Il règne comme un parfum de classique ce matin alors que le Giro poursuit sa route vers les Alpes, qu’il atteindra ce week-end pour deux journées intenses du côté d’Oropa (18,4 km à 6,2 %) et du Plan de Montecampione (18,7 km à 7,8 %). 249 kilomètres sont au programme de l’étape la plus longue de l’édition 2014. Une étape qui présente un faux air de Milan-San Remo. Au départ de Collecchio, dans les faubourgs de Parme, la course rose prend la direction de la côte ligure pour rejoindre Savone. Les images d’un peloton roulant sur ces routes si caractéristiques qui lèchent la mer ramèneront à la Primavera. Les capi en moins, un col en plus, puisqu’il s’agira de gravir le col de Naso di Gatto (7,2 km à 8 %) à un peu moins de 30 kilomètres de l’arrivée. Une véritable invitation lancée aujourd’hui à l’attention des baroudeurs.
Ce matin, la consigne est quasiment la même partout : il faut accrocher la bonne échappée car les chances qu’elle aille au bout sont palpables. D’autant plus à la veille du premier contre-la-montre individuel, sur 41,9 kilomètres entre Barbaresco et Barolo, qui laisse supposer que les favoris adopteront une attitude modérée vers Savone. Mais parce que toutes les équipes veulent glisser un gars devant, on trouve toujours une formation mécontente pour rouler après les différentes tentatives d’échappée qui se succèdent à la sortie de l’agglomération parmesane. Aussi, c’est à près de 50 à l’heure de moyenne sur la première heure que le peloton se présente au pied du Passo Cento Croci, la première difficulté du jour. C’est ici que l’échappée matinale va prendre forme, au kilomètre 65.
Quatorze coureurs composent celle que l’on croit être la bonne : Perrig Quémeneur, Romain Sicard et Björn Thurau (Team Europcar), Daniel Moreno et Eduard Vorganov (Team Katusha), Nicolas Roche et Ivan Rovny (Tinkoff-Saxo), Francesco Bongiorno (Bardiani-CSF), Phililp Deignan (Team Sky), Yonathan Monsalve (Neri Sottoli-Yellow Fluo), Moreno Moser (Cannondale), Francis Mourey (FDJ.fr), Jan Polanc (Lampre-Merida) et Georg Preidler (Giant-Shimano). Pourtant, il manque un élément à cette échappée pour qu’elle aille au bout de ses rêves : un représentant de l’équipe Androni Giocattoli, étonnamment passée à côté de son sujet. La formation italienne, qui prend très à cœur son rôle de dynamiseur du peloton, en est quitte pour rouler après les quatorze de tête, dont l’avance bute sur la barre des cinq minutes.
Rogers soigne son retour par une victoire d’étape et conforte l’extraordinaire réussite du cyclisme australien.
On roulera très vite toute la journée. Les efforts de l’équipe Androni Giocattoli sont partiellement payants. Si l’écart se réduit suffisamment pour emballer le peloton tout entier à l’approche du col de Naso di Gatto, mettant progressivement fin aux illusions des quatorze hommes de tête, l’équipe de Gianni Savio ne réussira pas à peser sur le final. C’est un coureur colombien, Julian Arredondo (Trek Factory Racing), qui va chercher à tirer profit de ce retournement de situation. Quand on imaginait ce matin que l’échappée matinale parviendrait à rejoindre Savone avant le peloton, un regroupement général se précise dans la montée du col. Le groupe de tête se dissout et Julian Arredondo, sorti en contre, rejoint et dépose un à un les survivants de l’échappée pour se retrouver seul en tête dans l’ascension de Naso di Gatto.
Au sommet, le porteur du maillot bleu de meilleur grimpeur, 3ème à Viggiano il y a une semaine et longuement échappé vers Sestola samedi avant que Pierre Rolland (Team Europcar) ne le rejoigne, conforte son avantage au classement de la montagne. Il bascule avec une trentaine de secondes d’avance sur un peloton encore suffisamment fourni mais délesté de ses meilleurs sprinteurs et de Diego Ulissi (Lampre-Merida), qui occupait ce matin encore la 7ème place du classement général et aurait pu convoiter une troisième victoire d’étape à Savone. Pierre Rolland et quelques autres auront bien essayé de faire bouger les choses sur le haut du col, mais le peloton n’étant pas loin tout se regroupe après le sommet, à 24 kilomètres de l’arrivée, avant que l’on ne bascule pour de bon dans la descente vers Savone. Ce n’est pourtant pas un sprint qui décidera du vainqueur de cette parfaite étape de transition menée tambour battant.
A 22 kilomètres de l’arrivée, en pleine descente, Michael Rogers (Tinkoff-Saxo) porte un démarrage. Les quelques mètres d’avance qu’il prend se muent en un rien de temps en décamètres puis en hectomètres. Le triple champion du monde du contre-la-montre, écarté des compétitions jusqu’au 27 avril dernier (il avait repris sur Liège-Bastogne-Liège) après être parvenu à démontrer son innocence dans le cas d’un contrôle positif au Clenbutérol, écrase ses pédales pour faire monter son avance à 40 secondes à 10 kilomètres du but. Si le peloton se rapprochera dans le final, Michael Rogers gardera de quoi soigner son retour par une victoire d’étape. De quoi aussi conforter l’extraordinaire réussite du cyclisme australien sur ce Giro que Cadel Evans (BMC Racing Team) domine toujours au classement général.
Demain jeudi, un contre-la-montre de 41,9 kilomètres départagera encore les favoris entre Barbaresco et Barolo.
Classement 11ème étape :
1. Michael Rogers (AUS, Tinkoff-Saxo) les 249 km en 5h48’07 » (42,9 km/h)
2. Simon Geschke (ALL, Giant-Shimano) à 10 sec.
3. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) m.t.
5. Gianluca Brambilla (ITA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
6. Moreno Moser (ITA, Cannondale) m.t.
7. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
8. Matteo Rabottini (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) m.t.
9. Fabio Duarte (COL, Colombia) m.t.
10. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
Classement général :
1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) en 48h39’04 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 57 sec.
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’10 »
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’20 »
5. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) à 1’31 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’39 »
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’44 »
8. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’45 »
9. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 1’49 »
10. Ivan Basso (ITA, Cannondale) à 2’01 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 220 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 196 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 156 pt
4. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 151 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 112 pt
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 79 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 66 pt
8. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 65 pt
9. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) 64 pt
10. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 58 pt
Classement de la montagne :
1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 75 pt
2. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 39 pt
3. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 26 pt
4. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) 20 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 15 pt
6. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) 15 pt
7. Björn Thurau (ALL, Team Europcar) 15 pt
8. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) 14 pt
9. Perrig Quémeneur (FRA, Team Europcar) 14 pt
10. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt
Classement des jeunes :
1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) en 48h40’14 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 29 sec.
3. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 34 sec.
4. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 35 sec.
5. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 4’54 »
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 10’33 »
7. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 24’03 »
8. Mikel Landa (ESP, Astana) à 24’32 »
9. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 26’23 »
10. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 26’28 »
Classement par équipes :
1. Omega Pharma-Quick Step (BEL) en 145h14’30 »
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 56 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 1’11 »
4. Astana (KAZ) à 14’05 »
5. Tinkoff-Saxo (DAN) à 16’05 »
6. Lampre-Merida (ITA) à 19’35 »
7. Movistar Team (ESP) à 21’24 »
8. Team Europcar (FRA) à 24’22 »
9. Colombia (COL) à 27’13 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 36’03 »