Brice, alors que le Tour est entré sur votre terrain de prédilection, on vous a vu dans l’imposant groupe des contre-attaquants hier vers Mulhouse. Racontez-nous…
J’étais devant, c’est que ça va pas si mal, mais j’avais mal aux pattes. J’étais en tout cas moins bien que samedi dans l’étape de Gérardmer. Malheureusement nous n’avons jamais pu rentrer sur un grand Tony Martin et nous sommes arrivés au sprint pour la 2ème place. Nous nous sommes regardés un peu et tout le monde n’a pas participé à la poursuite. C’est aussi ce qui a permis à Tony Martin d’aller au bout. Aujourd’hui, les choses s’annoncent bien compliquées mais il reste de nombreuses options, le but étant de faire encore un bon petit résultat. Si je peux me battre en haut de la Planche des Belles Filles avec les meilleurs ce sera super.
Tony Gallopin, présent dans votre groupe, s’est emparé du maillot jaune. En avez-vous parlé ensemble dans le courant de la journée ?
Oui, dès le départ Tony m’a demandé à combien j’étais exactement au général. Il savait que j’étais derrière lui mais il ne se rappelait plus de combien. Je l’ai rassuré en lui disant qu’il était bien devant moi et que si quelqu’un devait prendre le maillot jaune, ce serait lui. Il était sans équipier, sans quoi il aurait sans doute pu prendre davantage d’avance au général, ou tout du moins permis au groupe de rentrer sur Tony Martin. Je suis plutôt content que Tony Gallopin soit allé chercher le maillot jaune. C’est un gentil mec, un garçon agréable.
On est aujourd’hui 14 juillet, est-ce un jour différent des autres ?
Pas forcément. A vrai dire on n’y fait pas trop attention. A la limite c’est la seule journée sur le Tour où l’on sait vraiment quel jour on est quand le reste du temps je suis toujours à me le demander. La seule petite touche apportée par l’équipe, c’est un changement de casque avec les couleurs de la France. Juste pour cette occasion du 14 juillet.
Au sommet de la Planche des Belles Filles tout à l’heure, c’est la première journée de repos qui se dessinera. L’attendez-vous avec impatience ?
Oui, d’autant que ça va faire dix jours de vélo non stop, sans prologue ni chrono. Ce sont dix jours qui auront été difficiles, peut-être les plus difficiles d’un Tour de France. Il y a eu des chutes pour pas mal de coureurs, et même si j’y ai échappé l’organisme en a pris un sacré coup.
Quel sera le programme de cette première journée off ?
Pour moi, c’est déjà décidé : je ne toucherai pas au vélo. Je vais laisser reposer les jambes. Du vrai repos. Avec sieste, massage, coups de fil aux amis, ce qu’on ne prend pas trop le temps de faire d’ordinaire tant les journées passent vite. En tout cas je n’ai pas envie d’aller rouler. Je ne me pose pas trop de questions, je ne me demande pas si c’est bien ou non, je considère simplement qu’il faut laisser le corps se reposer complètement. Et pour la tête ça va faire du bien aussi. Si on est tout le temps sur le vélo ce n’est pas forcément bon non plus. On sort de dix jours non stop, tous en ligne, j’ai besoin de laisser le vélo de côté. Je marche comme ça aussi à la maison. Je ne suis pas tout le temps en train de vouloir monter sur mon vélo.
Vous fonctionnez sans entraîneur, pourquoi ce choix ?
Quand je suis chez moi, j’aime bien être tranquille et faire mon truc sans avoir à rendre de comptes, d’autant que je ne suis pas branché watts et compagnie. Quand on me dit ce que je dois faire, j’ai tendance à n’écouter qu’à moitié. J’ai du mal à écouter quelqu’un en fait. Bien souvent je prends et je laisse. Maintenant, dans l’équipe Bretagne-Séché Environnement, l’entraîneur Franck Renimel est quelqu’un de compétent. Il suit des coureurs comme Anthony Delaplace, qui est ici sur le Tour. Je crois sincèrement que c’est un bon entraîneur, il faut voir, peut-être que j’essaierai avec lui prochainement.
Les watts, comme vous dites, ça ne vous intéresse pas ?
Je cours plus à l’ancienne. Les capteurs de puissance, tout ça, ce sont des outils qui peuvent être intéressants mais je n’y prête pas attention. Je ne suis même pas du genre à regarder la moyenne que j’ai faite à la fin de ma sortie vélo. Une fois la sortie finie, je sais que j’ai travaillé, c’est suffisant. Je n’ai pas besoin d’analyser, comme certains cherchent à le faire sans rien changer derrière. Je n’ai pas de SRM, je ne l’utilise pas, et c’est bien comme ça.
Propos recueillis à Mulhouse le 14 juillet 2014.