Plus la date du 1er octobre approchait, plus l’avenir de l’équipe Sojasun s’assombrissait. En ce 30 septembre, il n’y avait que deux solutions. Soit, un miracle du même type que celui vécu par Jean-René Bernaudeau voilà trois ans sauvait l’équipe de Stéphane Heulot, soit l’ancien champion de France annonçait la fin de sa structure. Malheureusement pour lui et pour le cyclisme français dans son ensemble, le Breton a eu bien moins de chance que son homologue vendéen. L’annonce est aussi attristante qu’attendue : Sojasun ne repartira pas en 2014 et l’équipe est contrainte de mettre la clé sous la porte. Du moins, l’équipe professionnelle. Sojasun Espoir-ACNC, la réserve en DN1, poursuivra dans les pelotons amateurs pour continuer la politique de formation toujours souhaitée par le staff breton.
Stéphane Heulot aura pourtant tout tenté. Tout a commencé début août quand Sojasun, l’entreprise qui donnait son nom à la formation, annonçait qu’elle ne pourrait plus se maintenir en qualité de sponsor principal. Celui qui avait endossé le maillot jaune au lac de Madine sur le Tour 1996 devait alors chercher un nouveau partenaire titre en annonçant qu’il donnerait des réponses sur l’avenir de sa structure à la fin du mois d’août. À cette date, on sentait déjà que le vent avait tourné. Le Rennais repoussait sa deadline au 1er octobre, mais l’éventualité d’une reprise devenait de moins en moins probable. Le couperet est finalement tombé aujourd’hui, à la veille du dépôt des dossiers de candidature à l’UCI alors que d’intenses tractations auraient été menées avec un potentiel partenaire ces derniers jours.
Pourtant, ce soir si la tristesse et la déception sont de rigueur, il n’y a guère de fatalisme. « 2014 sera une année de transition comme il en existe parfois dans la carrière d’une équipe cycliste, précise Stéphane Heulot. Nous préservons les fondamentaux c’est-à-dire la formation grâce à l’association Sojasun Espoir-ACNC sur laquelle nous allons nous appuyer. Cette aventure représente la concrétisation d’un projet de formation de jeunes qui nous a permis de participer trois fois au Tour de France. Trois participations pleines d’audace, de combativité et d’émotions. » La formation de DN1 qui a vu éclore de nombreux représentants phares du cyclisme français aujourd’hui comme Pierre Rolland, Julien Simon, Anthony Delaplace ou plus récemment Maxime Daniel est plus que jamais porteuse d’espoirs. Parce que les coureurs qui la constituent sont prometteurs, bien sûr, mais aussi, car elle permet à la structure de continuer à exister.
En cinq saisons dans les pelotons professionnels, Sojasun aura participé aux plus grandes épreuves sur le sol national : trois Tours de France, bien sûr, même s’il manquera toujours un succès d’étape, mais aussi à plusieurs Paris-Nice et autres Critérium du Dauphiné, en plus des grandes classiques internationales avec quatre Paris-Roubaix, deux Liège-Bastogne-Liège et trois Flèches Wallonnes. L’équipe bretonne ne s’est pas contentée de faire de la figuration sur les épreuves WorldTour. Notamment en 2012 qui restera sa meilleure saison avec deux victoires d’étape au Tour de Catalogne et une au Tour de Romandie, respectivement grâce à Julien Simon et Jonathan Hivert. L’un comme l’autre est maintenant sur le marché, comme tout le staff. Reste à savoir s’ils trouveront tous un refuge. Mais avec les arrêts actés d’Euskaltel-Euskadi, de Crelan-Euphony et de Vacansoleil-DCM, le marché, déjà saturé se bouche un peu plus…