Jean-Marc, on sort des Alpes aujourd’hui. Comment avez-vous vécu les deux étapes alpestres ?
Pas terrible. Ça a été mes deux plus mauvais jours depuis le départ du Tour. Je n’avais pas trop les cannes, donc je n’ai jamais insisté et j’ai à chaque fois pris directement le gruppetto dans le but de préserver des forces pour des étapes comme celle d’aujourd’hui ou Limoux-Foix, par chez moi. On verra si j’ai bien récupéré ou pas.
Que vous a-t-il manqué ces deux derniers jours ?
J’ai senti que je n’étais pas trop bien après la journée de repos. Depuis la coupure mardi, je me sens moins bien, c’est bizarre, mais parfois il ne faut pas trop chercher à comprendre, attendre que ça aille mieux et puis voilà.
Comment se sont passées les journées dans le gruppetto ?
C’était bien organisé, chacun a passé son bout, on a roulé pas trop mal dans les descentes et toujours à bloc sur les parties de plat. Après, on a bien géré. Nous étions quelque chose comme quatre-vingt coureurs. Le gruppetto, j’en avais déjà fait l’expérience. Qui ne l’a pas pris un jour dans le peloton ? Même les grands champions ont dû aller au moins une fois dans leur vie dans le gruppetto.
Les trois dernières étapes en ligne du Tour ont été remportées par des Français, mais toujours pas de victoire chez Saur-Sojasun. Ces victoires, ça motive ou ça met la pression ?
Ça motive plus que ça ne met la pression. On est contents pour eux. Mine de rien, ils sont adversaires mais nous nous entendons bien aussi. Nous, ça nous motive à faire pareil.
Comment se sent Jérôme Coppel, votre leader ?
Pas trop mal, de mieux en mieux même. Hier à La Toussuire, il n’a pas été trop mal, et je pense qu’en troisième semaine il sera encore plus fort.
Les ambitions, par rapport à ce qu’elles étaient au départ du Tour, ont-elles été réévaluées après les Alpes ?
Pas pour l’instant. Jérôme est 14ème au classement général. Certes, pour aller chercher le Top 10, l’objectif qui était le sien, ça risque d’être dur, mais il ne faut pas qu’il perde espoir. Il marche bien, il est toujours meilleur en troisième semaine, or des mecs qui étaient bien dans les Alpes peuvent être moins bien dans les Pyrénées. Nous on a confiance en lui.
Batailler contre un Team Sky tel qu’on le voit au quotidien n’est-il pas démotivant ?
Je vous avouerai que ces deux derniers jours, je ne l’ai pas trop vu ! Apparemment, c’était assez impressionnant. C’est la meilleure équipe du monde. Quand on voit que Bradley Wiggins a Christopher Froome, Richie Porte et Michael Rogers pour équipiers, ce ne sont pas n’importe qui. Tous ces mecs seraient leaders chez nous. Ils sont très forts, ils se sont entraînés spécialement pour ça.
Aller chercher un Maillot Jaune comme Bradley Wiggins paraît compliqué pour tout le monde…
Oui, Bradley Wiggins, avec Chris Froome, sont les deux plus forts dans le contre-la-montre comme en montagne. Froome a même l’air plus fort que Wiggins sur ce terrain-là, comme sur la dernière Vuelta. On verra bien ce qui se passe d’ici à Paris.
Nous sommes vendredi 13 aujourd’hui, c’est une date qui compte ?
Ah non, pas du tout, je ne savais même pas qu’on était vendredi 13 ! Ça ne changera pas grand-chose pour moi. Peut-être que ça me sourira, ou pas, on verra ce soir.
Après le 13 viendra le 14 juillet. Est-ce une date qui, là, vous inspire davantage ?
J’ai plus l’impression que sur le Tour, c’est tous les jours 14 juillet. Il y aura peut-être encore plus de monde sur les routes. Ce sera surtout une sacrée étape avec le Mont Saint-Clair et tout le bord de mer dans le final. Ça peut bordurer fort et là il peut y avoir de gros écarts mine de rien.
Propos recueillis à Saint-Jean-de-Maurienne le 13 juillet 2012.