Rudy, comment s’est passé ce premier week-end montagneux du Tour ?
C’étaient deux étapes très difficiles, j’avais coché l’étape de samedi pour être devant. J’ai vraiment tout fait pour prendre l’échappée, un peu trop d’ailleurs. J’étais ensuite un peu juste pour jouer la victoire dans le final. J’avais un peu laissé des forces à rouler sur le plat les premiers jours donc je ne m’attendais pas non plus à une super condition ce week-end. J’ai tout de même pu être échappé sur l’étape que j’avais coché en étant présent dans le gros groupe. Mais nous étions trop nombreux et ça n’arrêtait pas de s’attaquer, ce n’est pas le genre d’échappée que j’affectionne. Je suis resté en queue de groupe et j’observais un peu mais à 40 coureurs devant c’était compliqué à gérer et à la fin ça m’a usé. De toute façon j’étais trop juste pour jouer la victoire. C’était une étape qui me convenait mais quand je vois le numéro qu’a fait Calmejane je n’ai pas de regrets, je n’aurais pas été capable de le suivre.
L’étape de dimanche a été complètement folle, comment l’avez-vous vécu ?
C’est partit à toute vitesse et je n’étais pas forcément très bien placé au kilomètre 0. Un gros groupe avec Thibaut (Pinot) devant est sorti, c’était bien pour nous car notre meilleur grimpeur était devant. Personnellement, après ma journée du samedi, je ressentais quand même un peu de fatigue donc je n’ai pas cherché à être devant à tout prix, les cols étaient trop durs pour moi. Je n’aurais pas pu rester à l’avant. J’ai accroché le gros du peloton pour rejoindre le gruppetto qui s’est formé dans le Grand Colombier. Ag2r a fait les descentes à bloc, il y a eu des chutes et pas mal de cassures du coup on s’est retrouvé à l’arrière. Je n’avais rien à jouer sur cette étape.
Il y a eu beaucoup de chutes et d’abandons sur cette 9ème étape, à votre avis à quoi est-ce dû ?
Maintenant, pour le spectacle, il faut faire des étapes de plus en plus dures, des descentes de plus en plus sinueuses et dangereuses. C’est ce qu’on attend du spectacle moderne : des chutes, des hors-délais et des rebondissements. Je pense que c’est ce qu’il y a eu. Mais des étapes comme ça font aussi la beauté de notre sport. D’un côté je suis pour parce qu’on a besoin de ça pour faire vivre notre sport qui est un des plus durs. Des étapes comme dimanche c’est terrible, mais d’un autre côté on prend aussi beaucoup de risques avec ces descentes dangereuses. Certaines fois on sous-estime les risques que quelques coureurs peuvent prendre dans ce type de descente. Après ça fait partie de la course, mais maintenant les descentes sont devenues un terrain d’attaque.
Dimanche, la mauvaise nouvelle pour l’équipe FDJ était l’élimination d’Arnaud Démare et de trois autres de vos coéquipiers, qui ont terminé hors-délais. Comment était l’ambiance après l’arrivée ?
Nous étions tous tristes. Nous avons vécu une formidable première semaine, avec des émotions vraiment fortes. Le Tour est une grande aventure, on partage des moments uniques dans la saison quand on est sur un Grand Tour donc c’est dur de perdre un coureur, et là quatre ça fait beaucoup. Nous étions tous déçus mais c’est la course, Arnaud n’était pas bien, il a eu du mal à s’alimenter correctement et sur une étape comme hier ça se paye cash. C’est le Tour.
Qui avait décidé d’attendre Arnaud, était-ce une consigne des directeurs sportifs ou ce sont les coureurs eux-même qui ont fait la démarche ?
Je pense que les coureurs ont décidé d’attendre Arnaud. Tout le monde n’était pas non plus en super forme. On y croit toujours, on se dit que devant ça va peut-être ralentir et que l’on va rentrer. On ne voulait pas non plus laisser notre leader tout seul en galère. Après savoir s’il fallait en laisser un, deux ou trois je n’en sais rien. Imaginons qu’ils arrivent 30 secondes avant la limite des délais, on aurait dit que c’étaient des héros. On ne peut jamais savoir avant. Arnaud était notre leader sur ce Tour pour aller chercher des victoire d’étapes, donc c’est normal qu’on attende notre leader. C’est triste pour Arnaud. Il était en super condition en début de tour, nous avions un super train qui était capable de rivaliser avec les meilleures équipes et je pense que vu le nombre de sprints qu’il reste encore à faire il aurait pu en gagner une deuxième.
Quelles vont être les plans de l’équipe pour ces deux dernières semaines ?
Maintenant c’est clair, ça va être tout pour les échappées. Je pense que Davide Cimolai va quand même aller faire les sprints mais après ça sera tout pour les échappées pour Thibaut Pinot, Arthur Vichot, Olivier Le Gac et moi.
Hier était la journée de repos, quel a été votre programme ?
J’ai fais 25 minutes de home trainer ce matin et c’était terminé. Je n’ai pas fais grand chose car la veille nous sommes arrivés assez tard à l’hôtel, avec le transfert en avion. Nous sommes sortis de table à plus de 23h. Dimanche était une grosse journée, donc j’en ai profité pour me lever à 9h hier matin. J’ai fais un petit déjeuner léger, home trainer ensuite, une bonne sieste en début d’après-midi, le massage et voilà.
Comment vous sentez vous après cette première grosse semaine ?
Je me sens bien, je sens que les sensations sont correctes et j’espère avoir des opportunités pour me retrouver devant. Si j’arrive à bien assimiler cette première semaine je pense que la forme sera de mieux en mieux. Je n’ai couru que le championnat de France depuis le Giro donc je savais qu’en fin d’étape j’allais être juste, c’était prévisible. J’espère bien finir et me retrouver à l’avant. Après sur ce Tour il y a vraiment des étapes sprints ou haute montagne, il n’y a pas beaucoup de moyenne montagne donc ça ne va pas non plus être facile pour moi. Je pense surtout à l’étape du Puy-en-Velay qui pourrait me correspondre.
Propos recueillis par Adrien Godard