Yoann Offredo. C’était gonflé de sa part. Pourtant, c’est sans le moindre complexe d’infériorité que Yoann Offredo (Française des Jeux), entre la Cipressa et le Poggio, a attaqué le groupe des favoris hier à 16 kilomètres de l’arrivée de Milan-San Remo. « La Cipressa m’a débloqué, a-t-il confié au micro de RMC. Je me suis dit que j’avais les bonnes jambes, alors pourquoi ne pas essayer. L’objectif était de passer le Poggio. Là, j’ai surtout pensé à gérer mon effort. On ne se dit pas qu’on est à Milan-San Remo. On se dit qu’on a une chance de faire quelque chose de bien sur cette course. On espère d’abord basculer avec le peloton, puis ensuite avec la tête de peloton et enfin on se dit qu’on peut basculer tout seul. Finalement, je bascule avec le peloton. Ce sera pour une autre fois ! » Rejoint à quelques hectomètres du sommet du Poggio, Yoann Offredo aura laissé une belle impression. Il entend maintenant être protégé sur les prochaines classiques.
Filippo Pozzato. Des favoris de Milan-San Remo, le champion d’Italie Filippo Pozzato (Team Katusha) aura probablement été le plus offensif hier. Son équipe a mis à profit chacune des ascensions, dès le Passo del Turchino, pour durcir la course. Et, dans le final, Pozzato a été de tous les bons coups, franchissant le Poggio en tête sans avoir toutefois pu faire la différence. Une dernière attaque à 2 kilomètres du but, au terme de la descente, a également avorté. « C’était la dernière opportunité pour essayer, a expliqué l’Italien. Je voulais faire le break un peu plus près de la ligne d’arrivée mais j’ai senti le bon moment à la fin de la descente. Dans le Poggio, il y avait du vent de face et je n’ai pas pu faire la différence. Tant pis, je ressaierai une autre fois ! Compliment à Freire, je pense que le plus fort l’a emporté. »
Sacha Modolo. Derrière Freire, Boonen et Petacchi, c’est un coureur inconnu du grand public qui a pris la 4ème place de Milan-San Remo. Agé de 22 ans, Sacha Modolo (Colnago-CSF Inox) a signé la plus belle performance de sa jeune carrière, lui qui venait de prendre la troisième place de l’étape finale de Tirreno-Adriatico. « Après la chute dans le Turchino, toute l’équipe s’est fait piéger dans le second peloton à poursuivre le premier groupe, a raconté le jeune homme. Une fois rentrés, j’ai cherché à rester au plus près de Boonen, Freire et Bennati. Je me suis senti un peu fatigué dans la Cipressa, quand s’est faite la grande sélection. Sur le Poggio par contre, je suis resté en retrait mais je me suis senti mieux. Dans le final, j’étais dans les roues de Freire et Boonen mais j’ai plus pensé à me calmer qu’à me battre pour garder ma position. Je le regrette un peu car j’ai perdu des places et j’ai dû sprinter de plus loin. Sans quoi… »
3 questions à… Oscar Freire (Rabobank)
Trois titres de champion du monde et maintenant trois victoires dans Milan-San Remo. A 34 ans, Oscar Freire (Rabobank) demeure l’un des grands noms du peloton. Il revient aujourd’hui sur son troisième sacre dans la Primavera, avant de poursuivre sa route sur Gand-Wevelgem dimanche prochain, puis au Tour du Pays Basque (5 au 10 avril), à la Flèche Brabançonne (14 avril) et sur les trois classiques ardennaises.
Oscar, comment avez-vous négocié cette édition de Milan-San Remo ?
Milan-San Remo est toujours une course éprouvante. Cette année la pluie l’a rendue encore plus pénible. En plus, le peloton s’est scindé à mi-course. Je me suis retrouvé dans un groupe attardé avec une quarantaine de coureurs et seulement deux équipiers à mes côtés. Heureusement, d’autres gars sont revenus de l’arrière un peu plus tard et nous avons pu rentrer sur le peloton. Dans le final, c’est toujours très dur mais j’ai pu me maintenir devant. Liquigas était clairement soudée autour de Bennati. Je l’ai gardé à l’œil et j’ai choisi de prendre sa roue dans les deux derniers kilomètres. Je me suis alors senti très fort.
Avec cette victoire dans Milan-San Remo, on peut dire que l’année 2010 commence fort pour vous ?
Oui, certainement. C’est ma quatrième victoire de l’année (NDLR : après le Trophée Cala Millor et deux étapes de la Ruta del Sol). L’année dernière avait mal commencé avec ma chute au Tour de Californie, qui m’a longtemps perturbé. Mais chaque année est différente et celle-ci commence très bien. Dès le début, ma condition a été là. J’ai été un peu malade sur Tirreno-Adriatico, si bien que je n’ai pas voulu prendre trop de risques avant Milan-San Remo. Je ne me suis pas trop testé avant. Le test le plus important, c’était sur la classicissima. J’espère maintenant que la forme va se maintenir.
Trois victoires dans Milan-San Remo, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
C’est très fort. Milan-San Remo est une course particulière, pas seulement pour moi mais pour tout le monde. Seuls les grands noms s’inscrivent à son palmarès et tout le monde voudrait y voir le sien. En outre c’est la première course importante de la saison. Si tu gagnes ici, c’est bon signe pour la suite. L’avoir gagné trois fois me rend très fier. Je veux y revenir l’an prochain. Après mon année 2009 gâchée par une chute, je me demandais si je pouvais encore gagner. J’en ai maintenant la certitude alors je continuerai en 2011.