Avec les annulations successives des premières courses de l’année, Paris-Nice apparaît plus que jamais comme l’épreuve de référence du début de saison. Avant son grand départ de Mantes-la-Jolie, le 6 mars, les coureurs n’auront jamais couru aussi longtemps qu’une semaine, à si haut niveau et aussi haut. Le parcours 2022 met parfaitement en scène le théâtre de cette explication. Cette année, chaque étape prendra des airs de classique. Entre risques de bordures et aléas de la moyenne montagne, chaque issue sera incertaine. Ainsi, entre sprints, vallons et montagnes, sans oublier le traditionnel chrono, tous les profils de coureurs pourront briller sur la Course au Soleil. Pour cette raison, celle-ci a placé son dessin sous le mot d’ordre « d’équilibre et variété », entre continuité et changement. L’idée est de conserver les grandes lignes constitutives de l’identité de l’épreuve tout en ne cessant pas d’innover, en proposant de nouveaux parcours et profils nécessaires au renouvellement. Selon François Lemarchand, directeur de Paris-Nice, Primoz Roglic et Egan Bernal ont d’ores et déjà confirmé leur présence au départ.
Le parcours de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Les étapes et profils de Paris-Nice 2022 en détail
Etape 1 : Mantes-la-Ville > Mantes-la-Ville, 159,8km, Dimanche 6 mars 2022
Pour la 13e année consécutive, Paris-Nice s’élancera des Yvelines, fière du partenariat noué avec ce département riche en variété. Et cette première étape illustrera ses reliefs. Son terme promet d’être animé avec le franchissement à deux reprises de la côte de Breuil-Bois-Robert (1,2km à 6%), dont le dernier passage au sommet ne sera situé qu’à 5,5 kilomètres de la ligne d’arrivée. Les sprints de bonifications en montée précédant son amorce devraient également participer à l’animation des débats. Parmi les sprinteurs, il faudra férocement s’accrocher pour entrevoir le bouquet. Et si la course y est rendue dure, le peloton pourrait finir par exploser, laissant les costauds s’expliquer. Et encore, tout ce beau monde pourrait bien être trié sur le volet du côté de Houdan, à une cinquantaine de bornes du terme de l’étape, où un vent de côté et des portions dégagées pourraient bien participer à la formation de bordures, comme on a tant l’habitude d’en voir sur Paris-Nice.
Le profil de la 1ère étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Etape 2 : Auffargis > Orléans, 159,2km, Lundi 7 mars 2022
A prime abord, ce coup de crayon vers le sud semble plus abordable pour les « grosses cuisses ». Avec un final on-ne-peut-plus plat et de longues portions rectilignes, la tâche leur devrait être facilitée. Ça tombe bien, ils sont déjà nombreux à se presser au portillon pour participer à cette 80e édition de Paris-Nice. Sonny Colbrelli, Wout Van Aert, Rudy Barbier, Arnaud Démare ou encore Nacer Bouhanni sont ainsi d’ores et déjà pressentis. Toutefois, comme la veille, certains d’entre eux pourraient être éliminés d’office de l’emballage final s’ils succombaient au piège des bordures, encore menaçant sur cette deuxième étape. La météo des plaines du Bassin parisien en décidera !
Le profil de la 2ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Etape 3 : Vierzon > Dun-le-Palestel, 190,8km, Mardi 8 mars 2022
Après s’est encore risqué au vent de côté, cette fois en Indre, le peloton de Paris-Nice entrera dans la Creuse. Et si ce département est réputé dépeuplé, il gagnerait tout autant à faire davantage parler de lui pour son relief. C’est bien simple, il ne proposera pas un mettre de plat aux coureurs ! Le premier passage sur la lignée d’arrivée sera abordé après le franchissement de deux difficultés, entamant alors un circuit fort vallonné. Son point d’orgue se situera en son milieu, à une vingtaine de bornes du final, avec la longue côte de Le Peyroux (2,8km à 5,2%) et son approche particulièrement usante, tout en faux-plat montant. Après la bascule, les coureurs ne seront pas débarrassés pour autant de toute montée, puisque deux raidards animeront l’arrivée, dont le dernier en amont de la ligne. Un certain Wout Van Aert pourrait bien en faire profit !
Le profil de la 3ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Etape 4 : Domérat > Montluçon, 13,4 km – C.l.m individuel, Mercredi 9 mars 2022
Si les costauds ont dernièrement progressé en chrono, il s’agit bien là d’un chrono pour costauds ! Dans l’Allier pas plus que dans la Creuse, Paris-Nice ne s’aplatira. Le parcours du jour est ainsi composé d’une succession de vallons, aux pourcentages jamais bien méchants mais à la répétition particulièrement usante, après trois jours d’une intensité épuisante. Le facteur fraîcheur commencera donc à compter dans l’addition, et pourra même être déterminant dans la côte de la rue Bouffon (700m à 8,6%), qui hissera les coureurs jusqu’à la ligne d’arrivée. Un spécialiste du cyclo-cross, habitué à se livrer au maximum sur quelques dizaines de minutes, sera donc avantagé sur ce parcours court mais sans répit.
