Ce n’est certes pas de l’or, ce métal auquel la France a pris goût sur les trois premiers jours de ces Championnats du Monde, mais cette médaille de bronze acquise par Julien Morice est hautement symbolique. Le professionnel du Team Europcar a redonné le sourire à tout un pan de la piste française qui restait dans l’ombre des sprinteurs depuis de trop nombreuses années : l’endurance et notamment la poursuite. Depuis les médaillés d’or des Jeux Olympiques 1996, la poursuite tricolore était bien triste. Il a fallu toute la conviction du nouveau DTN Vincent Jacquet qui s’est entouré de jeunes entraîneurs talentueux pour redonner de l’élan à une discipline trop longtemps délaissée.
Cela fait d’ailleurs dix-sept ans que les Tricolores n’avaient plus remporté de médaille en poursuite individuelle aux Mondiaux ! Aujourd’hui, Julien Morice a mis fin à cette triste disette en deux temps. Présent dans le quatuor qui a pulvérisé à deux reprises le record de France pour le porter sous les 4 minutes, le Breton est naturellement gagné par la confiance. Elle se manifeste dès les qualifications au niveau du chrono. Grâce à son temps de 4’19″684, le Vannetais a une occasion de batailler pour une médaille. Opposé à Alexander Serov, Julien Morice va donc crânement jouer sa chance.
A sa manière, il fera lui aussi vibrer le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines en prenant un départ ultrarapide. Avec une seconde d’avance à l’entame du dernier kilomètre, rien n’est encore acquis pour Julien Morice. Les derniers tours sont nettement plus difficiles à boucler, mais il assure l’essentiel en remportant son duel face au Russe pour 3 dixièmes.
Pour l’or, on aura là aussi droit à un scénario complètement invraisemblable. Le titre mondial doit, pour Jack Bobridge, être une session de rattrapage après son échec dans sa tentative de record de l’Heure. Il y a un peu moins d’un mois, l’Australien s’était montré trop orgueilleux en menant un rythme trop rapide durant les premières minutes avant de s’écrouler. Les leçons n’ont visiblement pas été tirées de cet échec puisque c’est de la même manière qu’il voit la médaille d’or s’envoler ce soir ! Avec plus de trois secondes d’avance après 2000 mètres, la médaille d’or semble dans la poche de Jack Bobridge. Mais l’Australien baisse de régime et se retrouve finalement battu par Stefan Küng qui poursuit sa progression. 3ème en 2013 et 2ème l’an dernier, le Suisse goûte à l’or mondial pour la première fois.
Scratch Dames. Pendant quelques minutes, la France a eu non pas une, mais deux médailles de bronze. Pascale Jeuland sur le scratch dames aurait effectivement pu apporter une cinquième breloque au clan français. Elle franchit bel et bien la ligne en troisième position du scratch mais la joie est de courte durée. Des réclamations sont déposées à l’encontre de la Française. Les commissaires estiment que l’ancienne championne du monde de la discipline a changé de ligne de façon irrégulière dans le sprint final. La Bretonne est donc déclassée au profit d’Allison Beveridge.
En revanche pas de contestation possible pour la victoire. Kirsten Wild, qui a fait l’impasse sur le Tour du Qatar pour se préparer pour ces Mondiaux mène le sprint de façon magistrale. En tête à un tour et demi de la fin, la Néerlandaise contient le retour de l’Australienne Amy Curve pour s’emparer du titre mondial.
Omnium Messieurs. On aurait également pu attendre une médaille de Thomas Boudat, mais le Bordelais doit laisser filer son titre. Le pensionnaire du Team Europcar n’a pas vécu une deuxième journée de tout repos. Après un bon kilomètre (7ème), le champion du monde a sorti un tour lancé moyen (13ème). La course aux points qui aurait dû constituer son point fort ne lui a guère souri, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Beaucoup trop surveillé, Thomas Boudat n’a pas pu tirer son épingle du jeu dans cette épreuve très tactique. Il conclut donc cet omnium au 8ème rang. Le Colombien Fernando Gaviria, révélation du Tour de San Luis, lui succède dans le maillot arc-en-ciel.
Vitesse individuelle Messieurs. L’autre événement de la journée, c’était le début du tournoi de vitesse. Les Français étaient bien représentés avec quatre concurrents (Grégory Baugé, Michaël D’Almeida, Quentin Lafargue et François Pervis) et les premiers tours ont été bien négociés par les Tricolores. Mention très bien à Grégory Baugé et Quentin Lafargue, respectivement 2ème et 6ème des qualifications et qui n’ont pas perdu le moindre match pour le moment. Mention passable à François Pervis qui, 7ème des qualifications, a dû passer par les repêchages après sa défaite en 1/8èmes face à Quentin Lafargue. Le match à trois était relevé puisque le Mayennais retrouvait Michaël D’Almeida et Stefan Boetticher, mais il sort vainqueur de cette confrontation. Le voilà encore en piste pour un nouveau triplé historique. Pour atteindre le dernier carré, François Pervis devra se débarrasser de… Grégory Baugé ! Ça promet !
Vitesse individuelle Dames. En attendant le verdict de la vitesse individuelle des messieurs, les dames en finissaient quant à elles avec leur tournoi. Et comme l’an dernier, l’Allemande Kristina Vogel en sort vainqueur. Son parcours a pourtant été semé d’embûches. Battue dans la première manche de sa demi-finale face à la Chinoise Tianshi Zhong, la championne du monde sortante doit disputer une troisième manche pour atteindre la finale. Opposée à Elis Ligtlee, elle se fait une nouvelle frayeur en chutant dans la première manche. Heureusement, elle se rétablit et, une fois le match rejoué, elle l’emporte pour… un millième de seconde ! La deuxième manche est plus simple à négocier et elle retrouve donc ce maillot arc-en-ciel.
Omnium Dames. 2ème de l’élimination, la Néerlandaise Kirsten Wild vire en tête à mi-parcours de l’omnium. Championne du monde du scratch, elle devance de quatre points Annette Edmondson et de six points Laura Trott. Ancienne lauréate de la Coupe du Monde de la discipline, Laurie Berthon occupe une triste 17ème place. Il reste trois épreuves demain : le 500 mètres, le tour lancé et la course aux points.
Les champions du monde :
• poursuite individuelle Messieurs : Stefan Küng (SUI)
• omnium Messieurs : Fernando Gaviria (COL)
• scratch Dames : Kirsten Wild (PBS)
• vitesse individuelle Dames : Kristina Vogel (ALL)