Rudy, vous êtes à l’échauffement avant le départ de Briançon, vous pensez que les choses vont se décanter rapidement aujourd’hui ?
C’est surtout que j’ai bien mal aux jambes d’hier. Je connais le départ et oui j’aimerais aussi être offensif aujourd’hui. Je vais essayer d’être devant mais je pense que cela va être compliqué pour la victoire d’étape, les favoris vont vouloir gagner. Mais je vais tenter, je vais me faire plaisir. Je suis chez moi, je vais être encouragé et je vais tout donner.
Tout le monde est fatigué dans le peloton, la tête est importante dans ces cas-là. Cela va être la clef aujourd’hui ?
Oui bien sûr il y a le mental. En deuxième semaine je suis tombé malade, j’étais cinq jours sous antibiotiques et c’était compliqué alors que la condition était là. Je retrouve des sensations mais en fin de course je manque de fraîcheur, je sens que j’ai le Giro dans les jambes. Et dans les longs cols de plus d’une heure, la fraîcheur joue énormément. Il m’en manque un peu en fin de course mais j’ai pu être acteur devant et j’étais content de faire ça pour Thibaut, qui a abandonné hier, et pour la FDJ.
Jouer la gagne semble difficile aujourd’hui, mais monter l’Izoard devant serait quand même classe ?
Oui, au moins ne pas être repris au pied si je suis devant, même si c’est ce qu’il risque de se passer. Dans la vallée, les échappées vont vraiment perdre beaucoup de temps sur un peloton lancé à vive allure pour la victoire. Nous verrons, on ne sait jamais. Mais si je me mets à la place de Bardet ou Uran, je fais rouler mon équipe pour gagner là-haut. Le Tour est très serré, donc il y a la victoire à jouer et les bonifications. Cela sera compliqué pour les échappées, mais en troisième semaine tout peut se passer.
Vaut-il mieux une grosse échappée ou un petit groupe de moins de dix coureurs ?
Une grosse échappée, surtout qu’il y a vent de face pour partir, pendant plus de cinquante kilomètres. Un petit comité serait voué à l’échec. Mais il faut être moins de 25 car sinon c’est le bazar et il y en a qui ne passent pas. Une douzaine serait parfait.
Est-ce que le fait d’avoir un début de course grand plateau et de changer de braquet au début du col de Vars change la donne ?
C’est complètement différent d’hier où nous avions un col d’entrée. Là, nous avons le temps d’arriver chaud et je pense que les leaders auront fait très peu d’efforts avant le col de Vars. Ca risque de monter plus vite.
Vous aurez beaucoup de supporters aujourd’hui, où vont-ils être placés ?
Au départ, sur Embrun et puis surtout dans le col de l’Izoard. Je crois qu’au total, sur le col, 300 000 personnes sont attendues. J’ai hâte d’y être, ce n’est pas tous les jours que je vais vivre ce genre de moments.
Vous connaissez l’Izoard par cœur. Le monter dans un contexte de Tour de France, cela vous est déjà arrivé ?
Oui, mais dans l’autre sens. Et c’est le côté d’aujourd’hui que je préfère, je le connais par cœur avec la Casse Déserte. Je l’ai déjà monté en ski de fond, c’est un col que j’adore, avec la stèle Coppi-Bobet, c’est l’histoire du vélo.
Quel braquet avez-vous demandé pour aujourd’hui ?
Un braquet de 38×30, et je gonfle les pneus à 7 bars. Je suis léger donc pas besoin de gonfler plus et je préfère assurer que de prendre une glissade dans un virage.