Anthony, vous êtes tombé vendredi vers Metz et avez quitté le Tour samedi sur blessure, comment allez-vous ?
Pas vraiment bien en fait. Je suis rentré hier soir à la maison. Cette nuit, j’ai mal dormi. J’ai vomi, j’ai de la fièvre et j’ai été pris de tremblements. J’ai passé ma journée à dormir. Le seul repas que j’ai pris, c’est tout à l’heure, une simple assiette de riz. Je pense que c’est lié au contrecoup de l’abandon, à la fatigue, et aussi au fait que le soir de ma chute je n’avais pas dormi de la nuit. Malgré tout, ça va aller mieux. J’ai vu mon chirurgien aujourd’hui. A cause de la fièvre, l’opération qui était prévue demain matin est remise à plus tard, le mercredi 18 juillet. Il faut que la fièvre retombe parce qu’il va quand même y avoir une anesthésie locale.
De quoi serez-vous opéré précisément ?
Du scaphoïde d’une part, et du radius d’autre part. On va me poser une vis à chacun des os pour les consolider. C’est moi qui ai pris le parti de me faire opérer. Sinon, c’était deux ou trois mois d’immobilisation alors que là, si les ligaments ne sont pas touchés, j’en aurai pour trois semaines avec un plâtre en résine. Au total, ça fera quatre semaines d’immobilisation, sachant que je pourrai faire évidemment du home-trainer. Je ne vais donc pas perdre de masse musculaire. Ça aurait pu être plus grave, je relativise.
En dépit de vos fractures, vous avez pris le départ samedi. Qu’est-ce qui vous a poussé à abandonner ?
Dès le départ fictif, j’ai senti que ça ne passerait pas. Vendredi soir, deux fractures avaient été décelées à l’hôpital de Nancy. Les chirurgiens m’avaient dit qu’avec un plâtre en résine, ce n’était pas dangereux en soi. Comme c’est le Tour de France, je ne voulais pas avoir de regrets et j’ai décidé de prendre le départ malgré tout. Je ne voulais pas abandonner comme ça. J’ai dû me rendre très vite à l’évidence. J’arrivais à peine à freiner de l’avant. C’était dangereux pour moi, évidemment, et pour les autres. Dès que ça a mis en route, j’ai décroché et Stéphane Heulot m’a demandé d’abandonner.
Qu’est-ce qui est finalement le plus difficile dans votre situation : abandonner le Tour, quitter ses coéquipiers ou devoir mettre une « parenthèse » à sa carrière ?
Le plus difficile, ça a été de monter dans la voiture. Là, j’ai pleuré. J’étais en condition, c’est forcément une très grosse déception. Et quand je vois des journées comme aujourd’hui, là je me rends compte vraiment que je ne suis plus sur le Tour, que je ne suis plus sur la course, et ça fait mal parce que je sais que j’y jouais gros. Malgré tout, il faut savoir rebondir. J’ai tenu à rester avec l’équipe samedi soir. J’ai mangé avec eux. On est une bande de copains et ce n’est pas facile de se quitter. Et puis je me dit que j’ai 23 ans, des occasions de revenir sur le Tour de France, j’en aurai d’autres.
Avez-vous regardé l’étape du jour ?
En fait non parce que j’ai dormi jusqu’à 17h30.
A partir de mercredi, c’est votre coéquipier Jean-Marc Marino qui nous livrera son journal de bord. Que pouvez-vous nous en dire ?
La Marine, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Il n’est jamais stressé, heureux de vivre. Enfin jamais stressé, pas tout à fait. C’est son premier Tour de France et au départ du prologue il avait du mal à cacher son stress mais il y en avait un peu. La Marine, c’est quelqu’un qui tire le groupe vers le haut constamment. C’est bien de l’avoir choisi, il peut faire quelque chose et au moins il sera plus rigolo que moi ! Sur une étape comme Limoux-Foix, il peut jouer sa carte personnelle. En tant qu’équipier, c’est un super atout pour Jérôme Coppel, pour le replacer au pied des cols, un peu comme Julien Simon. On peut dire qu’un gars comme ça, c’est un super équipier. Il ne pense jamais à lui, et on a même parfois tendance à lui dire de penser un peu à lui.
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Propos recueillis le 9 juillet 2012.