Tous les deux jours, à l’occasion de sa quatrième participation au Tour de France, dont il avait remporté une étape à Andorre-Arcalis en 2009, Brice Feillu (Bretagne-Séché Environnement) nous confie son journal de bord.
Brice, comment avez-vous vécu la première étape du Tour de France entre Leeds et Harrogate ?
La première étape du Tour de France, on l’appréhende tous. Mine de rien il n’y a pas eu beaucoup de chutes, si ce n’est celle de Mikaël Chérel, que je suis allé voir et qui a peut-être un truc de pété, et celle de l’arrivée, qui était à prévoir. L’arrivée était quand même belle, sur un beau boulevard, mais ça frotte beaucoup. Toute la journée ça a frotté, ça a été très usant.
Quelles ont été vos sensations ?
J’étais correct sans être formidable. J’ai malgré tout bien failli me faire avoir avec plusieurs gars de l’équipe dans la côte de Buttertubs. Sur le haut de la bosse, on s’est retrouvé tassés, on a même mis pied à terre. J’avais percé quelques kilomètres plus tôt et je me suis rendu compte dans la bosse que ma roue était légèrement décentrée. J’ai profité de poser pied à terre pour la recentrer, mais c’est toujours une vingtaine de places de perdues. J’ai tâché d’oublier cet épisode. De là j’ai essayé de bien me placer. Ça roulait moins vite dans les 50 derniers kilomètres. Quoi qu’il en soit ça a été une journée très usante.
Renforcée par le vent de côté ?
En fait, ça tourbillonnait pas mal, on ne savait pas trop d’où venait le vent finalement. Le parcours sur la carte n’en donne pas forcément l’impression mais on a aussi changé pas mal de direction. Il a été rare que l’on soit sur de grandes lignes droites. Demain, ça s’annonce encore plus casse-pattes, je pense qu’il faudra être davantage devant.
Benoît Jarrier a accompagné la bonne échappée. Il a suivi à la lettre les consignes du briefing ?
Benoît Jarrier a fait les choses comme il fallait en prenant la bonne échappée et en passant en tête en haut de la première côte. Ils étaient trois avec Jens Voigt, qui n’est pas tombé de la dernière pluie, et Nicolas Edet. Jens, on le connaît. On le sait fort aussi. C’est dommage quand même car en apprenant que Benoît avait gagné le premier grimpeur, on s’est dit derrière que ça allait sûrement le faire. On s’est réjouis un peu vite, même si je sais qu’à la pédale il avait les ressources pour avoir Voigt.
De votre côté, vous l’évoquiez, vous avez crevé sur des routes étroites. On vous a vu insister, quitte à jouer les équilibristes, pour être dépanné sur une route s’y prêtant davantage…
C’était un peu risqué. Il m’est arrivé de percer et de rester plus au contact du peloton. Mais là je roulais carrément sur la jante. Je me suis écarté pour ne faire courir de risque à personne. J’ai préféré lever le pied, le but du jeu étant de continuer à pédaler pour que la voiture monte un maximum.
Comment avez-vous vécu l’ambiance de cette première étape ?
Les spectateurs ont été vraiment nombreux toute la journée, ça nous a bourdonné dans les oreilles. Mais ça fait du bien, ça donne du baume au cœur. C’était vraiment super. J’espère qu’on ne deviendra pas sourd à cause de tout ça mais ce sont de bonnes choses !
A quelles routes rapprocheriez-vous celles que vous avez découvertes aujourd’hui ?
Ici, c’est la Grande-Bretagne. Et en France, mine de rien, la Bretagne est assez similaire. C’est également très joli. Amis Français, si vous voulez rouler dans de beaux petits coins semblables à ceux que vous avez pu voir à la télé aujourd’hui, n’allez pas forcément si loin, restez chez nous en France et allez en Bretagne !
Par quoi passe la récupération sur le Tour de France ?
On ne change pas tellement les choses par rapport à une course comme Paris-Nice ou une autre grande épreuve du calendrier. On va rentrer à l’hôtel, et ce sera le massage, qui va intervenir relativement vite, chaque assistant n’ayant que deux coureurs à masser. Après, ce sera repas, coup de téléphone à la famille, et dodo.
Propos recueillis à Harrogate le 5 juillet 2014.