Le duel qui oppose Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo) à Ezequiel Mosquera (Xacobeo-Galicia) ne cesse plus d’alimenter la chronique sur le Tour d’Espagne. D’un côté, l’Italien incarne l’avenir du cyclisme, lui qui, à 25 ans, a terminé 3ème du Tour d’Italie en se mettant au service d’Ivan Basso et pourrait remporter là son premier Grand Tour. De l’autre, l’Espagnol de 34 ans tient peut-être l’occasion de sa vie de marquer la petite histoire du cyclisme, lui dont personne ne saurait citer le palmarès mais qui est on ne peut plus ponctuel au rendez-vous de la Vuelta depuis trois ans : 5ème en 2007, 4ème en 2008 et 5ème en 2009. Nul ne peut dire encore qui de Nibali ou de Mosquera parviendra à dompter au mieux la montée inconnue de la Bola del Mundo, demain après-midi. L’un doit en tout cas attaquer quand l’autre doit se contenter de contrôler.
Or, voilà qu’on a peut-être trop reporté l’échéance d’une bataille royale à demain. Le vent n’était pas suffisamment violent hier dans la traversée de la Castille-et-Leon pour susciter une course de mouvement, mais la dix-neuvième étape qui se présente aujourd’hui n’a rien d’une formalité. D’abord, c’est la plus longue étape de ce Tour d’Espagne puisque 231,2 kilomètres seront à parcourir entre Piedrahita et Tolède. C’est 55 kilomètres de plus que la moyenne générale des étapes en ligne de ce Tour d’Espagne et ce n’est surtout que la deuxième étape de plus de 200 kilomètres à braver après trois semaines de course. Ce brusque changement de distance va avoir une réelle influence sur le final de cette dix-neuvième étape, qui est en outre particulièrement accidentée et ceci jusqu’à l’arrivée.
La journée commence d’ailleurs par l’ascension d’un col, le seul offrant des points pour le classement de la montagne. C’est l’occasion de se rappeler que le Français David Moncoutié (Cofidis) concourt toujours pour une troisième victoire finale historique dans ce classement. Le Lotois possède toujours le Maillot à Pois de meilleur grimpeur sur les épaules mais là non plus la couse n’est pas encore jouée. Au sommet du Puerto de Chia, il est précédé par son principal adversaire, l’Espagnol Serafin Martinez (Xacobeo-Galicia), qui lui reprend 2 petits points et laisse planer une menace sur David Moncoutié, qui sera obligé de rester sur ses gardes demain s’il souhaite rentrer à Madrid vêtu pour la troisième fois de suite du maillot de meilleur grimpeur de la Vuelta. Il aura encore quatre cols demain pour marquer les points qui feront la différence.
A deux semaines du Mondial, Philippe Gilbert précède Farrar, Pozzato et Hinault, de vrais enseignements.
Une fois passée l’explication des grimpeurs, les attaquants peuvent s’exprimer. L’échappée du jour est lancée au 18ème kilomètre sous l’impulsion de quatre hommes : Xavier Florencio (Cervélo TestTeam), Josep Jufre (Astana), Manuel Ortega (Andalucia-CajaSur) et Dominik Roels (Team Milram). La journée s’annonce longue car ce sont encore plus de 210 bornes qu’il leur faut parcourir pour rejoindre Tolède. Le peloton a donc le temps de voir venir et consent à leur accorder jusqu’à 10’50 » d’avance avant d’entamer une poursuite lente mais progressive qui permettra au paquet de reprendre chacun des quatre échappés du jour à une douzaine de kilomètres de l’arrivée. Le peloton est groupé et semble avancer vers une arrivée au sprint… mais le final est bien plus dur qu’il n’y paraît.
Dans les derniers kilomètres, la course emprunte des routes sinueuses en toboggan. Ca monte, ça descend, ça tourne, de parfaites montagnes russes qui encouragent la prise d’initiative chez plusieurs concurrents, à l’image de Carlos Barredo (Quick Step) ou Luis-Leon Sanchez (Caisse d’Epargne). Les leaders du classement général, eux, sont particulièrement attentifs aux premiers rangs du peloton, mais les équipiers des purs sprinteurs sont dépassés et on ne trouve plus personne après 230 kilomètres de course pour maintenir le peloton en laisse. Ca roule extrêmement vite dans le final, le paquet est très étiré et des cassures vont être observées dans le tout dernier kilomètre, tout en zigzags et en faux-plat montant. Les qualités pures des sprinteurs y sont tronquées et ce sont les favoris du prochain Championnat du Monde qui se mesurent.
Très costaud dans ce type d’arrivée et après une longue distance, Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) ne laisse à personne le soin de le précéder. Il s’impose devant Tyler Farrar (Garmin-Transitions) et Filippo Pozzato (Team Katusha). Tout est dit à quinze jours du Mondial ! Et la bonne nouvelle pour les Bleus, c’est la 4ème place de Sébastien Hinault (Ag2r La Mondiale) dans ce contexte. Du côté du classement général, Vincenzo Nibali est plus vigilant que jamais. Il termine en 6ème position et l’absence dans sa roue d’Ezequiel Mosquera ne lui échappe pas. A l’arrivée, le Galicien lui concède 12 secondes sur un mauvais placement. Voilà qui pourrait lui coûter cher dans la perspective de l’étape de demain car il lui faut à présent reprendre 50 secondes à l’Italien. Ca peut tout changer.
Demain samedi, la vingtième étape se disputera entre San Martin et la Bola del Mundo (172,1 km).
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Classement 19ème étape :
1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) les 231,2 km en 5h43’41 »
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) m.t.
3. Filippo Pozzato (ITA, Team Katusha) à 1 sec.
4. Sébastien Hinault (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
5. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) m.t.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) m.t.
7. Nikolas Maes (BEL, Quick Step) m.t.
8. Grega Bole (SLO, Lampre-Farnese Vini) m.t.
9. Daniele Bennati (ITA, Liquigas-Doimo) m.t.
10. Paul Voss (ALL, Team Milram) à 4 sec.
Classement complet
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) en 80h30’48 »
2. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo Galicia) à 50 sec.
3. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) à 1’59 »
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 3’54 »
5. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 3’57 »
6. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 4’02 »
7. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 4’10 »
8. Tom Danielson (USA, Garmin-Transitions) à 4’12 »
9. Carlos Sastre (ESP, Cervélo TestTeam) à 4’28 »
10. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) à 5’50 »
Classement complet
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 136 pt
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 124 pt
3. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 100 pt
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 99 pt
5. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 94 pt
6. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) 80 pt
7. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 72 pt
8. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 72 pt
9. Daniele Bennati (ITA, Liquigas-Doimo) 61 pt
10. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) 53 pt
Classement de la montagne :
1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 51 pt
2. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 43 pt
3. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) 25 pt
4. Gonzalo Rabuñal (ESP, Xacobeo-Galicia) 25 pt
5. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) 21 pt
6. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 19 pt
7. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 16 pt
8. Carlos Barredo (ESP, Quick Step) 15 pt
9. Niki Terpstra (PBS, Team Milram) 14 pt
10. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) 11 pt
Classement par équipes :
1. Team Katusha (RUS) en 241h18’17 »
2. Caisse d’Epargne (ESP) à 32 sec.
3. Xacobeo-Galicia (ESP) à 12’01 »
4. Cervélo TestTeam (SUI) à 20’06 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 34’56 »
6. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 49’23 »
7. Liquigas-Doimo (ITA) à 52’07 »
8. Team HTC-Columbia (USA) à 1h02’08 »
9. FDJ (FRA) à 1’10’09 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1’11’52 »