 2’10 » à l’arrivée. A ce moment, Steven Kruijswijk possède alors plus de 2 minutes d’avance au classement général et devient une menace à prendre au sérieux à une semaine de l’arrivée à Turin.
16ème étape : Steven Kruijswijk creuse encore
Le retard qu’ils ont pris sur Steven Kruijswijk au cours des deux premières étapes des Dolomites ne laisse d’autre choix à ses adversaires que de tenter le tout pour le tout, dès la dernière étape du triptyque. Vincenzo Nibali passe de la parole aux actes en passant à l’offensive à 70 kilomètres de l’arrivée et écarte temporairement Esteban Chaves du bon groupe. Mais le Sicilien cale dans l’ultime difficulté à 20 kilomètres du but et lâche à nouveau près de 2 minutes pour être repoussé à 4’43 » de Steven Kruijswijk. Alejandro Valverde, de son côté, lave l’affront de la grande étape des Dolomites en conquérant sa première victoire sur le Giro. Mais le grand gagnant de cette 16ème étape n’est autre que Steven Kruijswijk. Le Maillot Rose, bien que la victoire d’étape lui échappe encore, a de plus en plus le profil du vainqueur final. Avant les Alpes, il dispose de 3 minutes d’avance sur son dauphin. Il ne sait pas que le pire est à venir.
19ème étape : Vincenzo Nibali renverse le Giro
Le pire pour Steven Kruijswijk intervient donc trois jours plus tard dans la première véritable étape alpestre entre Pinerolo et Risoul. Le maillot rose qui semblait si solidement accroché à ses larges épaules s’éloigne quand le Néerlandais, mis sous pression par Vincenzo Nibali dans la descente du col Agnel, heurte violemment les bas côtés enneigés, voit son vélo lui passer par dessus la tête et s’écrase dans la neige. Le champion d’Italie saisit sa chance face à ce Maillot Rose groggy. Avec l’aide d’Esteban Chaves et de ses équipiers, Vincenzo Nibali gomme kilomètre après kilomètre les secondes qui le séparent de la tête du classement général. Rassuré par des examens médicaux qui n’ont rien révélé d’anormal malgré une traversée des Dolomites calamiteuse, Vincenzo Nibali retrouve de sa superbe dans la montée de Risoul et triomphe au sommet. Le coureur d’Astana se replace, contre toute attente dans la course au maillot rose porté par Esteban Chaves à la veille de la dernière étape décisive.
20ème étape : Vincenzo Nibali termine le travail
Transcendé par sa résurrection la veille dans l’étape de Risoul, Vincenzo Nibali doit encore reprendre 44 secondes à Esteban Chaves pour remporter un deuxième Tour d’Italie. Une seule offensive aura été suffisante dans le col de la Lombarde pour parachever le travail. Même s’il craque légèrement dans les derniers mètres de la montée menant à Sant’Anna di Vinadio, même s’il insiste jusqu’au bout et se refuse à célébrer une victoire qui n’attendait que d’être officielle, Vincenzo Nibali arrive à ses fins. Le maillot rose et sa quatrième victoire sur un Grand Tour l’attendent au bout de cette avant-dernière étape. Bien qu’il ne l’ait pas porté sur une seule journée, c’est bien lui qui paradera avec le maillot rose dans les rues de Turin au bout de ce Giro complètement dingue.