Tous les deux jours, Anthony Delaplace (Saur-Sojasun) nous ouvre son journal de bord à travers une interview. Sensations personnelles, atmosphère dans l’équipe, il est notre témoin privilégié au cœur du peloton du Tour de France.
Anthony, comment s’est passée la journée vers Boulogne-sur-Mer ?
Ça a été une journée vraiment compliquée. Comme tous les ans sur le Tour, la première semaine regorge de chutes. Vers Boulogne c’était nerveux avec les bosses et les changements de direction. Du coup, ça a chuté toute la journée. Jérôme Coppel a été pris dans une chute. Heureusement on a réussi à le ramener à temps. Il a de nouveau chuté à 300 mètres mais sans perdre de temps grâce au règlement. C’est l’essentiel.
Vous avez terminé dans le groupe Voeckler/Gilbert à 7’27 », êtes-vous tombé ?
Non, il y a juste un coureur qui a tapé à l’arrière du vélo, du coup j’ai fini les 30 derniers kilomètres avec le dérailleur cassé. Je ne pouvais plus changer de pignon. Dans les bosses, j’étais sur le 11 dents ! J’ai fait une petite séance de force dans ces 30 derniers kilomètres, ça devenait pénible pour finir !
Qu’est-ce qui a rendu le peloton si nerveux ?
Le vent d’abord. Ensuite tout le monde voulait être placé. C’était assez tendu, avec des coups de patin, beaucoup de changements de direction. Ça y fait aussi. On passait de routes larges à des routes étroites, c’est ça qui a fait qu’il y a eu beaucoup de chutes. Sur ces routes, tout le monde voulait remonter ses leaders pour qu’ils soient bien placés dans les 30 derniers kilomètres, du coup c’était hyper nerveux.
Il y avait finalement de gros risques de perdre le Tour sur une telle étape…
C’est sûr ! Nous avons la chance de n’avoir rien perdu, c’est le principal. Jérôme est confiant pour la suite. Nous, nous sommes tous derrière lui. On espère qu’il passera la première journée sans chute, c’est l’essentiel pour l’instant.
L’inquiétude, c’est Brice Feillu ?
Oui, ça allait un peu mieux aujourd’hui mais il souffre toujours de sa gastro. Ce n’est pas évident pour lui, il a lâché assez tôt. Sur une étape nerveuse comme celle-ci, ça a été plus compliqué pour lui de récupérer.
De votre côté, comment sont les jambes ?
Lundi, dans l’étape de Tournai, j’ai pu faire mon boulot, ça allait pas trop mal au lendemain de mon échappée. Mais vers Boulogne, j’avais les jambes dures. Je n’étais pas saignant. Et avec ma casse de dérailleur, je n’ai pas pu vraiment aider dans le final.
Comment voyez-vous l’étape du jour, sur laquelle ça risque de bordurer en bord de mer ?
Je pense que ça va être compliqué encore toute la journée. Il va falloir éviter les chutes et essayer de rester placés avec Jérôme Coppel, ce qui reste notre objectif.
Propos recueillis à Boulogne-sur-Mer le 3 juillet 2012.