3 questions à… Arnaud Démare (FDJ)
Arnaud, après une saison 2015 difficile vous revenez à votre meilleur niveau en remportant Milan-San Remo.
C’est la plus belle que j’ai pu remporter. C’était mon jour. Avec tout ce qui m’est arrivé, je n’aurais pas cru pouvoir l’emporter. Je reviens de très loin avec une chute avant la Cipressa. Mais j’étais très costaud dans la montée.
Croyiez-vous encore à la victoire à cet endroit ?
Non, j’ai baissé les bras. La voiture du directeur sportif m’a doublé. On m’a dit de ne pas m’inquiéter, que je pouvais rentrer avec le groupe de Michael Matthews qui était derrière moi. Je me suis accroché à leurs roues. Ils ont monté très fort la Cipressa. J’ai retrouvé William Bonnet et Matthieu Ladagnous qui ont fait le tempo, puis Ignatas Konovalovas et Kevin Reza dans la descente. Le gros boulot qu’ils ont fait m’a permis de revenir au pied du Poggio.
Le gros effort que vous avez dû fournir ne vous a-t-il pas pénalisé ?
A ce moment, je croyais que j’avais déjà usé d’énormément d’énergie. Je me suis mis en retrait dans la montée en voulant me cacher au maximum. Je bascule assez loin au sommet. Il me restait deux kilomètres pour me replacer rapidement et jouer la gagne. Il y a des jours où tout vous sourit. L’an dernier, ce n’était pas une année pour moi. J’ai connu énormément de pépins. Je ne doutais pas de ma progression. Cette victoire, c’est le fruit de deux ans de travail.
Matteo Tossato. Arnaud Démare s’est-il accroché à une voiture dans la montée de la Cipressa pour rentrer sur le peloton suite à sa chute ? Ce ce qu’affirme Matteo Tossato (Tinkoff). Les accusations de l’Italien sont lourdes. Il s’en est expliqué dans la Gazzetta dello Sport. « Dans la montée il roulait deux fois plus vite que nous, affirme le vétéran italien. Je n’ai pas vu s’il était à la fenêtre de la voiture de l’équipe ou s’il a été remonté à l’aide d’un bidon-collé. Sans cette aide, il n’aurait jamais gagné. » Les accusations de Tossato ont été corroborées par son compatriote Eros Capecchi (Astana). « Démare est passé à 80 km/h dans la montée. Je n’avais jamais vu ça auparavant. J’étais dans la roue de Tosatto et je l’ai vu clairement. Démare était accroché sur la droite de la voiture de l’équipe. » Ni le coureur ni l’équipe FDJ n’ont réagi à ces accusations.
Nacer Bouhanni. Calé dans la roue de Greg Van Avermaet alors que le sprint était lancé à 250 mètres de l’arrivée de Milan-San Remo, Nacer Bouhanni (Cofidis) semblait prêt à bondir pour cueillir la Primavera. Mais le Vosgien n’a pas pu lancer son sprint comme il l’entendait, gêné par un saut de chaîne. Vert de rage après avoir franchi la ligne en 4ème position, l’ancien champion de France a jeté violemment au sol la machine responsable de sa faillite, avant de se réfugier dans le bus de son équipe. « C’est le rêve qui tourne au cauchemar, résume pour lui son manager Yvon Sanquer à L’Equipe. Nacer est complètement abattu. C’est tout le travail, des sacrifices qui s’envolent en fumée. Quand ça se joue à la pédale, on peut trouver des explications, mais là… C’est encore plus dur que l’année dernière aux Championnats de France. »
Fernando Gaviria. Fernando Gaviria (Etixx-Quick Step) aura maîtrisé à la perfection son premier Milan-San Remo jusqu’aux 400 derniers mètres. La chute qu’il provoque anéantit ses espoirs de victoire. « C’est de ma faute, lâche le double champion du monde de l’omnium. J’étais en parfaite position. J’ai manqué de concentration pendant deux petites secondes. Je commençais alors à réfléchir à la stratégie de mon sprint et c’est alors que j’ai touché la roue de Greg Van Avermaet. Cela suffit à gâcher tout le travail de l’équipe. Mes sentiments sont mitigés. D’un côté, je sais que j’ai manqué une énorme opportunité. De l’autre, je suis content d’avoir pu négocier une course de 300 kilomètres en me sentant bien tout au long de la journée. Ce n’est pas une chute qui cause des dégâts, mais je pensais à cette course depuis le mois de janvier. »
Itinéraire. Quatre kilomètres de rab. Voilà ce qu’ont connu les coureurs de Milan-San Remo dont la distance a été portée de 291 à 295 kilomètres. Un glissement de terrain survenu dans la matinée d’hier entre Genova Voltri et Arenzano a obligé les organisateurs italiens à revoir à la hâte l’itinéraire qu’ils avaient prévu. Pour contourner la chaussée devenue logiquement impraticable, les coureurs ont donc été contraints de faire un léger détour de 4 kilomètres… par l’autoroute A10 ! Un changement de tracé qui n’a eu aucune incidence sur le déroulement de la course.
Alejandro Valverde. 15ème de Milan-San Remo hier et 18ème de Tirreno-Adriatico, Alejandro Valverde (Movistar Team) ne sera plus aperçu en compétition avant le mois prochain. D’ici au Tour de Castille-et-Léon (15-17 avril), le champion d’Espagne multipliera les stages pour aborder du mieux possible le Tour d’Italie qu’il découvrira. Ce changement de programme n’est pas sans conséquence. Lui qui devait se rendre au GP E3 et au Tour des Flandres ne fera finalement pas son apprentissage des classiques flandriennes. Dans les faits, le Murcien ne courra que très peu d’ici au départ du Tour d’Italie le 6 mai prochain. En dehors du Tour de Castille-et-Léon qui marquera sa reprise, Alejandro Valverde a confirmé qu’il irait défendre ses titres sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège les 20 et 24 avril prochains.