Brice, vous avez laissé derrière vous l’étape dantesque d’Arenberg. Comment l’avez-vous vécue ?
Disons que je suis content d’en avoir fini avec elle. Ça ne s’est pas trop mal passé pour moi comme pour le reste de l’équipe. Il n’y a pas eu de dégâts à signaler, pas de chute si ce n’est celle de Benoît Jarrier. Je nourris toutefois une petite déception car nous avons entamé le premier secteur mal placés du fait d’une chute survenue quelques kilomètres plus tôt. C’est dommage car j’ai bataillé sur les 60 premiers kilomètres en cherchant un bon placement, mais j’ai rétrogradé à cause de ça. Je m’en veux un petit peu car j’avais de bonnes jambes et je pense que j’avais les moyens d’être mieux placé à l’arrivée.
Les pavés sur le Tour de France, vous ne connaissiez pas. Après coup, diriez-vous qu’ils ont leur place sur une épreuve comme celle-là ?
On voit que ceux qui s’en sortent pas trop mal ne disent rien. Ceux en revanche qui ont perdu du temps sur ces secteurs, comme Frank Schleck qui a terminé avec moi, doivent peut-être l’avoir mauvaise. Il en avait déjà fait les frais en 2010, il fait à nouveau partie des déçus. Il était difficile de prévoir que cette étape-là se disputerait dans de telles conditions. Il est évident que sous le beau temps les choses auraient été complètement différentes. C’est la course, il faut faire avec ce qu’on nous propose.
Quand on vit une étape de guerriers telle que celle-ci, a-t-on le sentiment de rentrer dans la légende en appartenant à une étape dont on reparlera longtemps encore ?
C’est certain qu’il s’agissait d’une étape qui sort de l’ordinaire. Des étapes de montagne il y en a de belles, et tous les ans, tandis que des pavés ça reste particulier sur le Tour de France. On en a une tous les cinq ans environ. Lars Boom pourra dire qu’il a gagné cette étape assez atypique. Nous, les autres, serions davantage rentrés dans la légende si nous avions levé les bras !
Après l’étape des pavés, en quoi le massage après la course a-t-il été différent des autres jours ?
Le massage du dos a été un peu plus prononcé. En règle générale, on demande à ce qu’on soit massé au niveau du dos, ce qui est fait, mais normalement il est moins meurtri qu’après une étape comme celle que nous avons vécue hier. Le lendemain d’une étape sur les pavés, quand on regarde nos mains, on a toujours les doigts un peu plus gonflés aussi. Mais les assistants ne vont pas jusqu’à nous masser les doigts tout de même !
Après les efforts consentis sur les secteurs pavés, comment réagit le corps au réveil ?
Je n’ai pas observé de grosse différence. Hier, c’est sûr qu’il s’agissait d’une étape différente des autres jours mais une étape comme celle qu’on a pu avoir dimanche dernier vers Sheffield, avec de vrais bons talus, a fait autant mal. J’étais certainement plus courbaturé dimanche soir après la deuxième étape qu’après cette étape d’Arenberg. Une fois que l’organisme est vraiment en route, les choses sont différentes. Et puis tant qu’on ne chute pas, on s’épargne des courbatures qui se ressentiraient de partout.
Les positions étant déjà bien établies au classement général, peut-on concevoir que les étapes à venir, avant les Vosges, laisseront davantage de libertés à une échappée au long cours ?
Si une échappée doit aller au bout en première semaine, je pense que ça pourrait être aujourd’hui. Réponse ce soir.
Propos recueillis à Arras le 10 juillet 2014.