En juillet, Mikaël Chérel (Ag2r La Mondiale) nous ouvre son journal de bord à l’occasion de sa troisième participation au Tour de France. Le lieutenant de Romain Bardet, avec qui il fait chambre, nous fait découvrir son univers.
Mikaël, demain, ce sera l’heure du contre-la-montre par équipes tant redouté entre Vannes et Plumelec. Comment avez-vous préparé cette échéance avec l’équipe Ag2r La Mondiale ?
On l’a préparé lors du stage au sommet du col du Lautaret où on a pu répéter nos gammes avec une majorité des coureurs qui sont présents sur ce Tour. On a fait deux séances collectives où nous avons simulé le parcours de Plumelec sur une boucle autour de Briançon. Nous sommes aussi allés faire un repérage la veille du GP de Plumelec à la fin du mois de mai avec Christophe Riblon, Romain Bardet, Jean-Christophe Péraud, Damien Gaudin, Alexis Vuillermoz et Ben Gastauer. La majorité de l’équipe présente en juillet y était dessinée. Nous avons repéré le parcours avec minutie avec même un tronçon que nous avons parcouru deux fois. Le final dans Cadoudal, nous le connaissons bien. C’est la même configuration que lors du GP de Plumelec que tout le monde a pu faire. On sait où on mettra les roues.
Comment jugez-vous ce parcours ?
C’est un parcours physique. L’équipe étant constituée de grimpeurs autour de Romain Bardet et de Jicé Péraud, nous ne serons pas désavantagés dans les longs faux-plats avant d’arriver sur Plumelec. Le parcours est sinueux, mais pas vraiment technique. C’est une route granuleuse qui rend très peu avec de longs faux-plats et quelques virages. Je pense qu’on sera à l’aise.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de cet exercice ?
Autant sur un chrono individuel, nous sommes maîtres de notre destinée puisque nous sommes seuls. Sur un chrono par équipes, on se doit d’être performant pour le leader. Il faut que le groupe soit homogène pour donner lieu à une bonne performance collective. En cela, nous avons chacun la petite pression de ne pas chuter et de ne pas perdre de coureur trop tôt. C’est plus stressant qu’un chrono individuel dans la mesure où c’est la prestation collective qui entre en jeu. Peu importe si je perds 2 minutes de plus au classement général. Mais pour Romain et Jicé, ce sera très important de perdre le moins de temps possible.
On sait l’importance des relais sur le contre-la-montre par équipes. Comment les rôles vont-ils être répartis entre chaque coureur ?
Nous avons des locomotives, Damien Gaudin et Johan Vansummeren. Sans oublier Jicé et Romain qui se débrouillent bien dans l’exercice. Ces coureurs passeront des relais certainement plus longs et plus appuyés que les autres pour que des coureurs comme moi puissions souffler plus longtemps. L’objectif c’est d’arriver à cinq au sommet de Cadoudal et de tout donner pour avoir la meilleure performance collective possible.
Les équipes françaises sont malheureusement réputées pour laisser le contre-la-montre de côté. Quel en est votre sentiment ?
C’est sûr que le contre-la-montre est un exercice dans lequel certains pays sont plus à l’aise. Nous avons essayé de le travailler en vue du classement général. On se doit de ne rien lâcher. Le Tour de France se gagne sur vingt-et-une étapes. Celle-ci sera importante pour l’équipe et les leaders.
Comment se fait la communication pendant l’épreuve ?
Les directives seront données dans l’oreillette. Nous ne communiquerons pas entre coureurs. Le directeur sportif nous donnera les informations nécessaires. Par exemple si un coureur ne veut pas passer de relais au sein du groupe. Il faut que ce soit le plus fluide possible et le plus homogène pour ne pas perdre de coureur trop tôt.
Quel est l’écart maximum que vous vous fixez par rapport aux grosses armadas ?
Nous n’en avons pas encore parlé. Une minute ce serait probablement bien. On parle plus en terme de classement. Entre la 5ème et la 10ème place, ce serait bien. Mais l’objectif ne sera fixé que le matin même.
Sur un contre-la-montre plus encore que sur une course en ligne, le matériel revêt une importance capitale. Êtes-vous personnellement attentif à ces détails ?
Oui, c’est vrai que le matériel est important sur un contre-la-montre. C’est un peu la course à l’armement dans les équipes. Le coefficient de pénétration dans l’air compte énormément. Surtout quand on roule à 50 km/h. Nous avons des partenaires techniques qui nous fournissent du bon matériel. Nous, coureurs, nous n’avons pas le choix avec les partenaires de la structure. Donc au final, je n’ai pas de relation particulière avec le matériel. J’ai plus d’affinités avec mon vélo traditionnel de route. La veille, nous avons le choix dans notre choix de roues. Nous avons des roues de différents profils avec Zipp. Sur des étapes comme celle d’hier, les 404 offrent une bonne rigidité et une bonne pénétration dans l’air.
Propos recueillis le 10 juillet.