Maxime, comment vont les jambes après ces deux étapes de transition ?
J’ai de bonnes jambes, je ne suis pas trop fatigué. Après, on a vraiment eu du mauvais temps, notamment sur la route de Lavaur. Mais le mauvais temps c’est le même pour tout le monde alors on doit s’y accommoder. On sera vraiment fixé sur l’état de forme après la première étape pyrénéenne.
Faites-vous quand même de la cryothérapie après une journée comme celle de ce mercredi ?
C’est vrai que quand il a plu toute la journée, on a forcément moins envie d’y aller. Mais c’est un choix personnel, moi j’ai préféré y aller quand même.
John Gadret a abandonné, il n’allait vraiment pas bien ?
Non, il était très fatigué, moralement et physiquement. Mais personnellement, je trouve ça normal après avoir fait le Giro. De ce que j’en ai vu, c’était extrêmement difficile, très long. On m’a dit que les transferts avaient pris beaucoup de temps aussi. Mis à part Alberto Contador qui va selon moi démontrer le contraire, c’est très difficile d’enchainer le Giro et le Tour.
Vous pensez que Contador va attaquer dès demain ?
Oui, il doit le faire car il a du retard au classement général. Alors selon moi, s’il se sent bien demain, il va attaquer. La montée de Luz-Ardiden est très difficile et avant, ça monte, ça descend en permanence. Il y a de quoi faire un bel écart pour lui.
Et vous, vous allez anticiper …
C’est ce que je me souhaite ! Je suis confiant avant d’attaquer ces étapes pyrénéennes. Ce que je veux vraiment c’est aider au mieux mes Leaders.
Jeudi dernier vous nous parliez d’une redistribution des rôles, où en êtes-vous ?
Nos deux Leaders que sont Roche et Péraud sont protégés par trois coureurs. C’est-à-dire que Sébastien Minard, Sébastien Hinault et moi-même, nous devons protéger Nicolas Roche. Sachant que Sébastien Hinault avec jusqu’à Lavaur carte blanche pour se présenter au mieux au moment du sprint. Ensuite, Blel Kadri, Christophe Riblon et Hubert Dupont sont chargés de protéger Jean-Christophe Péraud.
C’était stratégique de n’avoir personne dans l’échappée mercredi ?
A vrai dire, oui et non. Mardi, on croyait que cela allait être assez dur pour les sprinteurs alors on s’était dit, pourquoi ne pas tenter. Vers Lavaur, ma mission c’était plus de surveiller qu’un groupe de plus de 5 coureurs ne sorte pas sans un coureur de chez nous. Je suis parti deux ou trois fois devant, je m’étais dit pourquoi pas, cela fait toujours une journée avec moins de stress. Mais le bon coup est parti quand je me suis fait contrer.
Comment envisagez-vous une étape de montagne s’il pleut énormément ?
Honnêtement, il valait mieux qu’il pleuve avant qu’on attaque les Pyrénées. Ce qui fait vraiment mal en montagne sous la pluie, ce sont les descentes. Il fait froid et quand il faut remonter juste derrière, on est congelé. C’est pire encore dans le gruppetto. Devant, ça va encore, on monte à bloc, on a encore chaud pendant un petit moment par!s, on peut s’en sortir. Mais une journée de montagne sous la pluie dans le gruppetto, c’est vraiment dur !
Y-a-t-il des vélos différents pour les étapes de montagne ?
Non, dans notre équipe, on garde le même vélo. Quand on part sur le Tour, on a un vélo neuf qu’on a reçu environ une ou deux semaines avant et avec lequel on n’a fait que les Championnats de France. Ensuite, on a un vélo de rechange sur la galerie de la voiture. Pas tous peuvent l’avoir sur la première voiture, cela dépend du classement général du coureur. Et puis si un coureur s’échappe, les mécaniciens changent les vélos de galerie, par exemple. Ensuite, on a un ou deux vélos dans le camion atelier en plus d’un vélo de chrono. Tout en sachant que les Leaders en ont deux.
Les roues changent ?
Les roues oui, on les change de temps en temps. Pour une étape comme celle de Luz-Ardiden par exemple, je vais mettre de petites roues, des 32 millimètres presque plates. En fait, tous les soirs à l’arrivée de l’étape, les mécaniciens viennent nous voir pour nous demander ce que l’on veut changer. Pour la montagne, je change de braquet aussi. Derrière, je mets un 26 au lieu de l’habituel 23. Mes plateaux ne changent pas, j’ai toujours un 39 dents et un 53 dents. Il n’y a que pour les contre-la-montre que je les change.
Y-a-t-il des équipes qui vous font peur plus que d’autres ?
Non. Après, il y a les frères Schleck qui sont impressionnants. Mais Leopard-Trek de cette année c’est un peu Saxo Bank de l’an dernier, donc il n’y a pas de crainte particulière.
Bradley Wiggins disait qu’il montait les cols comme l’on fait un chrono, vous avez tendance à monter ainsi ?
C’est vrai que je serais plus dans ce style. Monter à mon rythme sans me mettre dans le rouge pour arriver au sommet dans un état correct. Nicolas Roche aussi est plus dans ce style. Il peut se le permettre car il a une grosse force dans les reins. Il monte beaucoup assis. A l’inverse, un coureur comme Péraud va grimper en se mettant beaucoup en danseuse.
Il y a une étape qui vous fait plus peur ?
Les étapes qui me faisaient peur viennent de passer ! Les étapes de la première semaine n’étaient jamais plates, on était en prise toute la journée sur des routes qui ne rendaient pas. On rigole souvent de ça le soir avec l’équipe en se disant que les sprinteurs ont finalement de la chance. Ils ont un gruppetto dans la montagne. Mais nous, quand on se fait lâcher dans une étape de plaine, on n’en a pas !
Vous voyez Thomas Voeckler conserver son maillot jaune au soir de Luz-Ardiden ?
Ce serait vraiment bien, c’est un garçon que j’apprécie beaucoup. Mais il n’a pas beaucoup d’avance sur Evans et les Schleck. C’est malheureux mais ce sera vraiment très dur pour lui.
Propos recueillis le 13 juillet.