Le profil de la 4ème étape de Paris-Nice 2022 | ©
Etape 5 : Saint-Just-Saint Rambert > Saint-Sauveur-de-Montargut, 188,8km, Jeudi 10 mars 2022
Il faudra absolument éviter le retard à l’allumage dans la Loire ! Effectivement, après un premier faux-plat montant, le peloton de Paris-Nice abordera après 20 petites bornes la montée de la Croix de Chaubouret, longue de 9,8 kilomètres à 6,6%. L’échappée s’y dessinera certainement en costaud, ne laissant que les meilleurs prendre les devants. Une fois basculés en Ardèche, les coureurs auront affaire aux reliefs typiques du département, sur lesquels ils auront peut-être pu s’entraîner à l’occasion de la Faun Ardèche Classic en février. 4 difficultés répertoriées seront alors franchies tour à tour, dont les ardus côte de Saint-Romain-de-Lerps (6,5km à 7,3%) et col de la Mure (7,6km à 8,3%), dont le sommet sera placé à 33km de l’arrivée. Une dernière montée vers Saint-Vincent-de-Durfort, classée en sprint intermédiaire, sera certainement le juge de paix de la journée. Il achèvera l’explication d’une bonne échappée ou essayera une succession d’escarmouches entre leaders. A prime abord, le premier scénario parait le plus probable, tant l’entame de semaine aura été fatigante pour les cadors.
Le profil de la 5ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Etape 6 : Courthézon > Aubagne, 213,6km, Vendredi 11 mars 2022
En Provence, la Course au Soleil rejoindra les chaleurs méditerranéennes. Mais à quel prix ! Une nouvelle fois, il faudra escalader moultes cols et côtes pour y parvenir, rendant une nouvelle fois la vie dure aux sprinteurs. Si la perspective d’une victoire d’étape ne leur est pas exclue d’office, il faudra cependant qu’ils affichent une belle forme lorsque la route s’élèvera. Si le parcours du jour ne présente pas d’épouvantail, avec un pourcentage moyen ne dépassant jamais 6%, il multiplie toutefois les changements de braquets et passages au petit plateau. Ainsi, quatre premières montées répertoriées émailleront le déroulement de l’étape, avant que ne se présente le col de l’Espigoullier (10,8km à 4,4%), au sommet duquel les coureurs plongeront sur Aubagne. La douceur de sa pente pourra entretenir l’espoir des grosses cuisses tandis que sa longueur facilitera les stratégies d’écrémage. A moins qu’une échappée garde les devants ? A cet égard, cette journée est représentative de cette 80e édition de Paris-Nice : perpétuellement incertaine.
Le profil de la 6ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Etape 7 : Nice > Col de Turini, 155,4km, Samedi 12 mars 2022
Elle est là l’étape reine de ce Paris-Nice ! Certes, elle n’est qu’une course de côte. Mais quelle côte ! Théâtre du premier sacre majeur d’Egan Bernal en 2019, habituel parcours du rallye de Monte Carlo, le col de Turini revient sur la Course au Soleil remettre de l’ordre dans la hiérarchie. Sa forte déclivité persistante triera sur le volet les meilleurs grimpeurs des autres et consacrera l’homme fort de l’épreuve. En effet, à partir du village de la Bollène-Vésubie, la pente ne redescendra plus en dessous de 6%, dépassant par endroit le seuil des 10%. Maximilian Schachmann, vainqueur des deux dernières éditions de Paris-Nice, parviendra-t-il encore à y faire mouche ? David Gaudu pourrait-il profiter de ses qualités de pur grimpeur pour y signer une victoire de prestige ? A moins qu’un Wout Van Aert paré de jaune refasse le coup du Mont Ventoux et résiste à ses adversaires ? Les 15 kilomètres à 7,3% de moyenne du col de Turini laissent aujourd’hui entrevoir une multitude de scénarios.
Le profil de la 7ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Le profil du col de Turini | © Paris-Nice
Etape 8 : Nice > Nice, 115,6km, Dimanche 13 mars 2022
Après son annulation l’an passé pour raisons sanitaires, le traditionnel circuit final de Nice au col d’Eze fait son retour. Voilà pour la continuité. Maintenant, sachez que celui-ci sera abordé par un versant inédit, accroissant encore son pourcentage moyen (de 6,1% à 7,6%). Voilà pour l’innovation ! Placée à quinze bornes du sommet, elle sera assurément décisive pour le gain de l’étape, voire même pour la conquête du classement générale. En effet, les retournements de situations ne sont pas rares dans l’arrière-pays niçois. L’an passé, Primoz Roglic y avait connu bien de déboires, abandonnant le leadership de l’épreuve à Maximilian Schachmann, sur la route de Levens. La côte menant à cette commune du bord du Var (6,2km à 5,6%) marquera d’ailleurs l’entrée d’œuvre des coureurs sur cette huitième étape. Puis les côtes de Châteauneuf (5,3km à 4,3%), de Berre-les-Alpes (6,3km à 6%) et de Peille (6,6km à 6,8%) se chargeront ensuite de l’écrémage du peloton et de l’échappée, avant que l’épouvantail d’Eze (6,0km à 7,6%) ne fasse la sélection finale. Un sprint au sein d’un groupe d’une poignée d’hommes pourrait se tenir dans les rues niçoises pour le gain de l’étape, qu’il s’agisse de baroudeurs ou de leaders. Seule chose certaine sur ce Paris-Nice : le spectacle sera au rendez-vous.
Le profil de la 8ème étape de Paris-Nice 2022 | © Paris-Nice
Le profil du nouveau versant du col d’Eze | © Paris-Nice
Par Jean-Guillaume Langrognet