Rudy, quel bilan tirez-vous des deux premières semaines de ce Tour de France ?
La deuxième semaine a été compliquée pour moi. Je suis malade et bien affaibli depuis mardi donc je n’ai pas trop pu lutter pour être devant. Comme bilan personnel, c’est un peu frustrant sur une course comme le Tour mais j’espère récupérer pour les dernières étapes en troisième semaine. Le bilan de l’équipe est toujours bon avec la victoire d’étape d’Arnaud, dimanche Thibaut est allé devant pour aller chercher un top 10 donc nous allons essayer de se remettre dedans pour la dernière semaine.
Comment Thibaut a-t-il vécu cette journée à l’avant ?
Etre échappé sur le Tour redonne toujours le moral. Surtout un dimanche, il y avait du monde sur la route et de l’audience à la télé. Nous essayons de retrouver une bonne dynamique pour la dernière semaine et si les jambes sont là nous tenterons d’être devant. La volonté est là mais malheureusement les jambes pas toujours. J’ai passé cinq jours sous antibiotiques, et mon but était plus de rallier l’arrivée que de batailler pour être devant.
De plus, les deux dernières étapes, courues à travers le Massif Central, se sont déroulées sur un rythme très élevé.
Ce n’étaient pas des étapes très dures mais il y a quand même fallu s’employer pour suivre le rythme de la Sky. Avec le vent de côté avant-hier sur les plateaux, ce n’était pas simple, le peloton était bien en file indienne. Ce n’est pas simple de s’économiser dans ces cas-là. Puis quand Ag2r La Mondiale a accéléré, j’ai pu me retrouver dans un bon groupe derrière et on a finit sans trop taper dans les réserves. Mais ce sont tout de même des étapes qui usent. La journée de repos était la bienvenue.
Est-ce que ce n’est pas plus fatiguant qu’une étape de haute montagne, où il est peut-être possible de se mettre à son rythme plus tôt ?
Oui, c’est différent. Des étapes comme hier me conviennent plus, et c’est dommage de ne pas être à 100 % parce que ce qu’elles sont vraiment dans mon profil. Ca me plaît, ce n’était pas plus facile qu’une grosse étape de montagne mais je préfère ce genre de course où ça bagarre et ça roule à un bon tempo plutôt qu’une étape de montagne qui se fait à l’usure. Dans ces cas-là, lorsqu’on a sauté, c’est gruppetto. C’était plus une étape de moyenne montagne que de transition.
La journée de repos tombe donc à pic. Quel sera le programme de votre journée ?
Pas de vélo. Je suis dans un état de fatigue bien avancé et j’essaie de garder la moindre chance qu’il me reste pour les 4 prochains jours. Je n’ai pas envie d’accumuler de la fatigue en allant rouler, je préfère vraiment me reposer. Rester dans le lit, tranquille, et reprendre des forces.
Que changez-vous au niveau de la diététique sur une étape de repos ?
Je mange un petit peu moins en quantité mais c’est tout. Il faut quand même reprendre des forces. On en perd pas mal sur les étapes de montagne donc vu ce qui arrive c’est bien de refaire un peu le stock.
Il y a de nombreuses sollicitations médiatiques pendant le Tour de France. Comment gérez-vous tout cela ?
Répondre aux sollicitations médiatiques crée surtout une fatigue mentale. Mais cela fait partie du Tour et permet aussi de nous faire connaître un peu plus. C’est utile pour la notoriété donc on prend ça du bon côté.
Sur les dernières étapes, Olivier Le Gac a souvent accompagné Davide Cimolai. Il semble qu’une complicité se soit créée entre-eux.
Oui, ce sont les deux seuls coureurs du groupe sprint qui sont encore en course donc leur but est d’essayer d’aller faire les arrivées pour « Cimo » qui va vite. Les deux s’entendent bien et ils essaient d’être complets dans le final, c’est ce qu’ils aiment. Samedi, nous étions quatre coureurs dans les 80 du premier groupe. Chacun a essayé de travailler un peu pour Cimolai, avec nos forces, mais la volonté est là et nous essayons de bien faire même si nous ne sommes que quatre. Dès qu’il y a la possibilité pour Cimolai, le but est de le mettre dans les meilleurs conditions. Thibaut a fait du boulot à deux bornes de l’arrivée, à 10 kilomètres j’y suis allé puis dans le final Olivier a essayé de bien le placer. Il y a l’envie.
Pensiez-vous que sur cette étape il y allait y avoir des cassures de la sorte dans le final ?
En fin de deuxième semaine, tout le monde est fatigué, et il y a eu un bon tempo toute la journée. Donc avec le vent de trois quarts face au sommet des bosses, nous savions que ça pouvait casser. Il fallait quand même se faire mal pour être dans le premier groupe.
Propos recueillis par Adrien Godard