N°1 : Vuelta # 20 : Fabio Aru porte le coup de grâce
Au cœur de la marée humaine qui le dévore, Fabio Aru (Astana) empreint d’une belle émotion se fraie un chemin pour enlacer ici Mikel Landa, étreindre là Luis-Leon Sanchez, deux des coéquipiers arrivés à ses côtés à Cercedilla, où la Vuelta a définitivement basculé en sa faveur. C’est que seul, comme l’était le malheureux Tom Dumoulin (Giant-Alpecin), jamais le grimpeur italien n’aurait été capable de faire plier le rouleur hollandais lors de l’ultime acte du Tour d’Espagne. La bataille s’engage dans l’avant-dernier col, mais c’est dans la courte vallée qui précède la dernière difficulté que la Vuelta se joue. Fabio Aru retrouve alors le renfort de Luis-Léon Sanchez et Andrey Zeits stratégiquement placés dans l’échappée du matin. Ceux-là allaient appuyer un relais décisif et porter le coup de grâce au bénéfice de leur leader. Désemparé, Tom Dumoulin finissait par reculer définitivement. Sans ce coup de génie tactique, jamais Fabio Aru n’aurait paradé en rouge dans les rues madrilènes 24 heures plus tard.
N°2 : Circuit Het Nieuwsblad : Ian Stannard contre les Etixx-Quick Step
Encore aujourd’hui, dix mois après les faits, on se demande comment l’équipe Etixx-Quick Step a fait pour échouer au Circuit Het Nieuwsblad. Cela aurait dû rester un cas d’école. Glissez à l’avant votre leader (Tom Boonen) entouré de ses deux meilleurs lieutenants (Niki Terpstra et Stijn Vandenbergh) à l’entame de la dernière heure de course, isolez avec vous le tenant du titre (Ian Stannard) au sein d’un quatuor dont vous avez la mainmise. Le coup lancé à 43 kilomètres de l’arrivée était parfait. Presque parfait. L’écueil d’Etixx-Quick Step, c’est d’avoir trop voulu mettre tous ses œufs dans un seul panier, en l’occurrence, celui de Tom Boonen. Le Circuit Het Nieuwsblad est la seule Flandrienne qui manque au palmarès du champion belge. Aussi Etixx-Quick Step ne veut pas seulement gagner, elle veut gagner avec le quadruple vainqueur de Paris-Roubaix. Trop pressé d’aller chercher la victoire qui lui fait défaut en Flandre, Tom Boonen démarre à 4,5 kilomètres de l’arrivée. Ian Stannard se fait surprendre, mais s’exécute à la poursuite du champion belge, qu’il ramène dans le rang un kilomètre plus loin. Aussitôt, Niki Terpstra contre-attaque. Mais une fois encore Ian Stannard, qui s’est fait tracter par la locomotive Etixx pendant quarante bornes, profite de sa fraîcheur pour rentrer et passe aussitôt à l’action. Il se déleste de Vandenbergh et de Boonen avant d’ajuster Niki Terpstra au sprint. Plus encore que la victoire du stratège, on retiendra la défaite du collectif qui ne gagnera qu’une classique : Kuurne-Bruxelles-Kuurne.
N°3 : Paris-Roubaix : John Degenkolb monumental
A la sortie du secteur de Gruson, ils sont encore vingt-six en lice pour soulever le pavé que récolte le vainqueur de Paris-Roubaix. Aussi, sur le modèle de ce qu’avait réalisé Niki Terpstra l’an passé, Yves Lampaert (Etixx-Quick Step) place un démarrage à 12 kilomètres du but pour s’échapper du peloton avec Greg Van Avermaet (BMC Racing Team). Il y a danger et John Degenkolb (Giant-Alpecin), qui s’était fait avoir de la sorte l’an passé, condamné à sprinter pour la 2ème place sur l’anneau de béton, a bien retenu la leçon. L’Allemand ne mettra pas longtemps à réagir, profitant le temps de quelques instants de l’aide précieuse de son coéquipier Bert De Backer. Il avale les pavés de Hem, en coupe les virages, pour fondre sur le duo belge à la sortie de l’ultime secteur pavé à 6 kilomètres du but. Même si un regroupement s’opère avec Lars Boom (Astana), Martin Elmiger (IAM Cycling), Jens Keukeleire (Orica-GreenEdge) et Zdenek Stybar (Etixx-Quick Step) avant d’entrer sur le vélodrome, John Degenkolb sprinte pour la victoire et devient le deuxième coureur de l’histoire à faire le doublé Milan-San Remo-Paris-Roubaix, vingt-neuf ans après Sean Kelly.
N°4 : Critérium du Dauphiné # 6 : Vincenzo Nibali renverse le Dauphiné
Tejay Van Garderen (BMC Racing Team), Chris Froome (Team Sky) et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) faisaient les gros titres à Pra-Loup 24 heures plus tôt pendant que Vincenzo Nibali (Astana) ralliait la ligne d’arrivée sans se presser, jugeant alors peu judicieux de fournir des efforts superflus. Pourtant, le lendemain il livre une débauche d’énergie vers Villard-de-Lans. Un vent de folie s’empare du Critérium du Dauphiné. L’assaut est donné à 115 kilomètres de l’arrivée. L’alerte est donnée au sein du peloton, mais la cohésion des cinq hommes de tête dont Nibali fait partie ne permettra jamais aux acteurs de l’étape de Pra-Loup de jouer les premiers rôles dans le massif du Vercors. Si l’étape revient à Rui Costa (Lampre-Merida), Vincenzo Nibali s’empare du maillot jaune. Sa prise de pouvoir ne sera pourtant qu’éphémère puisque l’Italien rend les armes dès le lendemain dans la côte des Amerands, préambule à la montée finale du Bettex.
N°5 : A Travers la Flandre : le coup de maître des Topsport-Vlaanderen Baloise
Alors que la flamme rouge d’A Travers la Flandre se profile, les Topsport Vlaanderen-Baloise sont en position de force. Avec deux hommes dans un groupe de quatre qui comprend également le champion du monde, Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step) et Dylan Van Baarle (Cannondale-Garmin), la victoire ne peut échapper aux coureurs flamands, d’autant qu’ils possèdent le coureur le plus rapide du groupe en la personne d’Edward Theuns (Topsport Vlaanderen-Baloise). Leur autre représentant, Jelle Wallays est émoussé après avoir passé la journée à l’avant, seulement rejoint par les trois autres à 55 kilomètres de l’arrivée. Mais l’ancien vainqueur de Paris-Tours prend tout le monde à contre-pied en attaquant sous la flamme rouge au lieu de se mettre au service de son leader. La suite lui donne raison. Ses trois compagnons de fugue se regardent pendant qu’il remporte sa deuxième classique en l’espace de quelques mois. Edward Theuns règle le sprint pour offrir à son équipe un doublé acquis grâce à sa science de la course.