Par la force des choses, les contrées les plus éloignées sont souvent les plus négligées lorsqu’il s’agit de dessiner sur une carte le tracé d’un Grand Tour. Nichée à l’extrémité nord-ouest de la péninsule ibérique, la Galice n’a pas le loisir de recevoir chaque année la Vuelta, alors en choisissant d’y lever l’ancre cette année, les organisateurs espagnols ont aussi offert à la communauté autonome un programme de grande qualité en leur accordant quatre étapes, les quatre premières, et un spectacle aussi fabuleux que ne l’est le littoral galicien. Si de hauts massifs s’élèvent un peu plus à l’est, c’est bien la côte atlantique que la course a décidé de saluer au cours des quatre premiers jours. Ce qui ne rend pas les étapes lisses, bien au contraire, les rares bosses étant exploitées à bon escient en accueillant chaque jour la ligne d’arrivée.
Prenez la troisième étape qui nous attend aujourd’hui. Au départ de Vigo, la ville la plus importante de Galice, mais pas pour autant sa capitale, statut réservé à Saint-Jacques-de-Compostelle, les coureurs partent pour 184,8 kilomètres d’une course côtière qui longera le littoral presque non-stop jusqu’au Mirador de Lobeira, théâtre de l’explication finale sur 4,9 kilomètres à 4,8 %. A priori elle ne présente pas la moindre difficulté, or elle ne manquera pas d’action. D’abord parce qu’en début de Grand Tour, même fin août, la nervosité gagne toujours un peloton. Ensuite parce que le vent du large est omniprésent dans ce coin, le terme est approprié, de l’Espagne. Ça plus ça, avec l’appât d’une victoire d’étape pour les puncheurs et les favoris qui voudront bien s’en mêler, voilà qui promet !
Se lancer dans une attaque après le départ n’a pas beaucoup de sens, mais il faut bien tromper l’ennui et tâcher d’animer la longue portion de plat avant que les choses ne s’animent. C’est la mission qu’acceptent Cyril Bessy (Cofidis), Luca Dodi (Lampre-Merida), Fabricio Ferrari (Caja Rural), Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi) et Vicente Reynes (Lotto-Belisol). Cinq audacieux qui vont prendre pas loin de six minutes d’avance jusqu’à provoquer la réaction des formations intéressées par la victoire d’étape au Mirador de Lobeira. Le long des plages galiciennes sur lesquelles viennent s’écraser les vagues qu’un franc soleil fait miroiter, Bessy, Dodi, Ferrari, Urtasun et Reynes abandonnent leur doux rêve. Ils sont rejoints à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, alors que le rythme du peloton s’est brusquement emballé.
Des coureurs à contresens sur le pont de l’île d’Arousa.
Le danger rôde partout sur la route de la Vuelta. A 40 kilomètres de l’arrivée, deux chutes successives entraînent une fracture dans le peloton, que le vent de la mer accentue tout de suite. Surtout, la course s’apprête à faire un détour par la divine île d’Arousa, un petit bout de terre isolé du continent qu’un pont de 2 kilomètres relie à la péninsule. Or le pont est étroit et coupé en deux de manière à ce que les coureurs empruntent une voie à l’aller, l’autre au retour. Une idée que n’ont pas saisie tous les concurrents. Ayant mal négocié leur approche du pont, certains d’entre eux se retrouvent de l’autre côté de la chaussée, ce qui crée une prise de conscience au sein du peloton, qui coupe momentanément son effort de manière à ce que les piégés puissent réintégrer la route de la course.
De l’île d’Arousa, c’est le demi-tour et à nouveau l’emprunt du pont, cette fois dans l’autre sens, le plus exposé au vent. Ici la sélection se fait naturellement, des cassures sont observées, mais au retour sur le continent il reste 25 kilomètres à parcourir et pas suffisamment d’équipes motivées à alimenter le rythme endiablé jusqu’au pied du Mirador de Lobeira. Il est décrété une trêve, ce qui permet le retour des nombreux coureurs piégés, au rang desquels figuraient notamment Bauke Mollema (Belkin), Mikel Nieve (Euskaltel-Euskaltel) et Thibaut Pinot (FDJ.fr). Tous rentreront dans le rang avant l’explication finale sur les 5 derniers kilomètres ascendants.
Des coureurs qui ont coché cette étape, il y en a un qui compte sur sa forme du moment pour combler son mince retard au classement général. 10 secondes de bonification sont allouées au vainqueur de l’étape, soit autant que le retard de Chris Horner (RadioShack-Leopard) sur Vincenzo Nibali (Astana) au classement général. Alors l’Américain démarre à l’attaque du dernier kilomètre, revenant comme un boulet de canon sur Ivan Santaromita (BMC Racing Team), qui avait tenté sa chance un peu plus tôt. A bientôt 42 ans, celui qui a terminé 2ème du Tour de l’Utah au début du mois pour sa reprise après l’apparition d’une boule séreuse au niveau du genou au printemps, conserve juste de quoi franchir la ligne le premier ce soir, devant Alejandro Valverde (Movistar Team) et Joaquim Rodriguez (Team Katusha), pour s’emparer du maillot rouge.
Demain mardi, la quatrième étape se disputera entre Lalin et Fisterra (189 km).
Classement 3ème étape :
1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) les 184,8 km en 4h30’18 » (40,1 km/h)
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 3 sec.
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
4. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) m.t.
5. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) m.t.
6. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.
7. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
8. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 6 sec.
9. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
10. Ivan Basso (ITA, Cannondale) m.t.
Classement général :
1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) en 9h37’40 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 6 sec.
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 14 sec.
4. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 16 sec.
5. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) à 23 sec.
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 24 sec.
7. Rigoberto Uran Uran (COL, Team Sky) à 25 sec.
8. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 38 sec.
9. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 45 sec.
10. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) m.t.
Classement par points :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 32 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 32 pt
3. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 28 pt
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 25 pt
5. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 23 pt
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 20 pt
7. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 17 pt
8. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 17 pt
9. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 17 pt
10. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 14 pt
Classement de la montagne :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 10 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 6 pt
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 4 pt
4. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 3 pt
5. Javier-Francisco Aramendia (ESP, Caja Rural) 3 pt
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 3 pt
7. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 2 pt
8. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 2 pt
9. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 1 pt
10. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Sharp) 1 pt
Classement du combiné :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 5 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 8 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 14 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 18 pt
5. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 27 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 31 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 43 pt
Classement par équipes :
1. RadioShack-Leopard (LUX) en 27h53’31 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 14 sec.
3. Belkin (PBS) à 1’13 »
4. Team NetApp-Endura (ALL) à 1’22 »
5. Movistar Team (ESP) à 1’25 »
6. Astana (KAZ) à 1’41 »
7. FDJ.fr (FRA) à 2’41 »
8. Team Katusha (RUS) à 2’45 »
9. BMC Racing Team (USA) à 2’58 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 6’34 »