Brice, vous avez rencontré le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui vous a glissé : « à Saint-Lary-Soulan-Pla d’Adet, Brice dans les 10 ». Vous en pensez quoi ?
C’est sympa de sa part, ce serait pas mal en tout cas. Deux rudes étapes nous attendent encore dans les Pyrénées. Ce n’était pas plus facile hier entre Carcassonne et Bagnères-de-Luchon. J’aurais bien aimé être présent dans la grosse échappée, mais avec Anthony Delaplace et Florian Vachon nous avions déjà deux coureurs de Bretagne-Séché Environnement devant. C’était déjà bien, on ne va pas se plaindre ! Nous allons avoir aujourd’hui une petite étape, quasiment 100 kilomètres de moins qu’hier. Les écarts peuvent être plus importants néanmoins.
Quelles étaient vos sensations à l’entame de la troisième et dernière semaine ?
Encore une fois, les journées de repos n’ont pas tendance à me réussir. Je ne me trouvais pas super. J’avais les jambes un peu raides, et j’ai du mal à chaque fois à remettre en route après une journée de repos. En début de course, je me pensais plutôt bien, mais c’est toujours l’effet que ça fait quand on est dans les roues. Au pied du Port de Balès, je ne me sentais pas trop mal, mais lorsque Giovanni Visconti et les Movistar ont accéléré fortement pour Valverde, j’ai subi un peu. Je me suis dit que si je restais là j’allais trop me mettre dans le rouge et littérallement exploser. J’ai plutôt bien géré ma montée pour basculer à une petite minute du groupe de Tejay Van Garderen. Puis dans la descente, ils m’ont repris du temps.
Comment expliquez-vous que les journées de repos ne vous soient pas plus bénéfiques ?
Je n’en sais rien. Je ne suis pas vieux, mais j’ai peut-être un moteur de tracteur ! Quand c’est en route, c’est en route, mais peut-être que je ne devrais pas hésiter à faire deux heures de vélo les jours de repos. Hier, je n’en ai fait que cinquante minutes sans même transpirer. A Besançon je n’avais pas roulé du tout. Tout dépend aussi par quelle journée on reprend. Si c’est plus « tranquille », ça peut le faire. Mais là c’était une journée particulièrement compliquée. Il aurait peut-être été judicieux que je fasse au moins deux heures de vélo.
Que font les autres ?
A l’hôtel où nous logions, j’ai vu bon nombre de coureurs faire du home-trainer, notamment Lars Boom. Ce qu’il y a de bien avec ça, c’est qu’on peut rouler peu de temps mais transpirer un bon coup. Mine de rien ça fait du bien. Je note que pour les années futures, sur un Grand Tour, il sera plus judicieux que je fasse deux heures sur route ou du home-trainer.
Changez-vous quelque chose à votre alimentation les jours de repos ?
Pas tellement, si ce n’est qu’on se fait trois vrais repas au lieu de deux les jours de course. La première journée, j’avais mangé plutôt léger. Lundi, j’ai pris des sucres lents le matin comme le midi, et pas trop le soir.
Pour en revenir à l’étape d’hier, comment jugez-vous le Port de Balès ?
L’entame est très longue, avec cette grande vallée avant de vraiment arriver au village et de se dire que là, on entre dans le vif du sujet et que les pourcentages vont s’élever. Cette portion préliminaire a tendance à nous entamer à petit feu avant les 12 kilomètres de montée. Mais ce n’est pas le col le plus dur que j’ai eu à monter !
A combien monte votre rythme cardiaque dans une ascension comme celle-là ?
Je fonctionne plus aux sensations qu’au rythme cardiaque. Nous avons Polar pour partenaire dans l’équipe. J’ai un compteur qui fait aussi cardio mais je ne porte jamais la ceinture en course. J’ai horreur d’avoir un truc qui me serre la poitrine. Je ne fonctionne pas non plus aux watts. Je grimpe donc aux sensations. Je sens bien si je dois lever le pied ou non. Dans le Port de Balès, ce qui me manque pour m’accrocher au groupe des favoris est minime, c’est décevant. J’ai sauté pour un petit rien, mais il faut bien que certains pètent. C’est le jeu.
Avec Florian Vachon 12ème et Anthony Delaplace 13ème, l’équipe aura placé deux coureurs parmi les quinze à Luchon. C’est le bon côté des choses…
C’est anecdotique, comme notre 4ème place au classement par équipes de l’étape. Ça veut dire que nous sommes présents et pas si mal. Deux dans les quinze, il fallait déjà les placer dans l’échappée ! On voit que Florian Vachon est en grande forme. J’espère pour lui que l’étape de vendredi vers Bergerac sera la bonne.
Propos recueillis à Bagnères-de-Luchon le 22 juillet 2014.