Dans trois semaines, Lannilis aura trouvé ses nouveaux rois. Un amateur, une femme et un professionnel auront le privilège, l’honneur, de porter le temps d’une année le fameux maillot bleu-blanc-rouge, qu’ils sont nombreux à convoiter. Mais ce maillot tricolore, ce titre qui glorifie une carrière et rend populaire les anonymes qui auront réalisé la course de leur vie, ne s’obtient pas par hasard. Car plus que sur une course banale, un Championnat de France est une guerre d’une centaine de kilomètres, qui ne récompense pas forcément le plus fort au final, mais sûrement le plus téméraire, audacieux, courageux. Quentin Arbonnier, coureur au VC Corbas, confirme : « c’est le point culminant d’une saison, et le rêve de tout coureur. C’est l’une des seules courses où tout le monde est censé être à 110 % de ses capacités. »
Ce qui sera différent des autres années, c’est le parcours, tracé par Jean-Paul Mellouët, et qui offre sa chance à tous. En 2011, le circuit de Boulogne-sur-Mer était fait pour les puncheurs-grimpeurs. En 2012, l’arrivée de Saint-Amand-les-Eaux était promise aux sprinteurs. Alors que cette année, sur le circuit des trois ponts, tout le monde peut se prendre à rêver. Au final, on ne retiendra que trois noms, ceux des premiers, qui resteront inscrits au palmarès. Qui succèdera à Jimmy Raibaud, Marion Rousse et Nacer Bouhanni ? Mais gare à trop vite pronostiquer le futur vainqueur car chaque année, le Championnat de France offre son lot de surprises. A jour spécial, acteur spécial, et ce n’est pas Jean-Christophe Péraud ou encore Dimitri Champion qui diront le contraire. Ce fameux jour est une occasion de se révéler au grand jour, de se montrer au public, et que les passionnés retiennent enfin votre nom.
Tout cela prend une tout autre ampleur quand cet événement s’installe le temps d’une semaine en Bretagne. La Bretagne, une région que l’on connaît de par sa passion de ce magnifique sport qu’est le cyclisme. Un berceau de coureurs qui ont écrit les plus belles pages du vélo français voire international. Cette 101ème édition sera forcément inédite, grâce au fameux ribin que l’on retrouve après le franchissement du pont de l’Aber Wrach’. Un chemin de pierre que beaucoup d’équipes redoutent, et qui sera sans doute décisif. N’oublions pas non plus le fameux vent breton, qui à lui tout seul est un acteur suffisamment imposant pour empêcher la victoire de nombreux coureurs.
Alors oui, dans trois semaines, la planète du vélo pourra fêter ses trois nouvelles têtes d’affiches, ses représentants à l’échelle internationale. Mais cette année aura un petit goût d’inédit, de spectaculaire, de breton. Car ils seront des milliers de spectateurs, des centaines de caravanes, de drapeaux gwen-ha-du, présents pour ces trois jours, que beaucoup de passionnés souhaitent vivre au moins une fois dans leur vie. La petite ville de Lannilis est fin prête pour recevoir ce beau monde, et faire de ces trois jours une véritable fête. La fête d’un sport, d’une région, et de trois futurs champions. – Mathilde L’Azou