Brice, deux étapes sont passées depuis la journée de repos à Besançon. Comment ont répondu les jambes à la reprise ?
Mardi, j’avais décidé de ne pas prendre le vélo pour faire une journée complète sans vélo. C’était important pour moi de ne pas « mettre de cuissard ». Du coup, à la reprise mercredi, je n’étais pas super. Ça allait un peu mieux hier vers Saint-Etienne, et j’espère qu’aujourd’hui ça ira encore beaucoup mieux alors qu’on entre dans les Alpes. Je connais la montée de Chamrousse, qui me convient bien. J’espère faire un résultat en haut. Reste à savoir si l’échappée du jour sera la bonne, ce que j’espère si je suis dedans ! Ce serait bien aussi pour le Tour que l’échappée, cette fois, aille au bout. Malheureusement il y a toujours une équipe pour rouler derrière… laquelle généralement se fait avoir par une autre formation qui n’a pas roulé ! On l’a encore vu hier avec les Katusha qui n’ont pas mis un mec à rouler et qui gagnent finalement l’étape.
L’équipe Bretagne-Séché Environnement n’a quasiment manqué aucune échappée depuis le départ du Tour, or on a en effet vu peu d’échappées aller au bout. Pourquoi ?
C’est le cyclisme moderne qui veut ça. On se rend compte que dans le vélo d’aujourd’hui les écarts sont beaucoup moins importants entre les coureurs. Aujourd’hui, 80 % des courses se concluent au sprint. Pour être un tout petit poil mieux en montagne, il ne manque pas grand-chose. Dans une étape comme celle d’hier, avec deux longues bosses, on voit que la plupart des mecs arrivent à s’accrocher. Ça dépend aussi du train qui mène le peloton. Hier, Giant-Shimano et Europcar ont fait un train assez soutenu mais suffisant pour permettre aux sprinteurs de passer.
Depuis la reprise mercredi il faut composer avec un nouveau paramètre : la forte chaleur. Comment la gérez-vous ?
C’est surtout la différence avec ce qu’on avait eu jusqu’alors qui fait bizarre. Les dix premiers jours ont été assez pluvieux, pas forcément chauds, et d’un seul coup le soleil et la chaleur nous tombent sur la tête. C’est ce grand écart qui surprend. Après deux jours sous le beau temps, le corps va commencer à s’acclimater. Personnellement j’aime la chaleur mais c’est vrai que les premières grosses chaleurs font mal quand même. Une journée comme hier, on a bu énormément de bidons. J’ai dû en prendre dix, ça fait beaucoup. Cela dit, j’ai pris dix bidons mais j’en ai utilisé trois pour m’arroser de temps en temps. Au final j’ai bien dû boire six bidons quand même !
Dans ce Tour de France décapité de ses grands favoris, les Français sont en train de faire mieux que tirer leur épingle du jeu. Cela crée-t-il de l’émulation ?
C’est bien que des Français soient placés comme ça au général, même si ça m’encouragerait davantage s’ils étaient derrière moi au général ! En tout cas ça donne envie d’aller de l’avant. On se dit qu’ils sont un peu mieux, qu’il y a encore un petit truc à aller chercher. Avec l’entraînement, le sérieux, tout ça. On a parfois beau tout faire bien, il y a peut-être des petites choses à corriger, et ça fait la différence à l’arrivée. Sans le connaître plus que ça, un coureur comme Thibaut Pinot est quelqu’un que j’apprécie bien. Le peu que je lui parle, c’est un garçon attachant, vrai, ça me fait plaisir qu’il soit bien placé au général. J’aurais certes préféré être à sa place au général mais je suis très content pour lui.
Vous avez l’occasion de côtoyer Vincenzo Nibali dans le peloton, comment le sentez-vous ?
Il a l’air assez serein. Il dispose d’une équipe Astana très forte. Je le sens quand même bien parti pour remporter le Tour. Après, le Tour de France dépend de nombreux paramètres. Une chute, un pépin qui survient dans un final, et c’est tout de suite une ou deux minutes de perdues, ce qui est super important quand tu es leader. S’il les perdait, avec un coureur comme Richie Porte capable de faire de très bons chronos, attention à lui. Même Thibaut Pinot ! Franchement, s’il continue comme ça, il peut titiller le podium. Peut-être même mieux.
Propos recueillis à Saint-Etienne le 18 juillet 2014.