N°1 : les larmes de Jean-Christophe Péraud
Quand Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) pénètre enfin dans le gymnase du lycée Laure-Gatet de Périgueux où nous l’attendons impatiemment avec la presse internationale, il n’a visiblement pas encore repris ses esprits. La conférence de presse du n°2 du Tour sera brève, sept minutes, mais sept minutes de supplice pour un coureur qui s’y présente extrêmement ému. Dès ses premiers mots, volontairement courts, des sanglots d’émotion s’échappent de la gorge nouée du coureur aux yeux humides, accélérant les battements de nos cœurs. Furtivement, le micro plaqué contre ses lèvres tremblantes, Jean-Christophe Péraud évoque l’avenir dans des réponses qui se font de plus en plus brèves. Et quand l’un de nos confrères évoque son émotion, soudain les mots ne sortent plus. Cette fois la gorge dénouée ne peut plus retenir les sanglots, les yeux détrempés ne peuvent plus contenir les larmes. Une salve d’applaudissements comme rarement la salle de presse n’en adresse à un champion qui se livre à elle retentit pour laisser à Jicé le temps de reprendre ses esprits. Il ne les reprendra pas. « Je pense qu’on en a assez dit, non ? On va me laisser aller dormir… », conclut-il en pleurs avant de s’effondrer dans les bras de son manager Vincent Lavenu.
N°2 : une liesse populaire incroyable à Hoogerheide
De la pluie. Des températures approchant le zéro. Une liesse populaire incroyable. Une odeur de friture à laquelle se mêle celle du houblon. Pas de doute, les Championnats du Monde qui sont disputés à Hoogerheide au début du mois de février et que nous avons eu le privilège de vivre et de vous faire vivre réunissent tous les ingrédients d’une grande fête du cyclo-cross. Les Mondiaux, c’est souvent l’occasion pour les passionnés de tout pays de se rencontrer. Dans la boue visqueuse du circuit néerlandais, on a vu du coq français un peu, du lion des Flandres surtout, du bonnet orange beaucoup, et du noir-jaune-rouge un peu partout. Mais ce qui fait tout le charme des cyclo-cross dans les pays néerlandophones, ce sont avant tout ces supporters qui rivalisent d’ingéniosité pour se distinguer de la masse. À Hoogerheide, on aura donc vu des Suisses déguisés en vache et d’autres agiter leurs cloches pour soutenir leurs poulains, l’organisation du Cross-Vegas parader avec un chapeau de cow-boy sur le crâne, un nombre incalculable de perruques aux couleurs belges et même un renard empaillé soutenir la délégation néerlandaise ! On aura aussi et surtout entendu la foule scander le nom de ses champions dans une clameur à vous hérisser le poil. Après tout, c’est surtout ça un cyclo-cross dans un pays où il est érigé comme sport national !
N°3 : on a roulé au paradis !
Au terme de notre séjour sur le fenua réalisé dans le cadre de la Ronde Tahitienne et du formidable séjour cyclo-touristique monté par le Vélo Club de Tahiti, les adieux se font la gorge nouée et le cœur lourd, chargé d’émotions et de souvenirs impérissables. A l’évidence, participer à la plus exotique des cyclosportives françaises restera une expérience magique. S’aventurer en 4×4 à travers les paysages majestueux du cœur de Tahiti, nager au milieu de poissons exotiques multicolores, s’évader en catamaran pour un atoll paradisiaque au milieu du Pacifique… et puis rouler bien sûr à hauteur de l’océan Pacifique, la mer sculptée par le vent d’un côté, les falaises à la végétation dense y plongeant de l’autre, dans un cocktail magique de senteurs et de parfums suaves. Le tout dans la chaleur humaine avec laquelle on vous reçoit naturellement en Polynésie française. Il faut bien tout le dynamisme du Vélo Club de Tahiti pour mettre sur pied, à l’attention des participants venus de métropole et d’ailleurs, un séjour éblouissant mêlant judicieusement sport, découverte et culture. Rouler au paradis porte désormais un nom : la Ronde Tahitienne. Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la 4ème édition d’une cyclosportive à faire au moins une fois dans sa vie, le dimanche 31 mai 2015.
N°4 : un tour de l’Islande à vélo en 58 heures
Vendredi 28 juin, 5h38. 58 heures et 38 minutes après le départ donné à Reykjavik, notre périple de 1332 kilomètres autour de l’Islande, cette île cinq fois moins grande mais 200 fois moins peuplée que la France, prend fin. Résumer le Wow Cyclothon, cette épreuve disputée par équipes et en relais au soleil de minuit, à une affaire de chiffres serait bien insuffisant pour décrire ce que nous avons vécu au cours de cette semaine inoubliable fin juin. Le Wow Cyclothon, c’est avant tout une expérience unique mêlant des paysages extraordinaires au milieu des fjords, des déserts de pierres noires sans fin et des glaciers et une aventure inoubliable entre six inconnus où se sont mêlés émerveillement, franches parties de rigolade et coups de gueule. Au moment où nous franchissons donc la ligne ce vendredi 28 juin au petit matin, un sentiment d’allégresse envahit notre petite équipe tant nous avons la sensation d’avoir réalisé un exploit. L’état second dans lequel nous nous trouvons avec les jambes lourdes et la fatigue due à notre dette de sommeil est mis entre parenthèses le temps d’une cérémonie sommaire. Une personne nous attend pour nous signifier l’arrivée, nous fait monter sur un podium constitué de palettes, nous remet une médaille et une bouteille de champagne. Car même si nous arrivons 17èmes et bons derniers, nous voilà « finishers », victorieux d’avoir conclu cette boucle autour de l’Islande et vaincu la fatigue.
N°5 : quand Daniel Mangeas nous confie ses mémoires
A l’occasion du 101ème Tour de France, Vélo 101 a décidé de confier une rubrique à Daniel Mangeas, l’inimitable voix du Tour qui posera définitivement son micro le 27 juillet sur les Champs-Elysées. Parce qu’il va tirer sa révérence sur cette édition qui nous est chère et que le personnage le mérite amplement, nous enregistrons avec lui au printemps ses mémoires qui seront diffusées en juillet. L’instant est empreint de magie. A l’arrière du car-podium sur lequel il vient d’orchestrer la cérémonie protocolaire du Circuit de la Sarthe, nous nous attablons avec Daniel Mangeas et l’interrogeons sur des thèmes ou des éditions ciblés. Deux heures durant, le speaker légendaire nous ouvre ses mémoires avec la passion, l’émotion et la complicité qui le caractérisent. On l’écoute religieusement, buvant chacune de ses paroles, comme on écouterait un vieux sage un soir d’hiver au coin du feu. Daniel Mangeas est intarissable. Son engouement est communicatif. Si la voix qui a accompagné les 41 dernières éditions du Tour de France manquera forcément à nos oreilles en juillet 2015, on aura encore plaisir à la retrouver sur d’autres épreuves. « J’ai toujours la même passion, nous dit-il. J’ai pris du plaisir à commenter le Tour, mais ce serait pareil assis sur un talus sous un chaud soleil à regarder une 1, 2, 3, Juniors. Car plus que tout j’aime l’ambiance qui règne sur les compétitions cyclistes. »